Eglises d'Asie

L’Eglise catholique condamne l’attaque de pentecôtistes par des hindouistes à Bombay

Publié le 18/03/2010




A Bombay (Mumbai), dans l’Etat du Maharashtra, jusqu’à présent relativement épargné par la vague de violences antichrétiennes qui a déferlé sur l’Inde depuis le 23 août dernier (1), des militants hindouistes ont attaqué une église pentecôtiste.

Le 15 novembre dernier, plus d’une trentaine d’extrémistes hindous ont fait irruption dans le lieu de culte de L’Eglise de Dieu (2) de Bhayander, une banlieue de la mégapole indienne. Alors que 150 chrétiens venaient d’assister au baptême de cinq adultes hindous nouvellement convertis, les assaillants ont frappé le pasteur Philip Fernandes, âgé de 50 ans, ainsi que plusieurs des fidèles qui s’étaient portés à son secours ; ils ont aussi vandalisé l’autel, le mobilier liturgique, les systèmes de ventilation et de sonorisation.

 

Le Rév. Fernandes a rapporté à l’agence Ucanews que le groupe était arrivé en hurlant des slogans. Puis « ils ont commencé à me rouer de coups de poings avant d’arracher mes vêtements ». La police locale a arrêté une vingtaine d’agresseurs et ouvert une enquête. Selon les médias locaux, les personnes interpellées ont déclaré à la police qu’elles avaient attaqué l’église et son pasteur parce que ce dernier pratiquait des « conversions forcées » d’hindous.

 

Le Rév. Fernandes affirme de son côté que les cinq fidèles qui ont été baptisés ce jour-là venaient régulièrement à l’église depuis de nombreuses années et que « personne n’a forcé quiconque à quoi que ce soit ». Quant aux nouveaux baptisés, ils ont porté plainte auprès de la police, certifiant avoir accepté de devenir chrétiens de leur « plein gré ».

 

Mgr Bosco Penha, évêque auxiliaire de l’archidiocèse catholique de Bombay, a condamné fermement l’agression. Le 16 novembre dernier, il a déclaré que les chrétiens font preuve d’une attitude « trop prudente et sur la défensive » lorsque les hindouistes les accusent de convertir les gens. « Il est temps pour nous d’affirmer notre droit fondamental à pratiquer et à répandre notre foi (…), ainsi que nous le garantit la Constitution. » Pour l’évêque, les attaques des chrétiens et des églises ne « sont pas sporadiques et semblent planifiées ». Il a ajouté : « Personne n’a le droit de se croire au-dessus des lois et les coupables devront rendre des comptes. »

 

Parmi les personnes interpellées se trouvent des membres du Shiv Sena (3), parti pro-hindou radical dont la capitale du Maharashtra est le quartier général. Le responsable local du Shiv Sena, Mukesh Mehta, a reconnu auprès d’Ucanews que certains de ses membres s’étaient rendus à l’église après avoir entendu dire qu’il y avait des conversions. « Comment pouvons-nous rester calmes lorsque des hindous sont en train de se convertir au christianisme ! », s’est-il exclamé.

 

Abraham Mathai, vice-président de la Commission pour les minorités du Maharashtra et également « superviseur régional » à Mumbai de L’Eglise de Dieu, a dénoncé la négligence des autorités policières à rechercher véritablement les coupables. Il a précisé que Bombay compte une quarantaine de lieux de culte pentecôtistes. Joseph Dias, responsable de l’ONG Catholic Secular Forum (CSF), établie dans la capitale du Maharashtra, a également demandé à ce que l’administration de l’Etat assure la sécurité de tous les lieux de culte. Le chef du CSF a accusé le gouvernement de fermer les yeux sur les dérives communautaristes à l’œuvre dans l’Etat. Il a déclaré vouloir organiser une grande manifestation si la police n’arrêtait pas l’ensemble des auteurs de l’attaque et si des indemnités n’étaient pas versées pour les dommages causés à l’église.