Eglises d'Asie

Supplément EDA 6/2009 : Synode des évêques à Rome Présentation de Mgr Thomas Menamparampil

Publié le 07/10/2011




 Du 5 au 26 octobre 2008 à Rome s’est tenu la XIIème assemblée ordinaire du Synode des évêques, réunis autour du thème « La Parole de Dieu dans la vie et la mission de l’Eglise ». Le 6 octobre, Mgr Thomas Menamparampil, archevêque de Guwahati, dans le nord-est de l’Inde, a présenté le rapport continental consacré à l’Asie. On en lira ci-dessous les principaux extraits.

 « La Parole s’est fait chair »

C’est en Asie que la Parole s’est faite chair. C’est à partir de là que Son message salvifique a été transmis dans toutes les directions […]. La Parole de Dieu a été reçue, méditée par des personnes et des communautés, et a pris la forme des traditions spirituelles asiatiques qui sont devenues l’héritage commun de l’Eglise primitive. Les premiers conciles de l’Eglise qui furent tenus en Asie ont approfondi la réflexion. Nous ne saurons jamais dans quelle mesure la richesse culturelle et la ferveur religieuse de l’Asie ont imprégné les concepts et les pratiques que nous considérons aujourd’hui comme faisant partie du patrimoine chrétien général, par exemple dans les domaines de la doctrine chrétienne, de la liturgie, du monachisme, de la discipline ecclésiastique, de l’esprit missionnaire et d’autres. Cela reste une partie indiscernable de notre patrimoine commun. En effet, nous ne pouvons pas ignorer le caractère spécifiquement asiatique de l’héritage chrétien primitif et biblique.

La Parole annoncée

L’Histoire nous raconte que les moines syriens ont apporté la parole de Dieu avec grand enthousiasme jusqu’en Perse, en Afghanistan, en Asie centrale, en Chine orientale et dans le sud de l’Inde […]. Il est prouvé qu’ils ont interagi avec les zoroastriens, les bouddhistes, les manichéens, les taoïstes, les confucéens, les hindous et les musulmans, ainsi qu’avec certains chefs des religions tribales parmi les Turcs, les Huns et les Mongols. Des communautés chrétiennes ont vu le jour dans des lieux aussi éloignés que Xi’an (en Chine). Les monastères sont devenus les centres du savoir et les forteresses de la théologie et de la spiritualité (par exemple, Edesse, Nisibis) […]. Toutes ces communautés comptaient dans l’ensemble au moins 70 millions de croyants chrétiens. Mais des forces hostiles qui se sont imposées plus tard dans les régions centrales de l’Asie ont fortement affaibli ou ont fait même disparaître un grand nombre de celles-ci. Cependant, les communautés du sud de l’Inde et de l’Asie occidentale existent toujours.

Résistance des civilisations

A part ces revers, d’autres raisons ont poussé les sociétés asiatiques à ignorer la proposition chrétienne. Comme les Athéniens, trop confiants dans leur sagesse philosophique, qui n’étaient pas très enclins à prêter attention à une proposition (le message de Paul) venant d’un autre contexte culturel, les chefs des civilisations avancées d’Asie ne pensaient pas avoir besoin de quoi que ce soit en plus de ce qu’ils avaient déjà atteint par leurs grands efforts intellectuels et leur recherche religieuse. Tout en gardant toujours une certaine curiosité pour les idées et les expériences venant de l’extérieur, ils étaient loin de songer que l’immense réserve de sagesse qu’ils avaient accumulée pouvait sérieusement exiger une révision ou un complément.

Même d’un point de vue historique, le fait que le christianisme ait été officiellement déclaré religion de l’Empire romain a fait comprendre aux Perses que la religion chrétienne était étroitement alliée de Rome, principale rivale et ennemie de la Perse. Depuis lors, l’image de la loyauté envers l’étranger est restée collée aux diverses communautés chrétiennes dans différentes régions d’Asie, de la période coloniale jusqu’à nos jours, surtout parce que le christianisme est devenu, dans l’esprit des personnes, fortement représentatif de l’Occident (1). C’est ce qui a fait que les classes dominantes ont résisté aux avances chrétiennes, tandis que des sociétés marginales, comme certains groupes ethniques plus petits, des communautés tribales, des pêcheurs, des minorités opprimées, des castes plus humbles ou des intouchables, qui voyaient la réalité sociale d’une perspective différente par rapport à celle des communautés dominantes, ont accueilli le pouvoir libérateur de la Bonne Nouvelle (Lc 4,18 ; Mt 5,3).

