Eglises d'Asie

Inondations de Hanoi : l’archevêque visite les quartiers sinistrés de la capitale et lance un appel à la solidarité de tous les chrétiens

Publié le 18/03/2010




Les plus fortes inondations que le Vietnam du Nord et la capitale aient connues depuis près de cent ans ont fait sortir l’archevêque de Hanoi, Mgr Joseph Ngô Quang Kiêt, du silence et de l’ombre où il se cantonnait depuis la mi-octobre. Au cinquième jour de l’inondation à Hanoi, on l’a vu, pantalon retroussé, entouré de nombreux prêtres, parcourir les rues des deux paroisses les plus éprouvées par la crue des eaux, à savoir la paroisse de Ke Set et celle de Thai Ha, cette dernière maintenant bien connue pour d’autres raisons.
A Thai Ha, de nombreuses familles ont été obligées de quitter leurs maisons inondées pour trouver un refuge provisoire ailleurs. Certains signes donnent à craindre que des épidémies, notamment de choléra, ne se déclarent. A Ke Set, la nappe d’eau est particulièrement profonde. Autour de l’église, située sur une basse terre, cette profondeur atteignait plus de 70 cm. L’archevêque a cependant pu entrer à l’intérieur du sanctuaire où il a prié et s’est entretenu avec les paroissiens. Il a aussi rendu visite aux familles les plus touchées. Par ailleurs, apprenant que leur archevêque était de sortie, de nombreux fidèles de Hanoi ont bravé les intempéries pour venir lui manifester leur soutien (1). Le lendemain, dans une lettre commune, l’archevêque lançait un appel à l’ensemble du diocèse pour venir au secours des victimes. Il rappelait les 79 morts recensés à ce jour, parmi lesquels une jeune catholique de 33 ans récemment établie à Hanoi. Les dégâts matériels sont très importants en ville et plus encore dans les campagnes, a souligné l’archevêque. En conséquence, il demande qu’une collecte soit organisée dans toutes les paroisses pour aider ceux qui, déjà durement frappés par la crise financière mondiale, vont devoir subir les effets désastreux de ce fléau naturel (2). Depuis deux semaines, des pluies torrentielles exceptionnelles sont tombées sur les régions du nord et du centre du Vietnam. En particulier, depuis le 31 octobre, les eaux, qui, en certains endroits, avaient 25 mètres de profondeur, ont recouvert la totalité de la capitale. Des dizaines de milliers de maisons ont été privées d’électricité, d’eau potable et de nourriture. Plus de 700 écoles étaient encore fermées le 5 novembre. Pour tout le Vietnam, selon les statistiques de la presse officielle du 5 novembre, on dénombrait plus de 120 000 maisons inondées, 250 000 hectares de terrains cultivés détruits et 170 kilomètres de routes rendues impraticables (3). Il semble que la réaction des autorités civiles de Hanoi à cette catastrophe a été tardive, peu énergique et dénuée d’efficacité. Selon leurs propres déclarations, elles auraient déployé des milliers de secouristes pour le renforcement des digues menaçant de s’écrouler. Le 5 novembre, le Premier ministre a pris la parole pour recommander la vigilance. Cependant, selon les reportages des agences de presse internationales et les témoignages des habitants diffusés sur Internet ou sur les ondes (4), une grande partie de la population sinistrée affirmait n’avoir reçu aucune aide gouvernementale et n’avoir aperçu aucun policier ni aucun soldat depuis le début des inondations. Plus encore, les propos tenus par la plus haute autorité de la ville, à savoir le secrétaire de la section du Parti communiste de la capitale, Phạm Quang Nghị, membre du Bureau politique, ont scandalisé les victimes des inondations. Ce dernier a déclaré que, contrairement à leurs ancêtres, les Vietnamiens d’aujourd’hui ne savaient que recourir au gouvernement au lieu de compter sur leurs propres forces. Le responsable communiste a dû ensuite faite des excuses publiques dans une déclaration à la presse rapportée par Vietnam.net.