Eglises d'Asie

Hung Hoa : au cours des inondations d’août, un jeune prêtre organise les secours et mobilise ses paroissiens

Publié le 18/03/2010




Les péripéties de la paroisse de Thai Ha occupant l’essentiel de l’actualité (1), certains événements non moins dramatiques sont restés dans l’ombre. Du 7 au 10 août derniers, des pluies d’une violence inhabituelle sont tombées sur dix provinces montagneuses du nord-est du Vietnam, provoquant de très importants dégâts en vies humaines et en biens matériels.

Selon les statistiques produites par la presse vietnamienne, 119 personnes ont perdu la vie, 45 sont considérées comme disparues, 86 ont été blessées, quelque 18 000 habitations ont été détruites et plus de 15 000 ha de récolte ont été emportés par les inondations.

Huit des provinces affectées par les inondations appartiennent au diocèse de Hung Hoa. Ce diocèse, qui s’étend sur le territoire montagneux du nord-est vietnamien aux frontières du Laos et de la Chine, a longtemps souffert d’une pénurie de prêtres l’empêchant d’envoyer des pasteurs aux communautés chrétiennes isolées et séparées les unes des autres par des distances considérables. Ce n’est que dans les années récentes, grâce à l’ordination d’un assez grand nombre de jeunes prêtres, que les paroisses couvrant parfois une province entière ont accueilli de jeunes desservants, souvent très dynamiques. C’est ainsi que le P. Michel Tran Van Thin, ordonné en 2001, a été chargé en janvier dernier d’une paroisse située dans la bourgade de Bao Dap, mais aussi de trois autres villages de la province de Yên Bai, une des provinces les plus touchées avec celle de Lao Cai par ces inondations. La communauté chrétienne date de 1964. Elle se compose de 3 000 fidèles, essentiellement des paysans pauvres, vivant au sein d’une population d’environ 30 000 habitants.

 

Le prêtre a déclaré à l’agence Ucanews que, durant cette période d’inondations – les plus catastrophiques depuis 40 ans –, il a estimé qu’il était de son devoir de protéger les vies et les biens des fidèles et d’inciter tout le monde à la solidarité (2). Dès que les eaux du Fleuve Rouge – le long duquel vivent la plupart de ses paroissiens dans des maisons de terre – ont commencé à monter, le P. Thin est allé informer les fidèles menacés et les a invités à gagner un endroit plus élevé. Grâce aux jeunes de son entourage, il a pu contribuer au déplacement d’environ 250 paysans. Pendant toute la période de l’inondation, du 7 au 13 août, ces derniers ont été accueillis par des familles épargnées par la montée des eaux et ont été nourris par la paroisse. Durant ce même temps, avec des volontaires, le prêtre a parcouru en bateau l’ensemble du territoire de sa paroisse, recouvert par les eaux du fleuve ; il a porté secours à un certain nombre de personnes qui n’avaient pas pu ou pas voulu quitter leur maison. Aussi, personne ne s’est noyé.

 

Les dégâts ont été très importants. Les maisons de terre au toit de paille ont été emportées ou détruites par les eaux, qui pouvaient atteindre deux à cinq mètres de hauteur. Celles-ci ont également emporté les récoltes, noyé les animaux domestiques et recouvert les champs de sable et de boue. Dès le début, le diocèse a débloqué une assistance d’urgence (pâtes alimentaires et une certaine somme d’argent pour chacun des sinistrés). Pour sa part, la paroisse a également fourni une importante contribution financière. Cependant, le jeune curé se félicite surtout d’avoir suscité, dans les quatre villages dont il a la charge, une mobilisation générale qui a poussé les personnes les moins touchées par l’inondation à aider celles qui avaient tout perdu.