Eglises d'Asie

La sentence du procès en appel contre les huit catholiques de Thai Ha ne change rien aux condamnations portées par le tribunal de première instance

Publié le 25/03/2010




Aux environs de 15 heures (heure locale), le 27 mars 2009, une foule de plus de 5 000 catholiques et sympathisants attendant devant le tribunal depuis l’aube a pris connaissance, sans étonnement véritable, du verdict rendu par les juges du tribunal de Hà Dông (près de Hanoi), devant lesquels comparaissaient en appel les huit catholiques de la paroisse de Thai Ha.

Le tribunal s’est contenté de reprendre très exactement les condamnations portées contre les accusés, le 8 décembre dernier, par le tribunal de première instance. Accusés de destruction de biens et de troubles à l’ordre public, ils avaient été condamnés ce jour-là, pour quatre d’entre eux, à des peines de 12 à 17 mois de prison avec sursis, à des peines de 12 à 15 mois de rééducation sans internement pour trois autres, et à un avertissement pour le plus jeune. Ils avaient fait appel pour que soit reconnue leur innocence.

Les informations concernant ce procès en appel du 27 mars ont été plus difficiles à recueillir que lors du procès du 8 décembre. L’un des sites Internet les mieux informés, à savoir celui de la paroisse de Thai Ha, était inaccessible… Cependant, plusieurs autres sites (1) ont pu diffuser des nouvelles dès les premières heures de la matinée.

Après la messe de 6 heures du matin dans l’église de la paroisse de Thai Ha, des milliers de catholiques, en file indienne, ont accompagné les huit accusés et parcouru à pied, sous une légère pluie printanière, les 12 kilomètres séparant leur paroisse de Hà Dông, lieu où se déroulait le procès en appel. Une centaine d’agents des forces de l’ordre les ont accompagnés tout au long du chemin. Arrivés sur les lieux, ils ont été accueillis par les paroissiens de Hà Dông. Le procès a commencé à 8 heures. L’avocat principal, Me Lê Trân Luât, n’avait pu rejoindre Hanoi, comme cela était prévisible (2). Il était remplacé par deux de ses confrères, qui s’étaient inscrits avec lui pour la défense des huit catholiques. Un seul prêtre, invité officiellement, a pu entrer à l’intérieur de la salle du procès. Deux autres avaient pris place, avec les proches des accusés, dans une pièce adjacente d’où ils pouvaient suivre les débats. A 9 heures, la foule s’est rassemblée dans le jardin public et les rues proches du tribunal. Elle était surveillée par environ un millier d’agents de police, accompagnés de chiens policiers. Dans la foule, on reconnaissait à leur soutane noire, une vingtaine de prêtres rédemptoristes ainsi qu’une bonne partie des membres du clergé de Hanoi, bien souvent entourés de leurs paroissiens. De la foule fusaient des slogans comme : « Justice et Vérité ! », ou des prières : « Que le Seigneur protège nos frères ! »

A 11 heures, on estimait à environ 5 000 le nombre des participants à la manifestation de prière, groupés en rangs serrés autour du tribunal. La tension semblait s’être élevée d’un cran. Les slogans étaient scandés avec plus de force. Une communication téléphonique venant de la salle d’audience avait alors informé la foule du déroulement des débats. Les bruits les plus divers circulaient sur l’issue probable du procès.

A midi, profitant de la pause de fin de matinée, de nombreux étudiants des universités voisines étaient venus grossir la foule, certains par conviction, d’autres pour s’informer des raisons de cet attroupement. Vers 14 heures, la foule était toujours là, malgré une chaleur devenue accablante. Après avoir évoqué plusieurs issues possibles du procès, dont l’acquittement ou une diminution de peine, les personnes informées des débats par téléphone donnaient désormais comme plus probable une sentence qui reprendrait exactement les condamnations prononcées en première instance. Les faits leur donneront raison. L’ambiance générale à l’extérieur du tribunal est cependant restée sereine, chacun ayant été réconforté par la mobilisation générale des catholiques de l’archidiocèse. Une messe d’action de grâces a été célébrée avec la foule présente et les accusés, immédiatement après le procès, dans l’église de Hà Dông.