Eglises d'Asie

Les autorités locales d’un quartier de la ville de Son La ont décrété le couvre-feu pendant la nuit de Noël

Publié le 25/03/2010




Alors que, depuis les années 1990, les conditions de célébration du culte chrétien se sont considérablement améliorées dans l’ensemble de la moitié nord du Vietnam, une région faisait encore exception : la région montagneuse des trois provinces frontalières du Laos et de la Chine, au nord-ouest du Vietnam, à savoir Son La, Diên Biên et Lai Châu.

De nombreuses ethnies minoritaires y habitent, dont beaucoup se sont tournées assez récemment vers le christianisme. A l’approche de Noël et jusqu’au premier de l’An, la situation religieuse y est particulièrement tendue et les incidents sont fréquents. Les contrôles policiers sur les communautés chrétiennes, catholiques et protestantes, se multiplient en de nombreux endroits ; les rassemblements religieux et la venue de prêtres sont interdits. Selon un rapport publié par le prêtre chargé du laïcat dans le diocèse de Hung Hoa (1), duquel dépendent ces trois provinces, la situation s’est quelque peu améliorée en 2008 et les fêtes de fin d’année ont été célébrées dans un climat relativement satisfaisant avec, cependant, une exception de taille, celle de la communauté catholique de Son La, chef-lieu de la province du même nom. En effet, le président du Comité populaire du quartier où réside cette communauté a fait décréter le couvre-feu pendant toute la nuit de Noël sur tout le territoire qu’il administre.

Dans la nuit du 24 au 25 décembre, sans aucun avertissement préalable, le responsable municipal du quartier Quyet Thang, de l’agglomération de Son La, a fait interdire aux catholiques de sortir de chez eux et d’aller rendre visite à leurs proches sous le prétexte que l’ensemble du quartier était placé sous le régime du couvre-feu. Il s’agissait en réalité d’empêcher tout rassemblement religieux. A cet effet, des agents de la Sécurité, en armes, ont surveillé le quartier toute la nuit, pour faire respecter le couvre-feu et empêcher toute communication entre catholiques. Des touristes catholiques en quête de messe de minuit et des journalistes ont été témoins des agissements de la police.

Interrogé quelques jours après les faits par des journalistes de Radio Free Asia (1) sur les raisons de ce couvre-feu, le responsable municipal a répondu qu’il s’agissait d’une mesure destinée à assurer la sécurité de la population dont il était chargé. 100 % de ses administrés, a-t-il déclaré, se seraient engagés à le respecter. En réalité, il n’y a jamais eu d’ordre écrit et le couvre-feu n’a jamais fait partie des clauses d’une convention que le chef du quartier aurait fait signer aux habitants s’engageant à ne pas organiser de réunions de prière ou de rassemblements religieux et à ne pas se mettre en rapport avec des organismes religieux.

Selon le rapport publié par l’évêché de Hung Hoa, la fin de l’année 2008 a cependant été marquée par une certaine amélioration de la situation religieuse dans les trois provinces du nord-ouest vietnamien. En 2006, pour la première fois depuis que le diocèse a été fondé en 1895, l’évêque, Mgr Antoine Vu Huy Chuong, a pu faire une tournée générale des trois provinces en question, pour y rencontrer les autorités, les informer des besoins religieux, faire enregistrer les lieux de culte et les prêtres les desservant, à savoir le curé de Sa Pa et l’auteur du rapport, le P. Nguyên Trung Thoai. Des accords avaient été passés. Lors d’une nouvelle tournée au mois de mai 2008, l’évêque a pu constater que, malgré de très graves difficultés, un peu partout les communautés chrétiennes progressaient ; les fêtes de Noël ont pu être célébrées en divers lieux des trois provinces, sauf dans la ville de Son La, où les chrétiens, au courant des intentions des autorités locales, ont fait avertir le curé de ne pas se déplacer. Un autre prêtre venu de Hanoi à Son La dans la soirée du 24 décembre pour célébrer la messe, a dû y renoncer en raison du couvre-feu et n’a eu d’autre ressource que de retourner à la capitale.

La province de Son La compte aujourd’hui environ 3 000 catholiques vietnamiens auxquels il faut ajouter un millier de catholiques h’mongs, originaires de divers districts.