Eglises d'Asie

Lors de la journée de la paix, les différentes confessions religieuses s’unissent contre les violences antichrétiennes

Publié le 18/03/2010




Le 2 octobre, jour anniversaire de la mort du Mahatma Gandhi, déclarée par l’ONU « Journée internationale de la non-violence », des bouddhistes, des hindous et des musulmans ont manifesté pacifiquement avec quelque 10 000 chrétiens à New-Delhi pour protester contre les attaques dont les chrétiens sont la cible depuis plusieurs semaines en Inde.

Sous le patronage de l’apôtre indien de la non-violence, des chefs religieux bouddhistes, hindous, musulmans et sikhs ont marché aux côtés d’évêques catholiques en brandissant des pancartes où l’on pouvait lire, en hindi : « Arrêtez les massacres des chrétiens ! ». A l’issue d’une semaine de sit-in (dharna) de protestation, un grand meeting s’est tenu à Jantar Mantar, près du Parlement indien. Des ministres fédéraux, tels celui des Chemins de fer, le ministre-président de l’Uttar Pradesh, des chefs politiques, des militants des droits de l’homme et des victimes des violences antichrétiennes se sont adressé à la foule, condamnant les actes de terrorisme des extrémistes. Une hindoue, Teesta Setalvad, a souligné que c’étaient les mêmes groupes qui avaient assassiné Gandhi qui étaient encore à l’œuvre aujourd’hui. Elle a énuméré tous les actes de terrorisme commis contre des chrétiens ces dernières semaines et prié la classe moyenne de réagir. Selon elle, c’est la classe moyenne indienne qui a le plus bénéficié de l’aide apportée par les Eglises chrétiennes mais qui garde le silence alors que des chrétiens sont attaqués aujourd’hui.

 

La manifestation s’est achevée par une marche jusqu’au mausolée de Gandhi, devant lequel des responsables religieux et des enfants avait déposé des fleurs et une supplique adressé au Mahatma, « père de la nation indienne ».

 

Swami Agnivesh, un chef hindou modéré, a mené une réunion de prière près du mausolée de Gandhi. Il a qualifié ceux qui avaient tué les chrétiens et violé des religieuses de « pires ennemis de Dieu ». Plusieurs participants à cette manifestation pacifique ont déclaré qu’ils espéraient que les autorités prendraient enfin la mesure de l’urgence à mettre fin aux attaques antichrétiennes. « Nous voulons que le gouvernement rétablisse la paix en Orissa », a déclaré l’archevêque de Delhi, Mgr Vincent Concessao, reprenant les requêtes insistantes faites le 26 septembre dernier par la Conférence des évêques catholiques de l’Inde (CBCI) au gouvernement. Parmi elles, les évêques demandaient l’interdiction des groupes extrémistes hindous responsables des exactions.

 

Mgr Jospeh Mar Bernabas, évêque de l’Eglise Mar Thoma (1), a affirmé que le gouvernement ne pouvait continuer à ignorer les chrétiens bien qu’ils soient une minorité. « Nous faisons partie de la nation indienne, et nous aimons notre pays. »

 

Lors de cette journée mondiale de la non-violence, des chrétiens du Madhya Pradesh avaient organisé à Jabalpur une collecte de sang, pour marquer leur communion avec les chrétiens persécutés. Des hindous se sont joints à eux dans un geste de solidarité. L’un d’eux, Bivash Kumar, a expliqué son geste car il veut « dénoncer la violence ». Une autre collecte de sang avait été organisée à Bhopal, capitale de l’Etat par le Grand Christan Forum, ainsi qu’une chaine humaine de 3 000 personnes.

 

La vague de violences qui a débuté en Orissa le 24 août dernier touche plusieurs autres Etats de l’Union indienne. Selon des sources ecclésiastiques, le bilan continue de s’alourdir et fait état de 52 morts, 4 500 maisons, 100 églises et 20 couvents et institutions chrétiennes incendiés. Le 29 septembre, un village a été attaqué par les extrémistes hindous dans le district du Kandhamal, épicentre des violences en Orissa (2), afin de convertir de force des chrétiens protestants à l’hindouisme. L’un d’eux, Lalgi Nayak, après avoir subi la torture sans renoncer à sa foi, est décédé à l’hôpital le 1er octobre. Ce même jour, six de ses coreligionnaires soignés dans le même hôpital y ont été agressés par les extrémistes revenus pour les tuer. Frère Oscar Tete, supérieur des Frères Missionnaires de la Charité, branche masculine de l’ordre fondé par Mère Teresa et dont la léproserie a été totalement détruite au début des attaques, a rapporté à Asianews qu’« un groupe était entré à l’hôpital pour les six victimes et avait été arrêté juste avant de passer à l’attaque ». Le 2 octobre, deux baptistes ont été tués dans la jungle. Le même jour, dans le district de Boudh, voisin de celui de l’Orissa, 250 maisons, dont la plupart appartenaient à des dalits, ont été incendiées. « Seules 40 de ces maisons appartenaient à des chrétiens, précise un prêtre du diocèse de Cuttack-Bhubaneswar. Tous les dalits, quelle que soit leur appartenance religieuse, sont maintenant attaqués. C’est probablement devenu une guerre de caste. »