Eglises d'Asie

L’évêque aux armées appelle au calme et à la prière tandis que des menaces de mort pèsent sur trois otages de la Croix-Rouge détenus par le groupe Abu Sayyaf

Publié le 25/03/2010




Ce vendredi 20 mars, sur les ondes de Radio Veritas, Mgr Leopoldo Tumulak, évêque aux armées, a appelé les catholiques à la prière et au jeûne pour obtenir la libération de trois membres du Comité international de la Croix-Rouge (CICR) retenus en otage par le groupe Abu Sayyaf, sur l’île de Jolo, dans le sud philippin. L’évêque a imploré tant les ravisseurs que les forces armées philippines…

… de faire preuve de retenue dans l’usage de leurs armes, afin de laisser les négociations aboutir et parvenir à la libération des otages. Deux jours auparavant, le groupe Abu Sayyaf, qui a revendiqué l’enlèvement, avait menacé de décapiter l’un des trois otages si les militaires ne cessaient pas leurs opérations autour de la ville d’Indanan, sur l’île de Jolo, où il semble que les otages soient retenus.

Cela fait maintenant plus de deux mois que les trois hommes, un Philippin, Mary-Jean Lacaba, 37 ans, un Suisse, Andreas Notter, 39 ans, un Italien, Eugenio Vagni, 39 ans, sont retenus en otages. Le 15 janvier, alors qu’ils venaient d’effectuer une mission d’inspection dans un centre pénitentiaire à Patikul, localité située à l’est de la ville d’Indanan, sur l’île de Jolo, les trois hommes, employés du CICR, avaient été enlevés par des hommes en armes. Dans cette région où le terrorisme islamique, opéré par des groupes comme celui d’Abu Sayyaf, le dispute au banditisme et où les enlèvements contre rançon sont fréquents, l’affaire a mobilisé la présidence de la République (1).

L’armée semble avoir repéré les otages et leurs ravisseurs et, il y a quelques jours, une opération lancée par les Marines philippins dans la jungle qui entoure la ville d’Indanan a fait neuf morts, trois parmi les militaires et six parmi les ravisseurs. Après la menace de décapitation exprimée par Abu Sayyaf, un porte-parole de l’armée a déclaré que les troupes sur place allaient être repositionnées mais qu’il n’était pas question de laisser filer les ravisseurs et leurs otages. « La sécurité des otages demeure un souci permanent et prioritaire », a-t-il ajouté.

Des contacts semblent avoir été établis avec Abu Sayyaf car, le 20 mars, le même porte-parole de l’armée a déclaré qu’en fonction du « gentleman’s agreement » qui aurait été passé entre le sénateur Richard Gordon, président de la Croix-Rouge philippine, et Albader Parad, d’Abu Sayyaf, il était attendu que les ravisseurs libèrent un des trois otages. L’accord en question porte sur la libération d’un otage en échange du desserrement de l’étau mis en place par les militaires. Toute en précisant qu’il n’avait aucune information sur l’identité de l’émissaire désigné par le CICR pour négocier avec les ravisseurs, le porte-parole militaire a ajouté que, sur le terrain, les soldats avaient en effet reçu l’ordre de relâcher leur pression.

De son côté, le P. Romeo Villanueva, responsable de l’action sociale du vicariat apostolique de Jolo – dont dépend l’île de Jolo, au sein de l’archipel de Sulu –, a affirmé que l’Eglise locale n’était pas impliquée dans les négociations pour obtenir la libération des otages. Enfin, tant les ravisseurs que les négociateurs du CICR ont démenti l’information selon laquelle une demande de rançon aurait été faite.