Eglises d'Asie

Devant des représentants du corps diplomatique, la municipalité de la capitale a lancé des accusations calomnieuses contre l’archevêque de Hanoi

Publié le 18/03/2010




Le 15 octobre dernier, le président du Comité populaire de Hanoi, Nguyên Thê Thao, a convoqué des représentants des ambassades et des missions diplomatiques de la capitale pour leur présenter la version officielle du conflit entre la communauté catholique et les autorités civiles dans les affaires de l’ancienne Délégation apostolique et de la paroisse de Thai Ha, affaires qui défrayent la chronique depuis la fin de l’année dernière.

L’exposé et le commentaire unilatéral des faits ont été accompagnés d’accusations calomnieuses contre l’archevêque de Hanoi, Mgr Joseph Ngô Quang Kiêt, désigné sous l’appellation pour le moins dépréciative de « M. Kiêt ». Celui-ci a été dénoncé, avec quelques autres membres du clergé, comme le principal responsable des troubles créés par les manifestations des catholiques. Le président du Comité populaire de Hanoi a émis publiquement le souhait de voir l’archevêque abandonner son poste. Le compte-rendu de cet exposé a été publié le lendemain, 16 octobre, par l’agence de presse du Vietnam et repris par les principaux organes de la presse officielle (1).

 

La cible principale des accusations lancées par la municipalité est sans conteste l’archevêque de Hanoi. « A l’origine de ces affaires, se trouve un certain nombre d’ecclésiastiques avec, à leur tête, l’archevêque Ngô Quang Kiêt. Ils ont utilisé les activités religieuses, la foi et l’ignorance d’un certain nombre de laïcs pour violer volontairement la loi, aller à l’encontre des intérêts de la nation, du peuple et de l’Eglise elle-même. Ils ont porté tort aux relations des autorités de la ville avec l’archevêché ainsi qu’avec la paroisse de Thai Ha (…). » Plus loin, le compte-rendu explique pourquoi le Comité populaire de Hanoi a demandé que « M. Ngô Quang Kiêt » ne conserve pas les fonctions d’archevêque de la capitale : « Au sein de la population de la capitale et même chez les fidèles, la personne de M. Kiêt (sic) n’a plus ni la réputation ni la crédibilité nécessaires. Il a manqué de respect à l’égard des autorités et n’a pas collaboré avec elle pour rechercher une solution adaptée. Il a tenu des propos provocants à l’égard de l’Etat et prononcé des déclarations offensantes pour le pays et le peuple, méprisantes pour le nom de notre pays et la citoyenneté vietnamienne. »

 

Ces paroles, qu’il est difficile de ne pas qualifier de calomnieuses, font référence à une intervention de l’archevêque au cours d’une rencontre avec la municipalité de Hanoi dans laquelle il avait déclaré souffrir, lors de ses voyages à l’étranger, du peu de considération accordée à la nationalité et à la citoyenneté vietnamienne, des propos qui ont été outrageusement déformés par la presse officielle.

 

L’exposé du président du Comité populaire avait commencé par faire l’éloge de la politique menée par les autorités de la capitale à l’égard de la communauté catholique, une politique favorisant la liberté religieuse, protégeant l’exercice du culte et permettant même certaines activités sociales de l’Eglise. Les contributions des catholiques à l’édification du pays étaient aussi mises en valeur. Le compte-rendu exposait ensuite sa version des faits, tout à fait partiale. L’archevêque de Hanoi aurait non pas « demandé » la récupération de son ancienne propriété, mais l’aurait « exigée ». Les autorités municipales auraient multiplié les rencontres, auraient maintenu un dialogue permanent avec l’archevêché et les responsables paroissiaux sans être payés de retour. La municipalité aurait proposé à l’archevêché trois terrains susceptibles de se substituer à la propriété de l’ancienne Délégation apostolique. Ces trois propositions auraient été refusées.

 

Le compte-rendu ne fait aucune mention des actions policières violentes menées à plusieurs reprises contre l’archevêché aussi bien qu’à l’encontre de la paroisse de Thai Ha, la dernière d’entre elles étant la transformation des anciennes propriétés d’Eglise en jardins publics placés sous haute protection policière. Le compte-rendu se contente de mentionner que la création de jardins publics fait partie de la politique d’urbanisation de la ville à l’approche du millième anniversaire de la capitale.