Eglises d'Asie – Népal
Les communistes marxistes introduisent Bouddha dans leur panthéon
Publié le 25/03/2010
… avec eux des accords de coalition au sein du gouvernement actuel (2).
Après l’institution des kumaris (2), les déesses vivantes que le gouvernement nomme désormais à la place des prêtres du culte, puis le scandale déclenché par leur tentative d’éviction des prêtres indiens hindous de Pashupatinath (3), c’est au tour du Bouddha, révéré par plus de 11 % de la population népalaise, de servir d’enjeu pour les factions communistes rivales.
Selon l’agence IANS (4), le Parti communiste du Népal marxiste-léniniste unifié (UML), qui se réunissait à partir du 16 février à Butwal, dans le sud du Népal, afin d’élire ses nouveaux représentants, a essuyé de très vives critiques de la part des maoïstes, qui n’hésitent plus à les qualifier de « déviationnistes ».
Afin de célébrer son huitième congrès avec le faste qui convient, l’ULM avait fait réaliser les effigies de ses leaders nationaux et internationaux. Les figures de Vladimir Lénine et de Karl Marx côtoyaient fraternellement celles de leaders communistes tels Manmohan Adhikari ou Madan Bhandari, émergeant d’un rocher, à l’imitation des « Pères fondateurs » américains du Mont Rushmore (5).
La surprise est venue de la présence, plutôt inhabituelle, d’une statue du Bouddha grandeur nature dans ce panthéon communiste. Toujours en l’honneur du fondateur du bouddhisme, la cérémonie d’ouverture de la cession de six jours du meeting communiste s’est articulée autour de l’arrivée d’une torche acheminée par relais depuis Lumbini, proche de la frontière indienne, considérée comme le lieu de naissance du Bouddha, il y a 2 500 ans environ.
Choqués par la place majeure accordée au Bouddha au congrès de l’UML, les maoïstes ont accusé leurs adversaires d’avoir fait du communisme un sujet de moquerie. « L’ULM a ridiculisé le mouvement communiste en plaçant la statue du Bouddha aux côtés de Marx et de Lénine, a-t-on pu lire dans le quotidien Janadisha, considéré comme l’organe de presse officiel du PCN. Maintenant, ce parti qui ose se qualifier de communiste fait ériger la statue d’un chef religieux à son congrès et lui rend le même honneur que celui réservé à ses philosophes et ses leaders. »
Le quotidien, interdit pendant les dix années de lutte armée contre le pouvoir royal du Népal, a également affirmé que la présence du Bouddha géant avait fortement contrarié certains membres de l’UML. Sans les nommer, le journal a prétendu que ceux-ci avaient déclaré que « l’ULM avait insulté Marx et Lénine en plaçant Bouddha au milieu d’eux ». Toujours selon le quotidien, ces mêmes militants auraient également dit que cela prouvait que l’ULM était passé d’une politique athée à une politique religieuse.
Ce règlement de compte à propos du Bouddha entre les deux factions communistes se produit peu de temps après que le Népal se soit enflammé contre un film indien de production bollywoodienne, dont l’une des scènes suggérait que le fondateur du bouddhisme était né en Inde. Le 22 janvier, le ministère de l’Intérieur népalais interdisait pour tout le pays la diffusion de la comédie « Chandni Chowk to China » de Nikhil Advani, en raison de « l’importance des mouvements de protestation » qui se produisaient au Népal, bien que la scène contenant les propos « offensants » ait été coupée par la censure (6).
Parallèlement, les mouvements étudiants du parti maoïste (All Nepal Students Union) avaient brûlé des exemplaires d’un livre en anglais mis au programme de l’Université Tribhuvan de Katmandou, lequel affirmait lui aussi que Siddarta Gautama dit le Bouddha était « né dans le nord de l’Inde ». Les étudiants maoïstes avaient alors clamé qu’il s’agissait d’une « attaque contre la souveraineté du Népal ».
En conclusion de ces incidents qui ont secoué le pays, les moines bouddhistes et les intellectuels népalais ont demandé au gouvernement maoïste de faire réaliser un documentaire afin d’informer le monde entier du fait que le fondateur du bouddhisme est né au Népal.