Eglises d'Asie

L’Eglise catholique fait campagne contre un projet de loi sur la population et la santé reproductive

Publié le 18/03/2010




Le 9 septembre dernier, la Commission des lois de la Chambre des représentants a approuvé un projet de loi sur la population. Ce projet, déjà approuvé par la Commission pour la santé et celle pour la population et la famille, pourra donc être présenté en session plénière afin d’être débattu et éventuellement voté. Pour l’Eglise catholique des Philippines, ce texte est inutile et dangereux ; une campagne d’information et de mobilisation a été lancée afin d’inciter les législateurs à l’abandonner.

Le P. Melvin Castro, secrétaire de la Commission pour la famille de la Conférence des évêques catholiques des Philippines, explique que le projet de loi, intitulé « An Act Providing for a National Policy on Reproductive Health, Responsible Parenthood and Population Development and for Other Purposes », reprend et synthétise quatre lois votées ces dernières années sur des sujets tels que « la santé reproductive », « le droit des femmes à savoir » ou bien encore « la parentalité responsable et le développement de la population ». Le prêtre note que ces termes sont connotés et qu’évoquer la santé reproductive ou les droits en matière de reproduction n’est pas neutre ; ce sont en effet des mots utilisés par les agences de l’ONU ou les grandes ONG internationales pour « favoriser un accès universel à l’avortement ». Aux Philippines, l’avortement est un acte illégal, bien qu’il soit amplement pratiqué.

 

Le projet de loi présente parmi ses objectifs la prévention de l’avortement, le contrôle des maladies sexuellement transmissibles et du sida, la promotion de l’égalité entre « les genres » ou bien encore l’amélioration de la condition féminine. L’éducation sur « la santé reproductive » sera obligatoire pour les jeunes. Enfin, bien que précisant qu’aucune sanction ne sera prise contre les familles nombreuses, le texte législatif spécifie que la taille idéale de la famille philippine est de deux enfants.

 

Pour le P. Castro, ce texte est « inutile et dangereux ». Inutile car il reprend, en les approfondissant, des éléments déjà exprimés dans des lois votées récemment. Dangereux car il tend à induire que les difficultés que connaissent les Philippines sont dues à la croissance de sa population. Ainsi, les partisans du texte expliquent que la surpopulation aux Philippines aggrave la pauvreté. Or, souligne le prêtre catholique, le gouvernement lui-même, dans les statistiques qu’il publie, indique que le taux d’accroissement de la population va en déclinant. Entre 1995 et 2000, le taux annuel moyen d’accroissement était de 2,36 % ; entre 2000 et 2007, il est tombé à 2,04 % et, pour la période 2005-2010, les statisticiens attendent 1,95 %.

 

Le 8 septembre, l’Eglise a présenté à la presse une série de sept DVD, intitulée « SAFE » (pour Subtle Attacks against the Family Explained) et destinée à informer le public des enjeux autour de ce texte et de la politique du gouvernement en matière familiale et de population. La sexualité et la famille y sont expliquées telles que voulues « dans le plan de Dieu », a précisé le cardinal Gaudencio Rosales, archevêque de Manille. Parallèlement, une pétition a été lancée par l’Eglise pour être ensuite présentée aux membres du Congrès et les inciter à ne pas voter le texte de loi.