Eglises d'Asie – Inde
POUR APPROFONDIR – Attaques antichrétiennes en Orissa : qui est vraiment hindou ?
Publié le 18/03/2010
Permettez-moi de commencer par la question de la conversion – un sujet qui agite grandement le VHP. J’imagine qu’il y a des centaines de millions d’hindous qui sont pacifiques, tolérants, fidèles à leur croyance, et qui, surtout, sont heureux de vivre aux côtés de musulmans, de chrétiens, de sikhs, de bouddhistes, de jaïns et de juifs. S’il arrive à l’un ou l’autre d’entre nous de changer de religion, en quoi notre voisin, notre voisine s’en trouve-t-il, s’en trouve-t-elle affecté(e) ? Et si un tel changement se produit parce que des biens matériels sont promis en échange de la conversion, cela n’indique rien d’autre que le fait que la foi de celui qui change de religion n’était pas bien profondément ancrée. Alors comment expliquer que le VHP et le Bajrang Dal, qui lui fournit des troupes remuantes, s’agitent-ils dès lors que vous, moi ou notre voisin s’avise de changer de religion ? Qu’est-ce que cela peut bien leur faire ?
Permettez-moi d’être franc, au risque de paraître brutal. Si je souhaite vendre mon âme – et échanger mes dieux présents pour d’autres –, pourquoi ne le pourrais-je pas ? Même si je me diminue à mes propres yeux en posant un tel acte, c’est bien mon droit d’agir ainsi. Alors, si des milliers ou même des millions de dalits, qui ont été méprisés et ostracisés durant des générations, choisissent de devenir chrétiens, bouddhistes ou musulmans, que ce soit parce qu’ils cherchent à échapper aux discriminations liées à leur appartenance à l’hindouisme et parce d’autres les ont convaincus par des espèces sonnantes et trébuchantes de prendre cette décision, c’est là leur droit le plus absolu.
De toute évidence, vous pouvez penser qu’il est de votre devoir de leur demander de reconsidérer leur choix – bien que je qualifierais une telle démarche d’ingérence – mais il est clair que vous n’avez ni le droit ni le devoir de les empêcher d’agir ainsi. En réalité, je doute qu’il soit moralement correct de ne serait-ce que chercher à placer des obstacles sur leur chemin de conversion. Or, c’est exactement ce que cherchent à faire les soi-disant « lois pour la liberté de religion », lesquelles sont en fait des lois destinées pratiquement à empêcher les conversions, et donc sont pour le moins discutables.
Toutefois, le pire est la manière dont le VHP répond à ces questions. Périodiquement, ses membres recourent à la violence, jusqu’au meurtre pur et simple. Ce qui est arrivé à Graham Staines en Orissa n’est pas une exception isolée (1). La semaine dernière, cela s’est à nouveau produit. Sans même considérer le caractère tout simplement criminel de telles actions, est-ce ainsi que nous, hindous, souhaitons agir ? Est-ce ainsi que nous voulons que notre religion soit défendue ? Est-ce ainsi que nous souhaitons être perçus ? Je n’ai aucun doute sur le fait que la réponse est non. Un NON sans équivoque, stable et définitif !
La seule difficulté est que ce non n’est pas entendu comme il devrait l’être. C’est pourquoi je crois que le temps est venu pour la majorité silencieuse des hindous de parler – à la fois ceux qui pratiquent leur foi ardemment et ceux qui sont nés dans un environnement hindou mais ne sont pas plus religieux que cela. Nous ne pouvons accepter que des églises soient profanées, que des employés d’orphelinats trouvent la mort en étant brûlés vifs, que des villages chrétiens ou musulmans soient pris d’assaut au nom d’une soi-disant défense de notre religion. En vérité, ils ne défendent pas l’hindouisme, ils en sont la honte. Je l’affirme et je le souligne.
Je suis désolé, mais lorsque je lis que le VHP a répandu la terreur, a tué, je n’éprouve pas seulement de l’embarras, je me sens honteux. Non pas d’être hindou mais de ce que certains hindous font au nom de notre religion. C’est pourquoi il revient à Naveen Patnaik, ministre-président de l’Orissa, de prendre des mesures fermes et définitives contre le VHP et sa branche de jeunesse, le Bajrang Dal. Il s’agit là d’un test non pas seulement de sa capacité à gouverner, mais de sa personnalité. Je sais et j’accepte que tout cela puisse avoir des conséquences sur son avenir politique, voire sur sa survie en politique. Mais lorsque ce sont vos principes qui sont en jeu, y a-t-il place à l’hésitation ? Pour un politicien lambda, peut-être, mais pour Naveen, je le sais, la réponse est non.
Je terminerai en disant : « Naveen, j’attends. » En réalité, je peux dire que je ne suis pas le seul. Il y a des centaines de millions d’hindous, comme vous et moi, qui attendent en silence mais dont la patience a des limites. Je vous en prie, au nom de nous tous, agissez !