L’expansion chrétienne

Les œuvres accomplies ensuite par les missionnaires, provenant surtout du monde occidental, sont encore fraîches dans nos mémoires, notamment ce qui a été fait par des personnes aussi zélées que François Xavier, Alessandro Valignano, Alexandre de Rhodes, Jean de Britto, Joseph Vaz, Constant Lievens ; des personnes qui savaient comment s’adapter aux cultures, comme Robert De Nobili ou Matteo Ricci. Ces âmes héroïques et bien d’autres innombrables encore ont pénétré dans les régions les plus inaccessibles, se sont confrontées aux souverains les moins accueillants, ont surmonté d’immenses barrières culturelles, ont annoncé l’Evangile, créé des communautés, donné une forme écrite aux langues, fourni la littérature aux groupes linguistiques, poursuivi des études ethnologiques, présenté des communautés inconnues au monde entier, créé un intérêt envers les réflexions anthropologiques, sont intervenues en faveur des communautés opprimées, ont offert des services dans le domaine de la santé et de l’éducation et mis en place d’imposantes institutions, ont fait avancer les réformes sociales, introduit des sociétés entières à la modernité, semé des idées dans le cœur des personnes afin qu’elles puissent conduire la société vers la liberté et offrir une direction dans l’Eglise et dans le reste de la société. Ce sont enfin ces mêmes âmes qui ont amorcé une réflexion théologique dans divers contextes culturels, avec une certaine dose d’autocritique édifiante, en posant ainsi les fondements de la pensée missiologique d’aujourd’hui. L’Eglise actuelle en Asie est ce qu’elle est grâce à leurs services si généreux (2). La poursuite de ce travail est aujourd’hui entre nos mains.

La Parole traduite dans le vécu : témoignage

Depuis les débuts du christianisme, les évangélisateurs chrétiens avaient un pouvoir de persuasion car leur Parole se traduisait en action. Mère Teresa en est un exemple récent. [Les missionnaires] ont pénétré dans de nouveaux secteurs. Leurs services dans les domaines de l’éducation et de la santé sont énormément appréciés. Allant au-delà […], ils sont entrés dans les nouvelles formes de pauvreté : l’analphabétisme, le chômage, la violence urbaine, l’inégalité des sexes et des castes, le fœticide féminin ou la toxicomanie […]. Ils sont actifs dans la lutte en faveur de la justice pour les groupes opprimés, dans le travail pour le changement social, la promotion culturelle, la protection de l’environnement, la défense de la vie et de la famille, mais aussi dans la défense des faibles, des opprimés et des marginalisés, et en donnant la voix aux sans voix.

Même là où l’Evangile trouve plus de résistance, le témoignage évangélique d’œuvres socialement importantes est le bienvenu. Le service silencieux mais sincère a sa propre éloquence […]. Il y a des lieux en Asie où le message est mieux « dit à l’oreille dans les pièces les plus retirées » que « proclamé sur les toits » (Lc 12,3). Il s’agit d’un choix stratégique dans des situations où la liberté de religion est limitée, et non point d’une renonciation à son propre devoir, puisque le devoir de communiquer le message demeure. A cet égard, certains sont allés jusqu’au bout et ont témoigné les valeurs évangéliques et la cause du Christ au prix de leur propre vie.

La Parole continue à être proclamée

De grands efforts ont été accomplis en Asie pour rapprocher la Parole de Dieu des personnes. Depuis Vatican II, ces efforts ont été intensifiés. On connaît davantage la Bible et on a multiplié les traductions (3), dont maintes sont le produit d’une collaboration œcuménique […]. Les groupes d’études bibliques sont devenus plus nombreux : communautés chrétiennes de base, communautés ecclésiales de base, petites communautés chrétiennes, groupes charismatiques, associations de laïcs, groupes de jeunes, regroupements familiaux […]. Ils ont besoin d’être aidés car, sans conseils, un excès d’enthousiasme peut pousser les personnes à une libre interprétation des Ecritures, et même les croyants de longue date peuvent en arriver au point de quitter l’Eglise et de rejoindre certains groupes fondamentalistes […]. Il est intéressant de souligner que les jeunes en Asie représentent 65 % de la population.

