Eglises d'Asie

Orissa (suite) : les violences se poursuivant, les responsables de l’Eglise catholique demandent l’intervention des forces fédérales

Publié le 18/03/2010




« Les violences se poursuivent », a déclaré le porte-parole de la Conférence des évêques catholiques de l’Inde à New Delhi le 28 août. Au sujet des violences antichrétiennes qui ont éclaté il y a cinq jours dans l’Etat de l’Orissa (1), le P. Babu Joseph a précisé qu’« au moins 14 personnes, la plupart chrétiennes, ont trouvé la mort ».

La situation reste « tendue » et les chrétiens dans les districts où sévissent des émeutiers hindouistes « vivent dans la peur et la crainte ». Il a ajouté qu’une délégation de responsables catholiques et protestants allait être reçue par le Premier ministre Manmohan Singh pour demander le déploiement de troupes fédérales dans les régions affectées par les troubles.

 

La veille, les évêques avaient publié une liste de biens de chrétiens détruits par les extrémistes hindous. Quarante-et-un lieux de culte, quatre couvents, onze institutions chrétiennes ainsi que 17 maisons ont été détruits par les flammes. « Mais cette liste est incomplète. Rien que la nuit dernière un couvent et une maison ont été incendiés », a poursuivi le P. Babu Joseph, soulignant que l’ensemble des institutions chrétiennes en Orissa était mobilisé pour tenter de venir en aide aux chrétiens attaqués, des personnes « économiquement et socialement pauvres », issues pour la plupart des milieux dalits et aborigènes.

 

Selon les témoignages recueillis dans les districts les plus touchés, notamment celui de Kandhamal, des milliers de chrétiens ont trouvé refuge dans la forêt – de la jungle dans cette région –, où ils survivent sans aucun secours et dans un état d’abandon total. Les médias locaux rapportent que le gouvernement de l’Orissa a donné ordre à la police de tirer à vue et de recourir si nécessaire à des moyens létaux pour disperser les émeutiers. Pour les évêques, dans un communiqué du 27 août, il est toutefois clair que « les forces de l’ordre ne se montrent pas capables de contenir les éléments violents qui sont toujours libres d’agir à leur guise ».

 

Les réactions de l’Eglise catholique ne sont pas limitées à celles des responsables catholiques indiens. Sur les ondes de Radio Vatican, le nonce apostolique à New Delhi a dénoncé la politique des hindouistes visant à imposer une Inde hindoue à toute la nation indienne (2). « Derrière ces violences (contre les chrétiens) se trouvent des groupes fondamentalistes dont l’idéologie est liée à une matrice nazie. Leur objectif est d’imposer un Etat fondamentaliste et, dans certains Etats (de l’Union indienne), ils rencontrent un contexte favorable. C’est de là que la violence part », a expliqué Mgr Pedro Lopez Quintana. Au Vatican, le cardinal Jean-Louis Tauran, président du Conseil pontifical pour le dialogue interreligieux, a appelé la communauté internationale à faire pression sur le gouvernement indien afin d’assurer le respect des dispositions de la Constitution indienne relatives à la liberté religieuse. Enfin, le 28 août, le pape Benoît XVI a lancé un appel « aux responsables religieux et civils » de l’Inde pour qu’ils « travaillent ensemble à restaurer entre les membres des différentes communautés (de l’Inde) la coexistence pacifique et l’harmonie qui ont toujours été des traits distinctifs de la société indienne ».