Eglises d'Asie

Avec le décès du cardinal Kim disparaît un des « géants » de l’Eglise catholique en Asie

Publié le 25/03/2010




Agé de 86 ans, le cardinal Stephen Kim Sou-hwan, archevêque émérite de Séoul, est décédé le 16 février 2009. L’annonce de sa mort a été diffusée par l’archidiocèse de Séoul : le cardinal est mort à 18h12 (heure locale), à l’hôpital Sainte-Marie de Kangnam, à Séoul. La dépouille du cardinal a par la suite été transportée à la cathédrale Myeongdong, où elle a été veillée jusqu’à ses funérailles (1).

Avec le décès du cardinal, le premier évêque coréen à accéder au cardinalat, disparaît un des géants de l’Eglise catholique en Asie, une personnalité qui a marqué l’histoire de son Eglise et de son pays.

Stephen Kim a vu le jour le 8 mai 1922 dans la ville de Taegu, à une époque où son pays était colonie du Japon. Après avoir été contraint, alors séminariste, de servir sous le drapeau japonais, il sera ordonné prêtre le 15 septembre 1951, alors que la guerre de Corée faisait rage (1950-1953). Il deviendra évêque de Masan en 1966. Le pape Paul VI le transfère sur le siège de Séoul en 1968, avant de l’élever au cardinalat l’année suivante. Le cardinal Kim devient ainsi le premier cardinal coréen et, à 46 ans, il est aussi, à l’époque, le plus jeune cardinal de l’Eglise catholique dans le monde.

A la fin des années 1960, l’Eglise catholique achève de voir ses structures « coréanisées » et le cardinal Kim va imprimer sa marque personnelle à l’Eglise en Corée. Il choisit de l’engager concrètement dans la société pour répondre aux grands problèmes sociaux : développement économique, justice sociale et démocratisation politique. En 1968, lors de son message inaugural en tant qu’archevêque de Séoul, Mgr Kim appelle l’Eglise en Corée « à abattre les hauts murs derrière lesquels elle est enfermée pour se porter au cœur de la société », afin d’être une Eglise au service des pauvres en fidélité à l’enseignement du concile Vatican II.

Les choses n’iront pas d’elles-mêmes car le corps épiscopal et le clergé coréens ne forment pas un front uni sur ces questions. Plus la position des militaires, alors au pouvoir, se durcit, plus la démocratie et les droits de l’homme seront menacés. Au sein de l’Eglise, des groupes de prêtres vont émerger, qui forceront le gouvernement à modérer ses atteintes aux droits de l’homme et, surtout contribueront à sensibiliser l’opinion publique. Plus tard, une fois la démocratie politique acquise, le cardinal Kim saura garder l’unité de l’Eglise catholique en Corée en accompagnant les luttes sociales qui marqueront la fin des années 1980 et les années 1990 pour un meilleur partage des fruits de la croissance économique. Le parvis de la cathédrale Myeongdong est ainsi resté dans les mémoires comme le lieu-symbole des manifestations populaires, un parvis très longtemps occupé par des manifestants de tout genre, le plus souvent sans appartenance chrétienne mais désireux d’organiser là leurs luttes.

A l’âge de 76 ans, le cardinal Kim démissionnera de ses responsabilités en 1998. A la tête d’une Eglise réunissant aujourd’hui 9 % de la population du pays, le cardinal était perçu, dans l’esprit des Coréens, comme le gardien des droits de l’homme et de la démocratie.

Attentif aux autres Eglises en Asie, le cardinal Kim a été parmi ceux qui ont contribué à fonder la FABC, la Fédération des Conférences épiscopales d’Asie, et il s’est attaché plus particulièrement à renouer les fils du dialogue entre les peuples japonais et coréen, notamment par le biais de rencontres entre les deux épiscopats. En 1998, lors du Synode des évêques pour l’Asie, à Rome, il était l’un des trois cardinaux à présider les échanges (2).

Le cardinal Kim a rédigé de nombreux ouvrages, dont Justice sociale, Prières pour la paix, Dieu est Amour, La paix pour cette terre, Vivre comme un être humain, et ses mémoires Aimons-nous les uns les autres. Francophone, il était membre honoraire de la Société des Missions Etrangères de Paris.