Eglises d'Asie

Bornéo : des jeunes s’engagent à lutter contre la violence, la corruption et la destruction de l’environnement

Publié le 25/03/2010




Le 28 février dernier, à Samarinda, chef-lieu de la province de Kalimantan-Est, dans la partie indonésienne de l’île de Bornéo, 70 jeunes appartenant à des groupes catholiques, protestants et musulmans ont participé à un rassemblement sur les thèmes de la corruption, de la violence et de la destruction de l’environnement. La session intitulée Youth Voice II était organisée…

… par la Commission pour la jeunesse de l’archidiocèse catholique de Samarinda, et consistait en une série de conférences entrecoupées d’intermèdes musicaux et artistiques.

Revenant sur le succès du rassemblement, le P. Yohanes Kopong Tuan, missionnaire de la Sainte Famille (1), à la tête de la Commission pour la jeunesse, a expliqué à l’agence Ucanews (2) que cette deuxième session (Youth Voice I s’était tenu en 2006) s’inscrivait dans le prolongement du Rassemblement national des jeunes catholiques d’Indonésie et du Grand synode de l’Eglise catholique en Indonésie (2005) où les mêmes thèmes avaient été abordés.

Les diocèses communiquent déjà depuis de nombreuses années auprès des jeunes sur ces sujets cruciaux en organisant des débats et des campagnes de sensibilisation. La Commission pour la jeunesse de Samarinda prévoit également des manifestations à l’échelon paroissial.

Lors de la session, Antonius R. Haryo Widjono, qui intervenait au nom de la Commission diocésaine pour le développement socio-économique, a cité les chiffres de la Commission nationale pour l’éradication de la corruption. Pour la seule province de Kalimantan-Est, 395 cas de corruption ont été signalés en 2007 et seulement 140 d’entre eux ont donné lieu à des poursuites.

Un autre intervenant, Isal Wardhana, responsable de la section Kalimantan-Est du Forum indonésien pour l’environnement, s’est exprimé sur les graves problèmes que pose le développement des plantations de palmiers à huile à Kalimantan. L’Indonésie, qui vient tout juste de se hisser au premier rang mondial des producteurs d’huile de palme, pratique la culture intensive des palmiers à huile, essentiellement sur les îles de Sumatra et de Bornéo. Ces cultures, réalisées à grande échelle et au détriment des populations locales qui sont la plupart du temps expropriées et exploitées, ont des conséquences écologiques dramatiques : disparition des forêts primaires, extinction d’espèces animales (comme l’orang-outang, ‘homme de la forêt’ en malais), épuisement des sols, augmentation du réchauffement climatique, recrudescence des inondations. Kalimatan, aux yeux des ONG de protection de l’environnement, est considérée comme la région la plus touchée, autant par la destruction des ressources naturelles et la pollution des eaux que par l’ampleur de la spoliation des terres cultivées par les populations indigènes (3).

Le but de la rencontre étant de faire prendre conscience aux jeunes des problèmes les plus importants de la société dans laquelle ils vivent, il importait aux organisateurs de toucher le plus large public possible. Vincensius Norang, l’un des responsables de la session, explique que « c’est la raison pour laquelle des jeunes d’autres religions ont été invités ».

Très mobilisés au sujet des enjeux de la lutte contre ces fléaux, les jeunes participants de Youth Voice II se sont déclarés fermement décidés à agir : « Je vais organiser une réunion dans le village, spécialement avec les jeunes, pour les mettre au courant de cette situation de corruption généralisée », assure Arnoldus Luwig, de la paroisse Sainte-Marie à Long Hubung. Quant à Bernadetha Ditha, paroissienne de Saint-Joseph à Bontang, elle déclare vouloir particulièrement lutter contre les violences domestiques : « Je vais convaincre les gens de mon village de déclarer toute forme de violence à la police. » Yuliati Song, un autre participant de Long Hubung, a en tête un projet pour lutter contre la déforestation : « Je vais proposer à tous les gens de mon village de planter des arbres. »

A l’issue de la session, les jeunes se sont engagés solennellement : « Nous promettons de ne jamais participer à aucune forme de violence ou de corruption. Nous promettons de participer activement à la protection de l’environnement. »