La Parole nourrit la vie de prière et promeut la croissance de l’Eglise

« Athéniens, à tous égards vous êtes, je le vois, les plus religieux des hommes » (Ac 17,22).

Ces mots s’adressent à juste titre aux Asiatiques d’aujourd’hui, puisqu’ils continuent à donner de l’importance à leurs religions dans un monde qui se sécularise rapidement. « Malgré l’influence de la modernisation et de la sécularisation, les religions asiatiques donnent des signes d’une grande vitalité et sont capables de renouveau, comme on l’a vu dans des mouvements de réforme à l’intérieur des divers groupes religieux » (Ecclesia in Asia, 6). Dialoguer avec les membres de religions vivantes peut stimuler la foi de chacun. Le sens du sacré qu’ils favorisent est une grande ressource humaine.

[…] On enregistre une croissance importante de l’Eglise là où notre personnel apostolique (prêtres, religieuses et catéchistes) est activement engagé dans le travail missionnaire auprès de ‘communautés réceptives’, visite les villages et les foyers, prend des contacts personnels et de groupe à travers une interaction directe. Parmi de tels groupes, nous pouvons mentionner beaucoup de minorités ethniques (tribus) de différentes régions de Chine, des îles indonésiennes, de Birmanie, de Thaïlande, du nord-est de l’Inde et d’autres régions ayant répondu avec enthousiasme à cette façon de transmettre la Parole de Dieu. Et le message de Jésus résonne des cimes de l’Himalaya jusqu’aux océans les plus éloignés. Il résonne à nouveau en Asie centrale.

Préparation de ceux qui annoncent la Parole : foisonnement des vocations en Asie

Il est évident que ceux qui annoncent la « Parole » doivent recevoir une formation théologique et spirituelle sérieuse. La moisson est en effet abondante et, Dieu merci, le nombre d’ouvriers ne cesse d’augmenter. En Asie, les vocations naissent même dans les nouvelles communautés chrétiennes. Les séminaires et les maisons de formation se multiplient, ainsi que les instituts théologiques, les centres de formation pour catéchistes et d’autres institutions pour la formation de religieux et de laïcs. Ceux qui existent déjà élargissent leur champ d’action et diversifient leurs services.

En Asie, on comprend la vie religieuse, on reconnaît son importance, on apprécie sa contribution, et on respecte ses représentants […]. Les valeurs [des modèles indigènes de vie religieuse] comme la renonciation, l’austérité, le silence, la prière, la contemplation et le célibat jouissent d’une grande considération. De nouvelles congrégations et de nouveaux instituts de vie apostolique apparaissent, et de nouveaux mouvements religieux continuent à se développer parce qu’une telle tendance correspond au climat général dominant dans la société, où chaque religion se renouvelle et les guides spirituels sont très recherchés. En Asie, les religieux sont considérés comme les gardiens de la sagesse religieuse et humaine. Avec une formation adéquate, les jeunes religieux peuvent grandir et devenir des communicateurs efficaces du message chrétien.

Approfondir la réflexion théologique

« Dans le processus de rencontre entre les diverses cultures du monde, l’Eglise non seulement transmet ses vérités et ses valeurs, et renouvelle les cultures de l’intérieur, mais elle prend aussi en elles les éléments positifs qui y sont déjà présents » (Ecclesia in Asia, 21).

Le renforcement de la formation théologique implique aussi l’approfondissement d’une réflexion sur la Parole de Dieu dans le contexte asiatique marqué par la pauvreté et l’injustice, ainsi que par une pluralité de religions, de civilisations et de cultures. Il implique le recours à des catégories de pensée, des symbolismes, des traditions spirituelles qui ont un sens pour les Asiatiques. Il s’agit là d’un vrai défi pour celui qui enseigne la « Parole ».

