Eglises d'Asie

Kontum : des religieuses montagnardes recueillent et éduquent les enfants pauvres des Hauts Plateaux

Publié le 25/03/2010




Dans le hameau de Konhrachot à Kontum, sur les Hauts Plateaux du Centre-Vietnam, une maison appelée « Foyer Vincent 2 » abrite quelque 200 enfants des diverses ethnies minoritaires habitant la région, à savoir les Bhanars, les Sedangs, les M’nongs, les Jaraïs et un certain nombre d’autres. Ces enfants ne sont pas tous orphelins. Certains d’entre eux ont encore un père ou une mère, …

… des membres de leur famille. Ils ont été recueillis au foyer parce que leurs parents, malades ou handicapés, ne pouvaient plus subvenir à leurs besoins. Ce qui est certain, c’est qu’ils appartiennent tous à des familles extrêmement pauvres d’un certain nombre de districts de la province.

Le foyer est pris en charge et géré par cinq religieuses montagnardes, appartenant à une congrégation qui recrute uniquement des jeunes filles des ethnies minoritaires, la congrégation Notre-Dame de la Médaille miraculeuse. C’est la seule communauté religieuse de ce type au Vietnam. La principale responsable du foyer, Sœur Gông, appartient à l’ethnie Sedang. Avant de recevoir cette charge, elle s’occupait de l’assistance aux lépreux de la région. Sœur Gông, interrogée par un journaliste de Radio Free Asia (RFA), a donné quelques détails sur l’histoire et la vie de son institution (1).

Le « Foyer Vincent 2 » a fonctionné jusqu’en 1972 à Dahk To, à l’autre bout du diocèse, à quelque 100 km de Kontum. A cette époque, à cause de la guerre, le foyer a été obligé de se déplacer jusqu’au hameau de Konhrachot, à Kontum, où il se trouve maintenant. A l’heure actuelle, la maison est loin de manquer de pensionnaires, même si les religieuses ne procèdent à aucun recrutement particulier. Ce sont leurs compatriotes des villages alentours qui leur amènent, la plupart du temps par l’intermédiaire du prêtre chargé de la pastorale de la région, les enfants sans foyer ou appartenant à des familles incapables de les élever. Aujourd’hui, en milieu montagnard, ces cas sont loin d’être rares. Les 200 petits pensionnaires de la maison sont encadrés par les cinq religieuses, deux instituteurs montagnards chargés de leur dispenser des cours supplémentaires et deux jeunes Vietnamiennes, anciennes orphelines qui ont voulu rester au foyer au service des orphelins.

Selon la description faite par le journaliste de RFA, la propriété du foyer serait relativement vaste mais les locaux sont peu confortables et beaucoup trop exigus pour leurs 200 pensionnaires. La religieuse responsable lui a confié que si, en saison sèche, la maison était habitable, à la saison des pluies, l’eau y pénètre de partout, provoquant une dégradation progressive des lieux. Depuis la Libération (30 avril 1975), aucune réparation ni aucune construction n’a été réalisée. Les finances font cruellement défaut. La gestion et le financement du foyer sont entièrement à la charge des religieuses. Les autorités locales se contentent de leur faire deux visites par an, à l’occasion du Nouvel An et de la fête de la mi-automne (fête des enfants). Le foyer n’a pas de source de financement régulier. Des bienfaiteurs privés envoient des dons alimentaires. Une ONG françaises parraine 60 enfants, ce qui permet de faire vivre l’ensemble de l’institution. Une aide supplémentaire est fournie par un certain nombre de personnes généreuses du pays ou de l’étranger. Enfin, des légumes cultivés sur place, des porcs et de la volaille élevés par les religieuses et les pensionnaires de la maison, constituent un appoint alimentaire non négligeable.

Tout cela permet, dit la religieuse, de faire vivre très modestement l’ensemble des pensionnaires et de les sauver de la misère qu’ils auraient connue dans leur village. Mais l’avantage principal que donne le foyer à ces enfants est la possibilité de continuer leurs études. Ils les poursuivent dans les écoles maternelles, primaires et secondaires du gouvernement. Les pensionnaires sont encouragés à aller jusqu’à la 12e (correspondant à la classe terminale française). Mais au Vietnam les études ne sont pas gratuites et le financement des petits écoliers constitue une inquiétude supplémentaire pour les responsables du foyer. Une autre source de préoccupation est l’avenir des pensionnaires à la fin de leurs études, surtout lorsqu’ils ont échoué aux examens sanctionnant la fin du secondaire.