Eglises d'Asie – Inde
Les évêques catholiques de l’Orissa encouragent leurs fidèles, confrontés à la persécution
Publié le 23/06/2010
… leur lettre est tout à la fois une missive aux chrétiens persécutés, un appel au gouvernement indien et un message à la communauté internationale.
A ce jour, la vague de persécution antichrétienne qui a gagné par la suite d’autres Etats de l’Inde a fait, selon les sources gouvernementales, plus de 60 morts (des sources ecclésiastiques font mention d’au moins 500 morts), 50 000 réfugiés, et détruit 4 500 maisons et une centaine d’églises. Ce bilan vient de s’alourdir le 28 octobre dernier avec le décès du P. Bernard Digal des suites des blessures reçues lors de son passage à tabac par des militants hindouistes dans le district de Kandhamal (2). La mort du prêtre, âgé de 47 ans, trésorier de l’archidiocèse de Cuttack-Bhubaneswar et considéré comme « un des piliers de l’Eglise de l’Orissa », a soulevé un réel émoi au sein de la communauté chrétienne de l’Inde. Plus de 5 000 personnes ont assisté, le 30 octobre, à la messe de funérailles présidée par Mgr Cheenath, archevêque de Cuttack-Bhubaneswar. Né au Kandhamal, le P. Digal avait été ordonné prêtre en 1992 puis avait été successivement curé de paroisse, professeur, responsable des vocations, directeur du service jeunesse de l’archidiocèse, conseiller diocésain, responsable financier et conseiller spirituel.
Selon les personnes qui ont assisté aux obsèques et dont les propos ont été rapportés par l’agence Ucanews, le P. Bernard Digal est sans conteste l’un des « nouveaux martyrs pour la foi » évoqués il y a quelques jours, au synode des évêques réuni à Rome, par le cardinal Varkey Vithayathil, président de la Conférence des évêques catholiques de l’Inde (CBCI).
La Lettre pastorale intervient donc dans un contexte de deuil et d’inquiétude, alors que les victimes des violences ne réussissent pas à obtenir de l’Etat de l’Orissa comme du gouvernement fédéral, l’avancement des enquêtes sur les exactions commises ni la reconstruction des nombreux édifices détruits.
Ouvrant le message des évêques, une citation du psaume 22, « Le Seigneur est mon berger, rien ne saurait me manquer », rappelle, dans la période de crise que vit l’Eglise de l’Orissa, l’enracinement de la foi dans la confiance en Dieu. Les six prélats de l’Orissa (3) soulignent tout d’abord le courage de leurs fidèles en « s’inclinant humblement devant la force de leur foi » et les encouragent à « continuer la mission de compassion, d’amour, d’unité, de justice et de paix » qui leur a été confiée par le Christ. Ils réaffirment ensuite que le christianisme bannit la haine ainsi que toute forme de violence et que les chrétiens ne peuvent être tenus responsables de l’assassinat de Swami Laxmananada Saraswati, comme l’ont prétendu les hindouistes afin de justifier leurs attaques.
Puis, analysant les raisons qui selon eux, sont à l’origine du déchaînement de violence des derniers mois, les évêques expliquent : « L’Eglise est du côté des pauvres et des marginaux. Grâce à l’instruction, l’assistance médicale, les programmes de développement, l’Eglise a conduit les membres des communautés les plus vulnérables à une prise de conscience. Ils ont commencé à réclamer leurs droits. Tout cela ne plaît pas aux puissants qui craignent pour leur position et se sentent menacés par les pauvres. »
Enfin, soulignant l’inaction des autorités de l’Etat de l’Orissa et leur responsabilité dans les violences, les évêques demandent fermement au gouvernement de prendre les mesures nécessaires afin de protéger les chrétiens. Ils remercient également toutes les organisations internationales et les institutions chrétiennes qui se sont fait l’écho des persécutions et ont apporté leur soutien. Le texte de cette Lettre pastorale a été diffusé et lu dans toutes les paroisses, les écoles, les associations, les communautés religieuses et les institutions chrétiennes, à l’occasion de la Toussaint.