Comme nous le savons, les mots ont une connotation différente selon le contexte culturel. Si celui qui enseigne est trop proche des expressions chrétiennes traditionnelles, le message pourrait ne pas être très compréhensible pour ceux qui sont en dehors du cercle des fidèles. Si son principal souci est de se faire comprendre par ces derniers, il risque de trop s’écarter des expressions originales et de donner lieu à des malentendus.

Or, il ne s’agit pas d’obstacles insurmontables. Et quand cela est fait après une étude sérieuse et une réflexion mûre, l’inculturation a lieu à un niveau très profond, puisque l’inculturation, ce n’est pas une question de signes extérieurs […].

Quand une civilisation est étroitement liée à une religion majeure (par exemple, l’islam, l’hindouisme, le confucianisme, le shintoïsme), il faudra être prudent dans l’emprunt à ces religions d’éléments convenus pour la foi et l’adoration. Si celui qui enseigne la « Parole » commence à utiliser des expressions que les adeptes de ces grandes religions considèrent comme les leurs, ces derniers pourraient interpréter une telle attitude comme une violation de ce qui est sacré à leurs yeux, et la communauté chrétienne pourrait être perçue comme imposée ou étrangère. L’initiative pourrait offenser aussi bien une communauté que l’autre. Au contraire, les expressions chrétiennes traditionnelles pourraient n’avoir aucun attrait pour la psyché collective d’une société à laquelle le message est adressé […].

Partager la Parole de Dieu dans les contextes de vie

Alors que la société moderne cherche une importance dans la religion pour y voir un sens […], c’est la profondeur spirituelle qui provient de l’expérience de Dieu que les Asiatiques recherchent. Celui qui pourra leur offrir cela attirera leur attention. L’expérience de Dieu dans ce contexte ne signifie pas une sorte d’expérience d’extase, mais se réfère à la sincérité et à l’authenticité, à la pureté, aux actes qui correspondent aux mots, à une humilité prouvée par un engagement en faveur du bien commun […].

La Bonne Nouvelle de Jésus a plus d’impact lorsqu’elle est partagée dans des contextes de vie réels. Une bonne partie de l’enseignement de Jésus qui est arrivé jusqu’à nous, nous a été donnée à l’occasion de rencontres humaines ordinaires […]. C’est ce qui se passe en Asie, d’une façon discrète mais efficace, grâce à l’effort de croyants chrétiens : un message de paix est apporté dans les situations de conflit, un message de justice aux communautés opprimées, de probité aux sociétés corrompues, d’égalité aux situations injustes (liées aux castes, aux classes, aux sexes, aux races ou à l’appartenance ethnique), un message d’aide aux affamés et aux pauvres […].

Dans de nombreux pays d’Asie, les chrétiens subissent une forte pression. La liberté est restreinte, les nouveaux convertis sont persécutés et la communauté des croyants l’est également, comme cela est arrivé dernièrement dans l’Etat indien de l’Orissa. Or, la patience manifestée par la communauté, la maîtrise dont elle a fait preuve, la modération de sa réaction, l’esprit de pardon…, tous ces éléments ont un pouvoir évangélisateur. L’engagement de la communauté chrétienne envers le bien commun et le vif intérêt porté aux questions fondamentales de l’humanité (la justice, la paix, la famille, l’environnement, la liberté, la loyauté, la solidarité, la sincérité, l’honnêteté, le respect de la vie, l’aide aux pauvres, le sens profond de responsabilité pour les affaires humaines) sont eux-mêmes éloquents. Ces questions ont un attrait universel et fournissent un langage que tout le monde comprend ; ils deviennent des porteurs efficaces du message de l’Evangile.

Pierre a exhorté : « Soyez toujours prêts à la défense contre quiconque vous demande raison de l’espérance qui est en vous, mais que ce soit avec douceur et respect » (1 P 3, 15-16).

Une grande partie de la première théologie chrétienne est issue des écritures des Pères de l’Eglise qui ont essayé d’expliquer la Foi à leurs amis mais aussi à leurs adversaires. C’est ce que l’on fait également aujourd’hui. En Asie, nos théologiens et nos penseurs chrétiens cherchent à adresser leur message tout aussi bien aux détracteurs de la religion qu’aux fondamentalistes, aux ultra-modernistes, aux penseurs radicaux, aux activistes, chrétiens ou non-chrétiens […].

