Eglises d'Asie

Après avoir transformé en jardins publics les terrains réclamés par les catholiques, les autorités vietnamiennes semblent vouloir faire une pause

Publié le 18/03/2010




Dans leurs deux dernières déclarations, les évêques du Vietnam avaient préconisé un retour au calme. Un premier texte exposait le point de vue des évêques sur le conflit en cours ; le second rendait compte brièvement de la rencontre du chef du gouvernement et d’une délégation épiscopale (1).

L’une et l’autre déclaration préconisaient le dialogue et l’arrêt des violences. Les autorités, peut-être parce qu’elles sont parvenues à leurs fins en récupérant les deux propriétés réclamées par les catholiques, ont semblé, ces jours derniers, vouloir marquer une pause, même si une assez forte tension subsiste encore autour de la paroisse de Thai Ha et de l’archevêché de Hanoi et que l’on s’interroge sur les initiatives brouillonnes des autorités de Hanoi.

 

Dans la matinée du 8 octobre, aux environs de 9 heures, l’ancien sanctuaire marial de la paroisse de Thai Ha est devenu officiellement un jardin public, sous l’appellation jardin du « 1er juin ». L’inauguration s’est déroulée au pas de charge. Elle était achevée au bout de 10 minutes. Les participants, pour la plupart, appartenaient à diverses associations proches du Parti communiste. Bien qu’invités, aucun religieux et aucun fidèle n’était présent à la cérémonie. Pourtant, dans le reportage présenté à ce sujet par la télévision nationale, les fidèles de la paroisse de Thai Ha ont eu la surprise d’entendre un ancien militaire, se présentant comme un paroissien, mais totalement inconnu d’eux, faire l’éloge de la transformation du sanctuaire en jardin public

 

Ce même jour, deux des fidèles arrêtés les 21 et 22 septembre dernier ont été remis en liberté. Ils avaient été interpellés pour leur engagement dans l’érection d’un sanctuaire marial sur le terrain contesté de la paroisse de Thai Ha, les 14 et 15 août derniers. Leur libération est accompagnée de l’obligation de rester chez eux à la disposition de la police en tant qu’inculpés. Des huit inculpés de la paroisse de Thai Ha, deux sont encore en détention, quatre autres sont officiellement ou de facto en résidence surveillée. Mme Nguyên Thi Viêt, en résidence surveillée depuis le début, a confié aux journalistes de Radio Free Asia (RFA) qu’elle avait déjà été convoquée huit fois à la police.

 

A la paroisse de Thai Ha, où, dimanche 5 octobre, les catholiques sont encore venus par milliers assister aux messes dominicales, de nombreux paroissiens ont été convoqués par la police pour des « séances de travail ». A ce jour, les religieux rédemptoristes, en charge de la paroisse, n’ont pas été appelés ; seul le supérieur a reçu une convocation, à laquelle il n’a pu se rendre pour cause de voyage.

 

Selon des renseignements recueillis par les reporters de RFA (2), l’archevêché de Hanoi reste sous haute surveillance. Les bâtiments des alentours sont truffés d’appareils d’espionnage de toutes sortes. De nouvelles provocations de moindre envergure ont eu lieu. Cependant, depuis la fin de la semaine dernière, les autorités de l’arrondissement de Hoan Kiêm auraient pris plusieurs fois contact avec l’archevêché. Elles seraient prêtes à certaines concessions. Elles ont regretté ce qui s’était passé. Les prêtres ont proposé que l’intervention de l’archevêque pendant sa rencontre avec la municipalité de Hanoi, qui avait fait l’objet de critiques calomnieuses dans la presse officielle, soit publiée telle quelle dans le journal de la capitale, le Ha Noi Moi. L’archevêché a demandé que la statue de la Pietà enlevée le 25 septembre soit restituée. On apprenait, le 8 octobre, que les autorités songeaient à satisfaire cette demande. Cependant, les prêtres demandaient en outre que soit annulée la sanction administrative condamnant l’archevêque à une amende et confisquant divers objets religieux.