Eglises d'Asie – Inde
La Cour suprême ordonne au gouvernement de l’Orissa de protéger les chrétiens, sous peine d’être destitué
Publié le 25/03/2010
… cru en la justice de ce pays qui sait, quand il le faut, défendre les droits des minorités. » Le cardinal, président de la Conférence des évêques catholiques de l’Inde (CBCI), a remercié la Cour suprême d’avoir clairement réaffirmé la responsabilité de l’Etat de l’Orissa concernant les droits fondamentaux des minorités.
Mgr Stanislaus Fernandes, archevêque de Gandhinagar (Etat du Gujarat), secrétaire général de la CBCI, a, quant à lui, exprimé le vif soulagement qu’avait ressenti la communauté chrétienne, spécialement celle de l’Orissa. « Il est malheureux que la communauté chrétienne ait été victime de manœuvres malintentionnées de la part de quelques groupes radicaux », a-t-il dit, assurant que, malgré ces difficultés, l’Eglise continuerait sa mission auprès des pauvres et des opprimés, sans distinction de caste, de race ou de religion.
Cette décision de la Cour suprême faisait suite à une requête de Mgr Raphaël Cheenath, archevêque de Cuttack-Bhubaneswar, demandant que l’on assure la sécurité des chrétiens de son diocèse de l’Orissa, où, durant sept semaines, des groupes hindouistes avaient causé la mort de plus de 60 personnes et déplacé des milliers de familles (2). Mgr Cheenath a rappelé qu’environ 80 000 chrétiens continuaient à l’heure actuelle de vivre dans les camps de réfugiés mis en place par le gouvernement, pendant que des centaines d’autres erraient loin de leurs maisons et de leurs villages, dans la crainte de nouvelles attaques. Il a expliqué à l’agence Ucanews que les chrétiens qui voulaient revenir dans leurs villages n’avaient que le choix de devenir hindous ou d’être massacrés, ajoutant qu’il se réjouissait que la Cour suprême ait choisi d’utiliser le terme de « persécution » pour qualifier les violences perpétrées en Orissa.
« Nous sommes un pays laïc. Nous ne pouvons accepter que des minorités soient persécutées », ont en effet déclaré les trois juges, à la tête desquels se trouvait le président de la Cour suprême (‘Chief Justice of India’). « Si le gouvernement (de l’Orissa) est incapable de les protéger, il doit démissionner, a déclaré la Cour. Il est du devoir du gouvernement de l’Etat de protéger les communautés minoritaires. Vous (le gouvernement de l’Orissa) ne l’avez fait que lorsque 50 000 personnes de ces minorités ont dû fuir dans la jungle. »
Le gouvernement de l’Orissa, qui s’était engagé à juguler la violence antichrétienne dès ses débuts, le 24 août 2008, mais n’avait mis en œuvre aucun moyen pour la faire cesser, a été ces dernières semaines accusé de connivence avec les partis extrémistes hindous responsables des exactions. L’Etat de l’Orissa, dont 94 % de la population est hindoue (3), est gouverné par une coalition formée d’un parti régional et du Bharatiya Janata Party (BJP, Parti du peuple indien), pro-hindou. Le P. Babu Joseph, porte-parole de la Conférence des évêques de l’Inde, a déclaré à ce propos à Ucanews, le 7 janvier : « Même après tant d’attaques, il y avait une mauvaise volonté manifeste de la part des politiques. La directive de la Cour suprême est plus que bienvenue. »
Selon le quotidien The Hindu (4), la Cour suprême a demandé au gouvernement de l’Orissa de déployer, avec le ministère fédéral de l’Intérieur, les forces armées dans le district du Kandhamal, épicentre des violences contre les chrétiens, et ce, jusqu’aux élections prévues dans deux mois. Les juges ont également ordonné à l’Orissa de verser les indemnisations demandées pour les églises et bâtiments ecclésiastiques détruits par les hindouistes (5).