Eglises d'Asie

Lors d’une rencontre avec le Premier ministre, les évêques ont soutenu l’archevêque de Hanoi et défendu leur point de vue sur la société

Publié le 18/03/2010




Un compte-rendu de la rencontre des évêques et du Premier ministre vietnamien a été diffusé le 3 octobre sur Internet (1). Issu de milieux proches de la Conférence épiscopale du Vietnam, il diffère passablement de la version publiée la veille et l’avant-veille par la presse officielle.

Beaucoup plus nuancé, il a surtout l’avantage de rapporter les propos tenus par les évêques, totalement passés sous silence dans les articles des médias gouvernementaux. Il insiste sur l’échange de points de vue entre les deux parties. « C’est la première fois, affirme-t-il, qu’un échange aussi franc a lieu. »

 

La délégation de la Conférence épiscopale était composée de quatre membres : son président, Mgr Pierre Nguyên Van Nhon, le cardinal archevêque de Saigon, Mgr J.-B. Pham Minh Mân, l’archevêque de Huê, Mgr Etienne Nguyên Nhu Thê, et l’évêque de Hung Hoa, Mgr Antoine Vu Huy Chuong. Ils ont été reçus pendant une heure et demie, dans l’après-midi du 1er octobre, par le Premier ministre Nguyên Tan Dung, entouré notamment du général Nguyên Van Huong et du directeur du Bureau gouvernemental des Affaires religieuses. La réunion a eu pour objet la question du droit de propriété privée du citoyen, puis l’actuelle multiplication des plaintes relatives aux terrains spoliés, l’information à sens unique qui sème la division au sein de l’unité nationale, et l’utilisation de la violence au lieu du dialogue par le gouvernement pour régler les conflits (2).

 

Par ailleurs, les représentants de la Conférence épiscopale ont soutenu et défendu l’archevêque de Hanoi devant le chef du gouvernement et le chef de la police. Ils ont réfuté les accusations de ces derniers. Les évêques ont en particulier déclaré que Mgr Joseph Ngô Quang Kiêt n’avait commis aucune infraction au droit canon ou à la législation civile du pays. L’appel à prier pour la justice ne relevait pas seulement de la responsabilité de l’évêque de Hanoi, mais constituait le devoir de tout citoyen soucieux du progrès de son pays, ont-ils fait valoir.

 

Les évêques ont aussi évoqué les assemblées de prière, qui, selon les déclarations du gouvernement, constituent des actions illégales troublant la sécurité et l’ordre public. La prière, ont-ils dit, est d’une grande importance dans la vie de l’Eglise catholique. Elle a toujours été considérée comme un acte sublime en tout temps, en tout lieu et par tous, y compris par le Premier ministre. C’est pourquoi le droit à la prière doit être maintenu. Les évêques ont aussi évoqué le rôle que l’Eglise catholique doit jouer à l’intérieur de la société vietnamienne, dans les domaines de l’éducation, de la santé et de l’action caritative.

 

Selon ce compte-rendu, il semble bien qu’il n’y a pas eu de débat, mais simplement l’exposé de deux points de vue, qui, sur bien des points, sont incompatibles et même contradictoires. Les deux parties divergent également sur la solution à donner au conflit actuel, les représentants de l’Etat voulant appliquer la solution qu’ils ont décidée, les représentants de l’Eglise voulant au contraire continuer le dialogue. Un évêque a fait remarquer que dans ce dialogue, ce sont les catholiques qui ont le plus de difficultés, parce qu’ils respectent un certain nombre de valeurs dont l’autre partie ne tient pas compte.