Eglises d'Asie

La cause de la paroisse de Thai Ha, de plus en plus populaire chez les laïcs, le clergé et la hiérarchie, est soutenue publiquement par l’archevêque de Hanoi

Publié le 18/03/2010




La répression policière, une campagne de désinformation orchestrée au plus haut niveau n’empêchent pas la cause des paroissiens de Thai Ha de devenir de plus en plus populaire au sein de l’Eglise catholique. Elle a notamment recueilli l’approbation publique de l’archevêque de Hanoi et de plusieurs évêques de la moitié nord du pays, ainsi que de l’ensemble du clergé de Hanoi. Elle attire des foules de plus en plus nombreuses de toutes les parties du Vietnam, qui viennent prier au sanctuaire marial établi sur le terrain contesté (1).

A son retour des Etats-Unis, le 3 août dernier, Mgr Joseph Ngô Quang Kiêt n’aura attendu que peu de temps pour faire connaître son avis. Quelques heures après son arrivée, l’archevêque de Hanoi a accordé au P. Trân Công Nghị, de l’agence VietCatholic News, une interview téléphonique (2) dans laquelle il fait le point sur les événements survenus dans la paroisse de Thai Ha durant son absence. Il s’est montré parfaitement au courant de la situation. Il est vrai que, comme il l’a souligné, il avait déjà entendu le rapport des prêtres de son diocèse, même si aucun contact n’avait encore eu lieu entre lui et les autorités civiles. Une première partie de l’entretien est consacrée à ses rencontres avec la diaspora vietnamienne aux Etats-Unis. C’est dans la seconde partie qu’il s’est exprimé sur le conflit entre la communauté paroissiale de Hanoi et les autorités locales.

 

D’emblée, le responsable de l’Eglise à Hanoï relève que la situation est préoccupante. Une campagne de presse malveillante se développe contre la communauté catholique et l’archevêque constate avec regret que les autorités ont usé de violence envers les fidèles catholiques. Mgr Kiet tient aussi à faire remarquer que, dans ces circonstances, les fidèles ont adopté une attitude remarquable. Bien que ne cachant pas leur enthousiasme pour la cause qu’ils défendent et malgré les provocations, ils se sont contentés de prier dans l’ordre et la paix. Le plus haut responsable de l’Eglise à Hanoi ne ménage pas ses éloges à leur égard et souligne à plusieurs reprises le caractère pacifique de leurs manifestations de prière. Il a également affirmé sa conviction que seul le dialogue permettra d’aboutir à une solution. La répression et la violence ne pourront qu’envenimer la situation.

 

Il a exhorté le gouvernement à sortir des sentiers battus et à faire preuve de créativité et d’initiatives dans la recherche d’une solution acceptable. L’archevêque pense que la solution capable de dénouer le conflit doit être tout à fait nouvelle. Il a lui-même associé l’affaire de Thai Ha à celle de la Délégation apostolique (3), pour laquelle, à l’initiative du Saint-Siège, les deux parties cherchent à trouver une solution par le dialogue. Aucun résultat n’ayant été enregistré au bout de huit mois, les fidèles ont perdu confiance dans une solution de ce type ; ce qui n’a pas manqué d’influencer les esprits dans l’affaire de Tha Ha. Par ailleurs, l’archevêque a affirmé que l’ensemble de l’Eglise du Vietnam était en communion avec les aspirations de cette paroisse.

 

L’un des soutiens les plus appuyés au mouvement de Thai Ha a été celui de l’ensemble du clergé de l’archidiocèse de Hanoi, qui, le 31 août, a rédigé une lettre commune. Les prêtres y expriment leur communion avec les aspirations des paroissiens de Thai Ha. Ils affirment que la propriété a été illégalement accaparée par les autorités ; ils demandent au gouvernement de ne pas politiser cette affaire et de mettre un terme à la campagne de désinformation menée par les médias.

 

Loin de décourager les foules, les dernières actions violentes de la police (4) ont favorisé l’affluence des chrétiens sur le lieu de culte marial désormais installé sur le terrain contesté. Leur nombre ne cesse d’augmenter. Venus de tous les diocèses du Nord, près de 6 000 fidèles se sont rassemblés à Thai Ha le samedi 6 septembre, pour une messe présidée par deux évêques. Pourtant, en certains endroits comme à Phat Diêm, la police locale avait empêché des groupes de chrétiens d’accomplir ce pèlerinage.

 

Depuis le 31 août, il n’a pas été signalé d’actions violentes des autorités. Cependant, des manœuvres ont été entreprises tendant à faire croire que certains catholiques s’opposaient au mouvement. C’est ainsi que le journal de la Sûreté, le Công An Nhân Dân, du 7 septembre, rapportait que la veille, le général Nguyên Duc Nhan, directeur de la Sûreté de Hanoi, avait rencontré, la veille, onze paroissiens de Thai Ha, dont huit avaient rédigé un procès-verbal contestant les thèses mises en avant par la paroisse. Le jour même, un communiqué des responsables rédemptoristes mettait en garde les paroissiens contre le caractère manœuvrier de cette rencontre et affirmait que les paroissiens choisis n’étaient en rien représentatifs de la communauté paroissiale.