Eglises d'Asie

Hanoi : après le coup de force sur le site de l’ancienne Délégation apostolique, les autorités développent leur politique, les catholiques intensifient leur résistance

Publié le 18/03/2010




Durant les trois jours qui ont suivi le coup de force de la police contre l’ancienne Délégation apostolique dans la matinée du 19 septembre, le face-à-face entre les autorités et la communauté catholique n’a cessé d’augmenter en intensité. Les positions n’ont pas changé.

La politique gouvernementale se développe : la propriété de la Délégation apostolique est devenue un espace vert, les forces policières ont durci encore le blocus du quartier de l’archevêché et la campagne de désinformation de la presse et de la télévision officielles continue. Du côté catholique, les positions n’ont pas changé tandis que la mobilisation devant les barbelés qui isolent la propriété contestée se renforce d’heure en heure.

 

Au petit matin du 20 septembre, autour de l’ancienne Délégation apostolique où l’on pouvait voir les bulldozers et pelleteuses au travail, la foule des fidèles s’est agglomérée derrière les barrières métalliques et les barbelés. Des prêtres, des séminaristes, de nombreux laïcs se tiennent debout et prient ensemble. Une foule nombreuse se tient à côté d’eux. A intervalles réguliers, les haut-parleurs installés sur le parvis de la cathédrale font entendre au public le récit des événements de la veille présenté par les dépêches des grandes agences internationales, les émissions de diverses radios étrangères comme la BBC et Radio Free Asia, et surtout le vigoureux communiqué et la plainte urgente de l’archevêché qui sont lus en vietnamien, anglais et français (1). Depuis le matin, les cloches de la cathédrale se font entendre pour alerter la communauté catholique sur la gravité du moment.

 

Sur le chantier, face à l’affluence et à la ferveur des fidèles, les forces de la Sûreté montrent quelque énervement et font avancer les chiens policiers pour menacer la foule qui se tient de l’autre côté des barbelés. A l’intérieur de la cour, des centaines d’ouvriers travaillent sur des gros engins dans la précipitation. Des constructions de trois étages s’écroulent, soulevant des nuages de poussière. Bientôt il ne reste plus que la maison principale, qui, autrefois, abritait le délégué apostolique, et la statue de la Pietà qui a été placée là au début des manifestations de prière.

 

On apprenait aussi que, ce même jour, à 9 heures du matin, l’archevêque de Hanoi, Mgr Joseph Ngô Quang Kiêt, accompagné par un groupe de prêtres et de représentants des laïcs du diocèse, s’était rendu au siège du Comité populaire de la capitale où il était convoqué. Un grand nombre de fidèles s’était assemblé devant la municipalité pour l’attendre. La rencontre a duré quatre heures. Selon l’entourage de l’archevêque, elle n’a abouti à aucun résultat. L’archevêque a exposé l’historique de l’affaire, énuméré les preuves du droit de propriété de l’Eglise. Il a aussi reproché aux autorités d’avoir rompu le dialogue dans la violence et le non-respect des droits. Le gouvernement, pour sa part, s’est contenté de répéter que la réclamation du diocèse était sans fondement. L’évêque a renouvelé sa réclamation. Il a demandé qu’il soit mis un terme immédiat au blocus de l’archevêché et du couvent des Amantes de la Croix. Le président du Comité populaire a nié qu’il y ait un blocus. La télévision et la presse ont fait un compte-rendu tout à fait partial de cette rencontre et ont mis en cause le patriotisme de l’archevêque.

 

Dans la matinée du dimanche 21 septembre, jamais la mobilisation n’a été si forte. Dans tout le nord du pays, des consignes ont été données à la police d’empêcher les catholiques de se déplacer vers Hanoi et en beaucoup d’endroits, ces consignes ont été appliquées. Cependant, dans la nuit du 20 au 21, la foule n’a cessé de grossir sur le parvis de la cathédrale, devant l’archevêché et devant la Délégation. On comptait plus de 10 000 fidèles à la messe du matin de la cathédrale, durant laquelle l’archevêque a évoqué l’époque des martyrs vietnamiens.

 

De tous les diocèses et de toutes les paroisses du Vietnam, les lettres de communion affluent vers l’archevêché et la paroisse de Thai Ha. Tous les diocèses du nord ont, plusieurs fois, manifesté leur communion. Au sud, le cardinal archevêque de Saigon a diffusé dans son diocèse la « plainte urgente » de l’archevêché de Hanoi et a demandé à ses fidèles de prier pour que la violence soit abandonnée et que reprenne le dialogue pour la justice. Par ailleurs, une réunion du bureau permanent de la Conférence épiscopale était prévue pour cette semaine, bien avant les événements. On peut penser qu’il y sera question de la situation actuelle du diocèse de Hanoi.