L’Evangile produit des personnes spirituellement motivées

Les historiens commencent à remarquer qu’à des périodes données de l’histoire, l’athéisme peut naître d’un sens profond d’injustice dans une société croyante ; donc, certaines formes d’anticléricalisme et d’apostasie ont pu surgir à cause des échecs des hommes d’Eglise. Les hérésies et les schismes ont pu être aggravés par des distances culturelles. Dans les périodes de déséquilibres sociaux de l’histoire humaine, des transitions rapides ont lieu, conduisant même à des révolutions. Dans son histoire, l’Asie est en pleine phase de changements rapides et d’incertitudes : rejet de l’exploitation coloniale et acceptation des formes d’exploitation imposées, affirmation de son indépendance et acceptation de nouvelles formes de dépendance, avancement vers la démocratie et vers l’égalité économique et éloignement de celles-ci, passage à la modernité parallèlement à une réaffirmation puissante de sa culture traditionnelle.

Des changements ont lieu dans la société et les cultures traditionnelles, et les valeurs sont mises en question. Malgré tout cela, la religion ne semble pas s’affaiblir en Asie. Elle se manifeste sous de nouvelles formes, de temps en temps avec une touche politique. Le pluralisme de la pensée en Asie n’a pas mené à une sécularisation totale ni à un nihilisme, il nous a seulement appris le respect de l’un pour l’autre […].

Au milieu de toutes ces incertitudes politiques et sociales, la petite Eglise d’Asie n’offre pas aux personnes les illusions d’une nouvelle Utopie et ne promet pas de produire des surhommes. Elle recherche plutôt les façons de créer des personnes qui soient éthiquement et spirituellement motivées et des équipes de personnes qui soient sincèrement engagées à faire le bien de l’humanité. Et elle continuera à rappeler aux personnes leur éternel destin dans le Christ. L’Evangile continue à révéler sa force intérieure même au milieu de ces tensions sociales.

La Parole sacrée en Asie

Revenons à notre point de départ : la Parole de Dieu. Si les personnes admirent la grandeur et la force des œuvres chrétiennes, elles ne sont touchées et transformées que par la puissance de la Parole de Dieu. « La Parole sacrée » a un sens pour les Asiatiques parce qu’ils possèdent des textes antiques que l’on considère comme sacrés et faisant autorité, qui influencent profondément leur vie et leur culture : croyances, conduites, relations, cultes, principes moraux. On leur attribue la capacité d’indiquer la voie du salut. Ces textes que l’on considère comme saints ont un canon définitif et ne peuvent être interprétés que par des personnes autorisées (prêtres, moines, savants et conciles). Ils sont lus, chantés, psalmodiés, médités, répétés, mémorisés, représentés dans les icônes et calligraphiés. Ils doivent être compris par l’esprit, acceptés par le cœur et permettent de transformer les réalités humaines.

Une chose est sûre : l’Asie a toujours faim de religion. Cette ferveur toute asiatique pour la religion est un atout pour l’ensemble de l’humanité et non pas simplement pour le continent oriental. Les mouvements religieux sont plus profondément enracinés dans la psyché collective des communautés asiatiques que les mouvements politiques. Même les personnes qui ne veulent pas changer leur foi recherchent avidement une plus grande profondeur spirituelle. Les Asiatiques sont ouverts à la Parole de Dieu et la pensée biblique continue de toucher la vie des personnes, d’affecter les valeurs communautaires, de transformer les relations, de corriger les philosophies, d’influencer les plans pour l’amélioration sociale, car les Asiatiques savent que « ce n’est pas de pain seul que vivra l’homme ; mais de toute parole qui sort de la bouche de Dieu » (Mt 4, 4).

Puissent ces paroles se réaliser pour l’Asie d’aujourd’hui, « Il se fera dans les derniers jours que je répandrai de mon Esprit sur toute chair, alors vos fils et vos filles prophétiseront » (Ac 2,17). Puisse ce message toucher les limites du monde.