Eglises d'Asie – Vietnam
Les fêtes de Pâques sur les Hauts Plateaux du centre du Vietnam, racontées par deux témoins
Publié le 25/03/2010
L’un et l’autre parlent d’une certaine amélioration de la situation, ce qui contraste avec les nouvelles diffusées sur Internet, concernant la communauté chrétienne de Son La, dans la région montagneuse du nord-ouest du pays (2).
Selon les déclarations d’une religieuse montagnarde, dans le diocèse de Kontum, les églises ne manquent pas. Elles sont même relativement nombreuses. Mais, toutes ne sont pas autorisées par les autorités civiles à accueillir les fidèles pour les fêtes de Pâques. Les prêtres voulant célébrer ces fêtes dans un quelconque lieu de culte sont obligés de solliciter l’autorisation du pouvoir local qui décide de l’accorder ou non. Les rares églises qui reçoivent cette autorisation sont alors envahies par une foule de catholiques montagnards venus en masse après avoir parcouru quelquefois une centaine de kilomètres et campant auprès du lieu de culte quelques jours avant la fête.
Un prêtre qui a exercé son ministère sur les hauts plateaux lors des récentes fêtes de Pâques a déclaré que cette année, les autorités civiles ont été un peu plus généreuses et ouvertes que les années précédentes. Certains lieux de culte situés aux frontières du Laos et du Cambodge ou dans des régions jugées peu sûres, étaient jusqu’ici interdits aux prêtres. Parmi les lieux inaccessibles aux membres du clergé se trouvaient les villages dits « révolutionnaires ». Ils s’étaient rangés du côté de la Révolution bien avant 1975 et avaient été, de ce fait, soumis à des contraintes idéologiques plus sévères. Cette année, des ministres du culte ont pu se rendre plus facilement dans ces villages, dans les districts de Dac Ha de Dac Tô, par exemple.
Selon le prêtre, la raison de ce changement d’attitude des autorités tient au fait qu’elles redoutaient les immenses rassemblements de montagnards autour de la cathédrale de Kontum lors des grandes fêtes et les troubles qu’ils auraient pu engendrer. Pour les éviter, le pouvoir s’est résolu à autoriser les cérémonies pascales dans un certain nombre de lieux de culte de la province. Lors des cinq années précédentes, il y avait une église ouverte pour six districts. Désormais, chacun d’entre eux en possède une et quatre prêtres y travaillent à plein temps.
Cependant beaucoup d’églises sont restées fermées. En plus des raisons citées plus haut, il existe un motif très fréquent poussant les autorités à interdire les cérémonies religieuses dans certains lieux : les conflits quelquefois très vifs existant entre la population et le pouvoir local à propos d’expropriations de terrain. Ces conflits existent partout, ajoute le prêtre, et pas seulement sur les Hauts Plateaux.
Par ailleurs, le même prêtre a parlé de la suspicion et de la discrimination que subissaient les croyants de la part du pouvoir local. Lorsque les fidèles, après avoir participé aux fêtes de Pâques dans un lieu de culte autorisé, revenaient dans leur village, ils étaient souvent l’objet de représailles, et soumis à des amendes pour s’être absentés sans permission. Selon le prêtre, cette animosité des autorités contre les croyants a perdu aujourd’hui de sa gravité.