Eglises d'Asie

A Oulan-Bator, les « catholiques sous la tente » se préparent à un nouvel hiver

Publié le 18/03/2010




A Oulan-Bator qui compte aujourd’hui trois paroisses (1), la petite communauté catholique doit faire face aux difficultés logistiques d’un très jeune pays de mission. Contrairement aux deux autres paroisses de la capitale de la Mongolie, celle du Bon Pasteur n’a toujours pas de bâtiment en dur. Sous les tentes assemblées à la manière mongole, le P. Ronald Magbanua et ses fidèles savent qu’il va falloir se préparer à un nouvel hiver dont la rigueur gèlera le vin de messe et fera du simple fait d’assister aux offices, un véritable acte de courage.

En 2003, lorsque le prêtre, originaire des Philippines et membre de la Congrégation du Cœur Immaculé de Marie (CICM), a pris la charge de cette paroisse qui venait tout juste d’être érigée, les fidèles se rassemblaient dans un bâtiment loué. Puis en 2004, l’Eglise catholique de Mongolie a acheté un terrain dans les environs afin de pouvoir construire une église. Celle-ci n’est toujours pas terminée et les paroissiens du Bon Pasteur devront patienter encore une année.

 

« L’hiver approche et c’est cette semaine qu’il faudra effectuer l’isolation de notre église. S’il vous plait, prenez sur votre temps pour venir nous aider », a demandé le P. Ronald Magbanua à sa communauté, après la messe du dimanche, le 21 septembre dernier. L’église du Bon Pasteur porte bien son nom ; composée de plusieurs ger (yourtes), les tentes circulaires mongoles, elle accueille une majorité de paroissiens qui sont bergers et vivent eux-mêmes dans ce type d’habitat traditionnel nomade. En dehors des offices, les ger servent de réserve, salle de classe, salle de conférence ou encore hall d’exposition pour les objets artisanaux fabriqués par les fidèles.

 

Le missionnaire philippin explique que l’isolation d’une ger se pratique à cette saison par toutes les familles vivant sous tente en Mongolie. Il s’agit de placer d’épaisses couches de feutre entre la charpente de bois et la toile extérieure, afin de retenir la chaleur émanant du foyer, et ce durant les six mois de l’hiver mongol où la température peut descendre jusqu’à – 45 °C.

 

Fondée il y a une quinzaine d’années, l’Eglise compte aujourd’hui 64 missionnaires qui ont la charge d’environ 500 fidèles (2). En août dernier, Enkh Baata, un jeune Mongol, est parti en Corée du Sud étudier au grand séminaire, devenant ainsi la première vocation sacerdotale autochtone.

 

La paroisse du Bon Pasteur, la plus récente d’Oulan-Bator, compte aujourd’hui environ 70 paroissiens mongols, dont 54 baptisés, qui assistent régulièrement aux offices. Le P. Magbanua célèbre des messes bilingues – en mongol et en anglais – pour les jeunes (ils sont autour de 40) qui désirent apprendre l’anglais ainsi que pour la douzaine de paroissiens étrangers.

 

La paroisse a beaucoup grandi mais manque encore de moyens, ce qui se fait particulièrement sentir lorsque l’hiver revient, faisant émigrer des paroissiens pourtant fidèles, vers les deux autres églises d’Oulan-Bator qui ont le chauffage et tout le confort moderne. Le vieux gardien de la paroisse, que tout le monde appelle Ovoo, c’est-à-dire grand-père, appréhende ces mois à venir : « Certains matins d’hiver, cela peut me prendre plus d’une heure pour dégivrer le cadenas afin d’ouvrir l’église. » Sr Regina Woo, la sacristine, appartenant à la congrégation des Sœurs de St Paul de Chartres, se lamente par avance : « Je vais devoir casser la glace de l’eau bénite avant la messe, c’est sûr. » Et Anhaa, son assistante, d’ajouter en souriant : « Et le Père devra encore s’égosiller pour ses homélies, parce que les micros auront gelés. »