Eglises d'Asie

Les violences interreligieuses sont de plus en plus fréquentes, indique le rapport d’une ONG locale

Publié le 25/03/2010




Le 7 janvier dernier, alors que d’importantes manifestations avaient lieu dans le pays pour dénoncer l’offensive menée par Israël dans la bande de Gaza et protester contre la politique américaine de soutien à l’Etat hébreux, des militants islamistes ont organisé le blocus de la synagogue de Surabaya, deuxième ville du pays et chef-lieu de la province de Java-Est.

En présence d’importantes forces de police, qui observaient la scène, le lieu de culte a été rendu inaccessible à la petite communauté juive de la ville, sans toutefois qu’aucun de ses membres ne soit victime de voie de fait.

Pour un certain nombre d’observateurs en Indonésie, ce dernier incident témoigne de la montée des violences interreligieuses dans le pays. Dans son édition du 14 janvier, le Jakarta Post fait état de la récente publication d’un rapport écrit par une ONG locale, Setara Institute for Democracy and Peace. Intitulé « Rapport 2008 sur l’état de la liberté de religion et de croyance en Indonésie », le texte souligne notamment que les violences, principalement mises en œuvre par les groupes islamistes, prennent d’autant plus d’ampleur que l’Etat n’assume pas son devoir et participe même à ces violences.

Avocat spécialisé dans la défense des droits de l’homme, le président de Setara, Hendardi, dénonce la fermeture de la synagogue de Surabaya comme un acte ressortant « clairement de la violence religieuse » et ne pouvant être toléré par la démocratie indonésienne. En 2008, le nombre des cas de violence religieuse a été multiplié par deux, en comparaison de l’année précédente, passant de 135 à 265 cas répertoriés par les juristes de Setara. Une telle augmentation est due « à l’augmentation des persécutions contre les ahmadiyas par les organisations islamistes qui ont fait pression sur le gouvernement pour obtenir la signature d’un décret présidentiel interdisant cette secte minoritaire », peut-on lire dans le rapport. De fait, soulignent toujours les auteurs du rapport, le nombre des attaques contre les mosquées et les habitations des ahmadiyas n’a commencé à décroître que lorsque l’exécutif indonésien a émis un décret limitant les libertés de ces musulmans considérés comme déviants par les tenants de l’orthodoxie musulmane (1).

L’une des particularités des violences commises en Indonésie est que les autorités gouvernementales en sont partie prenante. En effet, analyse le rapport, les 265 affaires de violence religieuse mettent en œuvre 367 cas de violations de la liberté de croyance et de religion. « Sur ces 367 cas, l’Etat, que ce soit par directement ou indirectement – par omission –, est impliqué à 188 reprises », a expliqué Hendardi. La police, les autorités municipales ou de district ou bien encore les tribunaux sont impliqués. Parallèlement, on constate une augmentation des violences causées par des individus ou des groupes ; ce qui est inquiétant, a souligné le président de Setara, est qu’on constate aujourd’hui que ces personnes et ces groupes n’hésitent plus à passer à l’acte.

Parmi les organisations islamistes nommément citées dans le rapport, figurent le Front des défenseurs de l’islam, connu pour ses opérations coup de poing contre des cibles considérées comme déviantes ou contraire à l’islam orthodoxe, et le Conseil des oulémas indonésiens, dont les avis justifient un certain nombre d’islamistes dans leur recours à la violence.