Eglises d'Asie

La police de Hô Chi Minh-Ville empêche l’avocat des fidèles de Thai Ha de se rendre à Hanoi pour défendre ses clients

Publié le 25/03/2010




L’avocat défenseur des huit accusés de la paroisse catholique de Thai Ha, à Hanoi, Me Lê Trân Luât, a été, le 3 mars 2009, « convié à un interrogatoire » par la police, dans l’aérogare de Tân Son Nhât, à Saigon, alors qu’il s’apprêtait à prendre l’avion pour Hanoi, où il devait effectuer diverses démarches relatives au procès en appel de ses clients et à la plainte déposée par eux…

… contre deux médias officiels pour informations erronées (1).

Il était 6 heures du matin (heure locale) et l’avocat se préparait à embarquer lorsque des agents des forces de l’ordre l’en ont empêché au motif qu’il était « invité à une séance de travail ». Une dizaine de policiers l’attendaient dans la salle de sécurité de l’aérodrome où il a été ensuite conduit. Aux questions de l’avocat les interrogeant sur le motif de cette intervention, les policiers ont répondu qu’ils obéissaient aux ordres et qu’ils étaient chargés de le ramener à son cabinet de Saigon après la « séance de travail ». Vers le milieu de la matinée (heure locale), l’avocat se trouvait encore dans les locaux de la Sécurité de l’arrondissement de Go Vâp.

Depuis plusieurs jours, une campagne de déstabilisation était menée par les autorités policières contre cet avocat de Saigon, brillant défenseur de la cause des huit fidèles de la paroisse de Thai Ha (2). Le 10 février dernier, l’ordre des avocats du barreau de la province de Ninh Thuân l’avait averti que des accusations étaient portées contre lui pour infractions commises dans l’exercice de sa profession. Le 24 février, le journal de la Sécurité de l’Hô Chi Minh-Ville avait publié un article dénonçant de prétendus contrats frauduleux passés par le cabinet de l’avocat à Saigon. Le lendemain, alors que Me Luât était à Hanoi, une perquisition était effectuée à son cabinet, à Saigon, par des agents de la Sécurité de l’arrondissement de Go Vâp.

Le prétexte de cette intervention était l’exécution d’une mesure de contrainte administrative à l’encontre du cabinet, portant sur la récupération d’une somme de 42 millions de dôngs (environ 2 000 euros). Dans un conflit financier opposant le cabinet de l’avocat à une entreprise vietnamienne, une décision de conciliation du tribunal avait obligé le cabinet à verser cette somme à l’entreprise. La somme avait été rassemblée et déjà proposée au tribunal, qui avait renvoyé le règlement à plus tard. Or, brusquement, le 24 février, une mesure de contrainte administrative était émise au sujet du règlement de cette somme. C’est cette mesure qui était prétendument exécutée le 25 février, mais les policiers refusèrent de prendre la somme d’argent, pourtant déjà prête, et repartirent avec un certain nombre d’ordinateurs contenant toute la documentation du cabinet.

L’intervention du 3 mars est venue confirmer que l’action policière menée contre l’avocat vise en réalité son activité au service des fidèles de Thai Ha et d’autres dissidents dont il défend la cause.