Eglises d'Asie

Noël sous haute surveillance en Orissa

Publié le 22/06/2010




A la suite des menaces lancées par le Sangh Parivar, nébuleuse hindouiste regroupant différents mouvements, qui avait appelé à une grande manifestation antichrétienne le jour de Noël, des mesures de sécurité sans précédents ont été prises en Orissa et la plupart des messes de minuit et du matin de Noël ont été annulées (1). Les jours précédant les fêtes de la Nativité, des responsables appartenant à différentes obédiences religieuses  …

… ou politiques avaient multiplié les démarches, tant auprès des autorités locales de l’Orissa que du gouvernement fédéral indien, afin que ne se renouvellent pas les attaques des derniers mois ni la tragédie de Noël 2007 (2). Le 20 décembre dernier, Mgr Raphaël Cheenath, archevêque de Cuttack-Bhubaneswar avait de nouveau rencontré Naveen Patnaik, ministre –président de l’Etat de l’Orissa, afin d’obtenir la confirmation que le gouvernement protégeait bien les chrétiens lors des célébrations de Noël.

Selon l’agence Ucanews, le gouvernement de l’Orissa a déployé, quelques jours avant le 25 décembre, environ 7700 membres de la Federal Central Reserve Police Force et de la Rapid Action Force (RAF), ainsi que 200 000 policiers, pour surveiller une trentaine d’églises au Kandhamal, le district le plus touché de l’Orissa depuis le début des violences antichrétiennes (3). Les attaques des hindouistes, qui ont débuté en août 2008, auraient fait selon les estimations officielles de l’Eglise locale, plus de 60 morts (d’autres sources ecclésiastiques font mention de plusieurs centaines de morts), plus de 50 000 réfugiés, détruit 4 500 maisons et une centaine d’églises.

Le vendredi 19 décembre, les responsables des mouvements hindouistes après avoir rencontré à leur tour Naveen Patnaik, ont annoncé la suspension de la manifestation prévue, contre la promesse du gouvernement de l’Orissa d’arrêter prochainement les meurtriers du Swami Laxmanananda Saraswati. Les violences antichrétiennes avaient en effet débuté le lendemain de la mort du chef religieux et leader du Vishwa Hindu Parishad (VHP), les hindouistes prétendant que les chrétiens étaient à l’origine de l’assassinat, bien que celui-ci ait été rapidement revendiqué par un groupe maoïste.

La récente arrestation de sept personnes activistes et sympathisantes maoïstes en tant que responsables de l’attentat du swami, semble avoir aidé à convaincre les responsables du Sangh Parivar d’annuler le bandh (4). Les leaders hindouistes auraient assuré cesser les hostilités durant Noël et les deux mois suivants.

Cependant, selon l’agence de presse indienne IANS (5), Ratnakar Chaini, président du groupe hindouiste Samiti (6), fer de lance de la lutte pour l’arrestation des assassins du swami Laxmanananda, a précisé dans une déclaration de presse après sa rencontre avec le ministre-président qu’« en surveillant étroitement la progression de l’enquête » le Samiti se réservait le droit de déclencher des troubles si la situation l’exigeait. Ratnakar Chaini a également appelé les hindouistes à des rassemblements de prière dans tout l’Etat, pendant le temps de Noël.

Au matin du 25 décembre, l’appréhension des autorités religieuses a fait place au soulagement. Aucun incident notable n’aurait été rapporté pour la nuit de Noël, avec seulement quelques barrages routiers démontés par la police et une personne interpelée, selon The Hindustan Times (25 décembre 2008). Le quotidien indien cite également Mgr Raphaël CHeenath, qui se réjouit que « tout se soit passé dans la paix ».

L’archevêque de Cuttack-Bhubaneswar a révélé que quelques églises du Kandhamal avaient bravé l’interdiction de célébrer des messes de minuit et que des offices de la nuit de Noël avaient également eu lieu dans les onze camps de déplacés de l’Orissa. Selon Ucanew, le soir du 24 décembre, le prélat s’est adressé plus particulièrement aux chrétiens réfugiés dans les camps ou dans la jungle, après avoir fui leurs villages dévastés. Il leur a rappelé les conditions précaires de la naissance de Jésus, et le fait que, comme eux, la Sainte Famille « n’avait pas d’endroit où aller » et était « rejetée et indésirable ». Puis l’archevêque les a encouragés à persévérer dans l’adversité et à « prier pour la paix ».