Eglises d'Asie

La préfecture apostolique d’Oulan-Bator envoie ses jeunes se former à l’étranger

Publié le 25/03/2010




En 2002, lorsque Mgr Wencesalao Padilla a été nommé préfet apostolique d’Oulan-Bator, la jeune Eglise catholique renaissait tout juste de ses cendres. En 1992, un an après l’établissement de relations diplomatiques entre le Saint-Siège et Oulan-Bator, trois prêtres de la Congrégation du Cœur Immaculée de Marie (CICM), avaient été envoyés en Mongolie poser les bases…

… d’une communauté chrétienne sur les lieux où, 70 ans plus, tôt la même congrégation avait créé une première mission sui juris, entièrement balayée par l’avènement du communisme (1).

Dans un premier temps, l’Eglise à Oulan-Bator, frappée par les besoins criants d’une population dénuée de tout, s’est essentiellement investie dans des projets d’aide sociale et éducative. Plusieurs congrégations catholiques sont devenues rapidement actives dans tous les secteurs : elles sont ainsi aujourd’hui à la tête de nombreuses structures éducatives (jardins d’enfants, écoles primaires, écoles d’enseignement technique, bibliothèques, foyers pour étudiantes). L’Eglise gère également des centres d’accueil et de soins (hôpitaux, cliniques, maisons de retraite, centres pour enfants handicapés, dispensaires, maisons d’accueil pour les enfants des rues, centres pour les jeunes, soupe populaire) et même des magasins d’alimentation ou encore des exploitations agricoles (2).

Depuis, la petite Eglise de Mongolie a grandi, modestement – elle compte 530 fidèles, encadrés par 64 missionnaires, appartenant à une dizaine de congrégations différentes. A Pâques 2009, de nouveaux baptisés sont venus étoffer la jeune communauté qui pense qu’il est désormais temps de se tourner davantage vers l’évangélisation et l’approfondissement de la foi, quelque peu négligés jusque-là.

La plupart des 2,5 millions de Mongols adhèrent à une forme locale de bouddhisme tibétain, mâtinée de croyances chamaniques. Mais, depuis les changements démocratiques des années 1990, la liberté religieuse a permis le développement rapide de différents courants spirituels, dont l’islam – essentiellement pour la minorité kazakhe –, de petits groupes de baha’is (3) et de mormons, mais surtout de nombreuses Eglises protestantes qui se sont développées avec une très grande rapidité (4).

La formation des fidèles est devenue une priorité pour l’Eglise catholique de Mongolie, autant pour les besoins de la mission que pour donner aux jeunes la possibilité de trouver un emploi. C’est dans cette optique que la préfecture apostolique soutient financièrement de jeunes boursiers mongols et les envoie faire leurs études aux Philippines, à l’université Saint-Louis de Baguio City, institut réputé dirigé par la Congrégation du Cœur Immaculée de Marie (CICM), ordre auquel appartient Mgr Padilla, lui-même philippin.

Certains de ces jeunes sont envoyés suivre un enseignement spécifique dans le domaine de l’éducation ou du travail social, dans l’espoir qu’ils s’engagent ensuite dans la mission. Mais, souligne Mgr Padilla, jusqu’à présent, les nouveaux diplômés ont surtout choisi des métiers leur permettant d’avoir de bons salaires… mais pas au service de l’Eglise. Il rappelle cependant que la préfecture apostolique d’Oulan-Bator « est heureuse de pouvoir aider ces jeunes, pauvres mais méritants, à obtenir un métier (…). Pour bon nombre d’entre eux, il n’y a pas d’intérêt particulier pour l’Eglise. Certains ne sont même pas baptisés ».

Pourtant, il se trouve de jeunes catholiques mongols bien décidés à transmettre à leur retour la foi et les connaissances dont ils ont bénéficié pendant leurs études à Saint-Louis. Bolortsetseg, 23 ans, étudiante en marketing, sera diplômée d’ici quelques semaines. Elle dit avoir été frappée par la prière et le partage qu’elle a découvert chez les Philippins, surtout lors des grands rassemblements dans les églises. « Chez moi, les églises ne sont pas combles comme ici (…). Je voudrais transmettre quelque chose de ma foi à ma communauté », déclare-t-elle.

Une de ses camarades, Altansarnai, âgée de 23 ans, qui a choisi Rose comme nom de baptême et s’est spécialisée dans le management financier, explique qu’elle voudrait, à son retour au pays, proposer aux jeunes de sa communauté des cours de catéchisme et d’étude de la Bible. Après l’obtention de son diplôme, elle espère travailler pour une organisation d’aide sociale, un jardin d’enfants ou un hôpital tenus par l’Eglise. Quant au plus jeune des boursiers, Munkhbat (qui se fait appeler Chris), âgé seulement de 19 ans, il tient à « travailler plus tard dans un centre des CICM pour les enfants des rues ».

Avec, l’an dernier, le premier séminariste d’origine mongole, envoyé se former en Corée du sud, et ces jeunes catholiques décidés à mettre en œuvre dans leur communauté ce qu’ils ont reçu aux Philippines, l’Eglise de Mongolie espère recueillir les fruits de ses efforts dans la formation des jeunes à la mission.