Eglises d'Asie

La religieuse violée pendant les attaques antichrétiennes accuse la police de l’Orissa d’être de connivence avec les agresseurs

Publié le 18/03/2010




Plus de deux mois après les événements du 25 août 2008, la religieuse catholique violée par les hindouistes dans le district du Kandhamal en Orissa, s’est adressée pour la première fois aux médias lors d’une conférence de presse le 24 octobre dernier à l’Institut Social Indien de New-Delhi.

Devant 250 journalistes et 30 caméras de télévision, selon Ucanews, Sœur Meena Barwa, âgée de 28 ans, a décrit les tortures que lui ont fait subir les militants hindouistes, l’inaction de la police qui ne lui a pas porté secours et le gel de l’enquête depuis les événements. Cette déclaration faisait suite au rejet, trois jours auparavant, par la Cour Suprême, de la demande de l’archevêque de Cuttack-Bhubaneswar, Mgr Raphaël Cheenath, de retirer à la police de l’Orissa, l’enquête sur le viol de la religieuse pour la remettre entre les mains du CBI (Bureau Central d’Investigation). Sœur Meena affirme en effet « ne pas vouloir collaborer » avec la police de l’Orissa, expliquant que les policiers étaient de connivence avec les agresseurs et s’étaient même montrés « très amicaux avec eux » pendant les faits.

 

Le visage dissimulé en partie sous un foulard, Sœur Meena raconte comment elle a été agressée et violée alors que la police locale restait « sans rien faire ». Le 25 août 2008, après avoir fui le centre pastoral de Divyajyoti dans le village de Nuagaon, incendié par les hindouistes, elle avait été retrouvée par un groupe d’une cinquantaine de militants armés, puis violée, blessée avec des morceaux de verre et obligée à défiler nue, avec un prêtre, le P. Thomas Chellan, également maltraité et humilié. Elle raconte que lorsque leurs tortionnaires les ont trainés dans le village, une douzaine de policiers étaient présents et qu’elle les avait suppliés de lui venir en aide, en vain. Lorsqu’elle a voulu porter plainte au poste, les policiers ont tenté de l’en dissuader. « J’ai été violée et je ne veux pas être en plus une victime de la police. Je veux que ce soit le CBI qui enquête », a conclu la religieuse. Mgr Raphaël Cheenath, archevêque de Cuttack-Bhubaneswar, qui était à ses côtés, a déclaré à son tour : « Je veux que les personnes qui ont été chargées de faire la lumière sur ce crime, rendent justice à Sœur Meena ».

 

Il a fallu en effet la pression des autorités religieuses et le relai des médias pour que la police de l’Orissa lance enfin le 3 octobre dernier une enquête sur l’agression de Sœur Meena. Après la publication du rapport médical corroborant les déclarations de la jeune religieuse, le gouvernement de l’Orissa a annoncé que huit personnes avaient été arrêtées et un responsable de la police locale suspendu.

 

Mais la conférence de presse du 24 octobre a, semble-t-il, fait franchir un nouveau pas aux autorités ; dès le 25 octobre, alors que des associations demandaient de nouveau à ce que l’affaire soit confiée au CBI, le ministre-président de l’Orissa, Naveen Patnaik, a convoqué ses équipes à Bhubaneswar, capitale de l’Etat, afin de faire accélérer l’enquête sur le viol de Sœur Meena.

 

Les violences antichrétiennes dont la religieuse fut l’une des premières victimes et qui ont débuté au Kandhamal (1) ont aujourd’hui gagné différents Etats et font l’objet d’une polémique grandissante en Inde concernant l’inaction des autorités tant locales que fédérales.