Eglises d'Asie

Le journal de la capitale rejette la demande de rectification d’informations erronées déposée par deux fidèles de Thai Ha condamnés le 8 décembre dernier

Publié le 25/03/2010




Après une longue période de tergiversations, après avoir convoqué à plusieurs reprises, ensemble et séparément, les deux plaignantes, le journal Ha Noi Moi, dans un article daté du 28 février dernier, a, publiquement et avec une certaine hauteur, refusé de rectifier une information publiée au lendemain du procès de huit fidèles de la paroisse de Thai Ha pour destruction de biens…

… et troubles à l’ordre public. Le journal, ainsi que la chaîne de télévision de Hanoi, avait affirmé que les coupables avaient reconnu leur faute en baissant la tête devant le jury – ce que les fidèles condamnés avaient vivement contesté. Une demande de rectification de l’information avait été envoyée aux deux médias officiels tandis qu’une plainte en justice était déposée par deux des fidèles condamnés avec sursis, Mmes Nguyên Thi Viêt et Ngô Thi Dung.

La veille de la publication de l’article, le journal avait envoyé une réponse personnelle aux deux signataires de la demande de rectification, les informant de son refus de reconnaître une quelconque déformation des faits. L’article, intitulé : « Elles ne sont point encore revenues sur leur erreur », passe rapidement sur l’accusation précise portée contre le journal et s’acharne à montrer que la condamnation prononcée par le tribunal est totalement justifiée, voire indulgente, et que les délits commis par les accusés du procès du 8 décembre 2008, à savoir « destructions de biens et troubles à l’ordre public » ont été rapportés avec fidélité par le journal. Les auteurs de l’article, signé « un groupe de journalistes », s’étonnent de voir les plaignantes, fraîchement condamnées et encore en période de probation, persister dans leur refus de reconnaître leur faute.

L’article du journal de la capitale a donné lieu à une vigoureuse réaction de la communauté catholique de Thai Ha, qui s’est exprimée à ce propos, le 4 février 2009, sur son site Internet. Le texte retourne contre le journal l’accusation contenue dans le titre de l’article et vilipende son personnel pour sa complète soumission aux consignes du tout-puissant Bureau de propagande et d’éducation, chargé de fournir à l’ensemble de la presse les orientations à suivre pour traiter les faits qualifiés de « sensibles ».

C’est en effet ce bureau qui a décidé de l’attitude du journal dans cette affaire, selon les déclarations mêmes du personnel du journal aux plaignantes. Ce n’est qu’après avoir reçu son avis que le journal a convoqué celles-ci à tour de rôle, le 19 et le 24 février 2009. Les responsables du journal, entourés d’un certain nombre de policiers, leur ont déclaré que l’information contestée disait la vérité sur le procès et qu’ils ne feraient aucune rectification. Après avoir refusé, lors des rendez-vous, de confirmer par écrit cette réponse orale, le journal leur a cependant fait parvenir, le 27 février, une lettre déclarant rejeter la demande de rectification des deux plaignantes.

C’est en vue de déposer une plainte contre ce refus et de continuer les démarches auprès de la chaîne de télévision que l’avocat des huit fidèles, Me Lê Trân Luât, qui habite Hô Chi Minh-Ville, devait prendre l’avion pour Hanoi dans la matinée du 3 mars dernier. Il en fut empêché par la police (1) qui le consigna toute la journée dans ses locaux de l’arrondissement de Go Vâp, sans lui en donner les raisons, sinon qu’il s’agissait d’un ordre venu des autorités supérieures. Selon l’avocat, cette détention provisoire n’avait rien à voir avec la perquisition effectuée dans son cabinet de Saigon (2), une affaire, lui a-t-on dit, qui serait déjà réglée. Il s’agirait, en réalité, de l’empêcher d’exercer sa profession auprès de ses clients de Hanoi, les catholiques de Thai Ha.

Par ailleurs, l’avocat a déclaré à un journaliste de Radio Free Asia que, la semaine précédente (3), le tribunal de Hanoi lui avait à nouveau refusé de consulter le dossier du futur procès en appel de ses clients de la paroisse de Thai Ha.