Eglises d'Asie

Une délégation du Saint-Siège se rendra au Vietnam le 16 février 2009 pour y rencontrer la communauté catholique et négocier avec les autorités civiles

Publié le 25/03/2010




Selon des sources romaines autorisées, en lien avec Hanoi (1), les dates du 16e voyage au Vietnam de la délégation du Saint-Siège chargée des négociations avec les autorités civiles ont été arrêtées. La visite aura lieu du 16 au 21 février 2009. Le groupe de représentants romains sera conduit par Mgr Pietro Parolin, de la secrétairerie l’Etat. Mgr Barnabé Nguyen Van Phuong, …

… prélat d’origine vietnamienne qui a participé à tous les voyages précédents, sera remplacé par un prêtre appartenant à la Congrégation pour l’Evangélisation des peuples. Il est prévu que le groupe romain participe à des séances de négociation avec le ministère des Affaires étrangères et le Bureau gouvernemental des Affaires religieuses. Il rencontrera aussi des représentants de la Conférence épiscopale du Vietnam. Les membres de la délégation du Saint-Siège effectueront également la visite de deux diocèses du Nord, Thai Binh et Bui Chu, autrefois administrés par les dominicains.

Comme à l’accoutumée, les thèmes qui seront abordés au cours de ces rencontres bipartites n’ont pas été révélés à l’avance. On peut cependant penser que la question de l’établissement de liens diplomatiques entre le Vietnam et l’Etat du Vatican sera posée, sinon traitée. Lors du voyage de 2008, au cours de la rencontre avec le Vice-Premier ministre Pham Gia Kiem, les deux parties avaient convenu que des organes compétents (non déterminés avec précision) proposeraient un programme de travail. Il semble que, jusqu’ici, les négociations aient peu avancé. En tout cas, au cours de l’année écoulée, aucune annonce officielle n’est venue apporter d’informations complémentaires à ce sujet.

Pour sa part, ces douze derniers mois, le Saint-Siège a multiplié les signes de sa volonté d’améliorer les relations entre les deux Etats. Le plus éclatant est la lettre écrite par le cardinal Bertone, le 20 janvier 2008, proposant à l’archevêque de Hanoi de mettre un terme aux manifestations de prière des catholiques de Hanoi pour la récupération de l’ancienne Délégation apostolique. La lettre avait désamorcé pour un temps une affaire qui menaçait d’être explosive. Il faut remarquer que les autorités vietnamiennes n’ont exprimé aucune forme de réaction à ce sujet et que le Saint-Siège n’a pas renouvelé son initiative lorsque les affaires se sont envenimées à nouveau à partir du 15 août 2008.

Les réunions entre les représentants de Rome et ceux du gouvernement vietnamien ne pourront vraisemblablement pas ignorer les deux affaires qui ont défrayé la chronique en 2008, à savoir les manifestations de catholiques pour la récupération des terrains de l’ancienne Délégation apostolique et celles de la paroisse de Thai Ha. La lettre du Saint-Siège écrite le 20 janvier n’aura eu aucune influence sur le comportement des autorités civiles vietnamiennes. Contrairement aux vœux exprimés par le cardinal Bertone, les deux affaires se sont achevées sans négociations ni dialogue, par une mesure autoritaire et violente du gouvernement vietnamien. En transformant les terrains de l’Eglise réclamés en jardins publics, celui-ci est passé en force. De plus, les médias officiels, entre les mains du pouvoir, ont, à cette occasion, présenté une image calomnieuse de la communauté catholique de Hanoi, de son pasteur, Mgr Ngo Quang Kiêt, et des religieux rédemptoristes de la paroisse de Thai Ha. Le 8 décembre dernier, un procès a condamné huit des catholiques impliqués dans les manifestations de Thai Ha à des peines, certes légères. Lors de la venue des ecclésiastiques romains à Hanoi, le 16 février prochain, le procès en appel sera sur le point d’être jugé. Il est probable qu’il en sera question dans les débats.

De bruits circulent à Hanoi selon lesquels, pendant les négociations, le gouvernement, par l’intermédiaire des Affaires étrangères et du Bureau des Affaires religieuses, ferait pression sur la délégation du Saint-Siège, pour que celui-ci écarte l’archevêque de Hanoi de son siège actuel. Le 23 septembre 2008, une proposition dans ce sens avait été faite par la municipalité de Hanoi à la Conférence épiscopale, laquelle avait refusé avec éclat (2).

Comme d’habitude, les problèmes posés par la nomination de nouveaux évêques occuperont une large part des débats entre les deux parties. Deux sièges épiscopaux sont encore vacants : à Phat Diêm, Buôn Ma Thuôt. Des évêques, comme ceux de Thai Binh et de Vinh, ayant dépassé l’âge de la retraite depuis longtemps, ont remis leur démission au Saint Père, mais ils n’ont pas encore de remplaçants.