Eglises d'Asie

Des fidèles de la paroisse de Thai Ha exigent des médias officiels un rectificatif des informations erronées sur leur comportement, publiées lors du procès du 8 décembre

Publié le 25/03/2010




Les huit fidèles de Thai Ha récemment condamnés à des peines de prison et de rééducation avec sursis (1) continuent leur combat pour la vérité et la reconnaissance de leur innocence. Après avoir fait appel des peines qui leur ont été infligées le 8 décembre, certains d’entre eux ont entamé, le 22 décembre dernier, une action destinée à obtenir la rectification des rapports mensongers publiés…

… par les médias officiels sur leurs attitudes et déclarations au cours du procès. Dans un premier temps, une lettre a été envoyée à la télévision vietnamienne (VTV1) et au journal Ha Noi Moi, organe du Parti communiste vietnamien pour la ville de Hanoi. Elle demande la rectification des informations erronées publiées et annonce le dépôt d’une plainte dans le cas où le rectificatif n’aurait pas été diffusé au bout d’une semaine. L’avocat des huit accusés, Maître Lê Trân Luât, interrogé par Radio Free Asia et la BBC (émissions en vietnamien) a déclaré avoir déjà constitué le dossier de la plainte.

Le 8 décembre dernier, lors de leur procès pour destruction de biens et trouble à l’ordre public, aucun des huit fidèles n’avait reconnu sa culpabilité devant le tribunal populaire. A tour de rôle, chacun d’entre eux avait proclamé son innocence et déclaré que la double accusation portée contre eux ne pouvait en rien qualifier leurs activités lors des rassemblements de prières auxquels ils avaient participé depuis le 15 août 2008 sur le terrain de la paroisse accaparé par l’Etat. Or, les comptes-rendus du procès rendus publics par la télévision et par le Ha Noi Moi, le lendemain du procès, affirmaient, l’un et l’autre, que les accusés « avaient baissé la tête et reconnu leurs fautes ».

D’une façon générale, les articles de la presse officielle ont rendu compte du procès en s’inspirant uniquement du point de vue du Parquet. Pour le compte rendu des faits, ils se sont principalement appuyés sur l’acte d’accusation et ont tous, sans exception, absolument ignoré la plaidoirie de Me Lê Trân Luât, qui avait démontré, pièces justificatives à l’appui, le droit de propriété de la paroisse rédemptoriste sur le terrain accaparé (2). Les divers articles ont préféré insister sur les difficultés rencontrées par les accusés pour prouver, autrement que par un argument d’autorité, que le terrain contesté appartenait à la paroisse.

En ce qui concerne le point précis de la prétendue reconnaissance de leur faute par les accusés, plusieurs versions ont été présentées par la presse officielle. Le Ha Noi Moi, mis en cause par les huit fidèles, avait écrit dans son édition de la matinée du 9 décembre, que les accusés « avaient fait des aveux sincères, reconnu leur faute et demandé l’indulgence de la loi ». Cette même phrase a été utilisée telle quelle par plusieurs autres journaux comme, par exemple, le Viet Bao (9 décembre). Cependant, quelques-uns se sont montrés plus nuancés. Ainsi le Bao Dât Viêt (‘Journal de la terre vietnamienne’) du 9 décembre précise que si les accusés ont reconnu avoir abattu le mur de clôture du terrain contesté, le 15 août 2008, ils ont ajouté qu’il ne s’agissait pas là d’une infraction répréhensible puisque le terrain appartenait à la paroisse. Un article mis en ligne sur le site officiel bien connu Vietnamnet rapporte que « bon nombre des accusés » (sans préciser le nombre) ont continué avec obstination à nier leur faute. Le journal de la Sécurité de la capitale (An Ninh Thu Dô) (9 décembre) précise, lui, que cinq des accusés sur huit auraient reconnu leur faute. Certains journaux se sont abstenus de parler de reconnaissance de faute par les accusés. C’est le cas de ‘La vie de la loi’ (Doi Sông Phap Luât), qui insiste sur les raisons invoquées par les fidèles pour expliquer leur comportement. L’Agence officielle du Vietnam, Thông Tân Xa VN, se montre prudente en rapportant seulement les arguments de l’accusation. On trouve le même type de présentation dans l’organe officiel du Parti communiste vietnamien, le Nhâ Dân, qui se contente de la version officielle des faits et évite de parler de la réaction des accusés.