Eglises d'Asie

En Orissa, les violences antichrétiennes continuent, en dépit des actions menées dans le pays pour obtenir une intervention efficace du gouvernement fédéral

Publié le 18/03/2010




En Orissa, les 7 et 8 octobre derniers, des groupes armés ont attaqué trois villages et brûlé 30 maisons de chrétiens dans le district de Khandamal, où règne toujours la terreur. Ces nouvelles attaques se sont produites alors que, le 7 octobre à New Delhi, des responsables chrétiens et politiques, tels Abraham Mathai, vice-président de la Commission des minorités du Maharashtra, et H. T Sangliana, membre du Parlement du Karnataka, rencontraient le Premier ministre Manmohan Singh afin de trouver une solution aux attaques antichrétiennes de ces dernières semaines (1).

Le 8 octobre, c’était au tour d’une délégation d’hindous et de chrétiens de solliciter le chef de l’opposition au gouvernement fédéral, L.K Advani, le leader du Bharatiya Janata Party (Parti du peuple indien), la grande formation nationaliste hindoue du pays. A l’issue de cette réunion, le chef religieux hindou Swami Chidanand Saraswati, Mgr Vincent Concessao, archevêque catholique de Delhi, et Mgr Raphael Cheenath, archevêque catholique de Cuttack-Bhubaneswar, ont signé une déclaration dans laquelle ils appelaient d’urgence à la paix interreligieuse.

 

Pendant ce temps, lors du Synode des évêques qui a débuté le 6 octobre à Rome, les violences contre les chrétiens étaient dénoncées par le cardinal Varkey Vithayathil devant le pape Benoît XVI, les cardinaux et les évêques de plus de 100 pays. Le président de la Conférence des évêques catholiques de l’Inde (CBCI) a déclaré que le présent accès de violences antichrétiennes « étaient l’une des pires » qu’ait connue la nation indienne, et qu’il engendrait de « nouveaux martyrs ». Le 8 octobre, Mgr Thomas Menamparampil, archevêque de Guwahati, s’adressait également au Synode en soulignant « la patience (…) et l’esprit de pardon de la communauté chrétienne » indienne.

 

Sœur Nirmala, qui a succédé à Mère Teresa à la tête des Missionnaires de la Charité, est intervenue également le 7 octobre dernier auprès du ministre-président de l’Orissa, Naveen Patnaik, afin qu’« il fasse toute la vérité sur le meurtre de Laxmanananda Saraswati attribué par les extrémistes hindous aux chrétiens ». Bien que sa congrégation ait été aussi victime dans plusieurs Etats de l’Inde des violences antichrétiennes, elle a déclaré garder sa confiance envers le gouvernement pour résoudre la crise.

 

Mais, alors que les exactions continuent, le gouvernement de l’Etat d’Orissa continue d’affirmer que le calme revient dans la région et que les réfugiés commencent à rentrer chez eux. Selon des sources ecclésiastiques et journalistiques locales, environ 12 000 personnes auraient en effet quitté les camps de personnes déplacées, non du fait d’un éventuel retour au calme mais du fait de l’insécurité que les extrémistes hindous continuent d’y faire régner. Ces victimes des attaques antichrétiennes tenteraient actuellement de fuir le district de Kandhamal.

 

« La seule solution que nous avons à ce stade est de demander la destitution du gouvernement de l’Orissa », a déclaré A. Mathai, le 9 octobre, à l’agence Ucanews. La Constitution de l’Inde permet en effet que l’Etat fédéral destitue le gouvernement d’un Etat qui ne parviendrait pas à faire respecter les droits constitutionnels. Toujours selon A Mathai, ce sont « les alliances politiques » qui sont le principal obstacle à une action du gouvernement fédéral contre l’Orissa. Il ajoute qu’il ne partage pas le souhait des évêques d’un dialogue avec les hindous radicaux à propos des conversions : « Il n’y a pas de dialogue possible sur ce sujet. C’est le droit de chaque citoyen de choisir sa religion. »

 

Lors d’un Conseil des ministres, tenu le 9 octobre, le Premier ministre a estimé ne pas devoir dissoudre le Bajrang Dal (2), responsable de la majorité des actes de violence antichrétiennes, comme le demandent depuis des semaines de nombreuses manifestations dans tout le pays ainsi que la quasi-totalité de ses ministres, ni prendre le contrôle fédéral sur l’Etat de l’Orissa. Manmohan Singh a précisé qu’une telle décision serait « contre-productive ».