Eglises d'Asie

L’Eglise catholique défend ses enseignants catéchistes

Publié le 25/03/2010




Dans les écoles publiques indonésiennes, où les cours de religion sont obligatoires pour tous les élèves, quelle que soit leur appartenance religieuse, bon nombre de professeurs qui enseignent la foi catholique sont considérés comme des enseignants à temps partiel et, à ce titre, reçoivent un salaire moins élevé. C’est ce qu’explique le P. Fransiskus Xaverius Adi Susanto, jésuite…

… et secrétaire de la Commission pour la catéchèse de la Conférence des évêques d’Indonésie (1), à l’issue d’une rencontre à Bintaro, au sud de Djakarta, les 5 et 8 avril dernier, rassemblant une cinquantaine d’enseignants catholiques de la province de Banten (2).

Ce rassemblement, organisé sous l’égide du BIMAS Katholik, le département pour les catholiques du ministère aux Affaires religieuses, avait pour but de permettre aux enseignants catéchistes d’échanger sur les problèmes auxquels ils doivent faire face dans leur travail et s’intitulait : « Développons la compétence spirituelle des enseignants catholiques de Banten ».

Le P. Susanto a demandé, dans le cadre de ce séminaire de trois jours, que le gouvernement accorde le statut de fonctionnaires aux enseignants catéchistes, statut qui est celui des professeurs laïcs. Un tel changement aurait pour conséquence une augmentation de leur salaire. Les enseignants à temps plein reçoivent environ 1,5 million de roupies par mois (environ 100 euros) alors que les professeurs-catéchistes reçoivent moins d’un million de roupies.

Les revendications des enseignants concernaient également le problème des fournitures scolaires pour lesquelles les commissions de catéchèses diocésaines sont prêtes à proposer leur aide. Comme le rapporte le prêtre jésuite, le BIMAS Katolik a bien « fourni des manuels scolaires catholiques aux écoles, [mais] certaines d’entre elles, situées dans les régions éloignées, ne les ont toujours pas reçus. »

Le P. Bernardus Hardijantan Dermawan, qui dirige la Commission pour la catéchèse de l’archidiocèse de Djakarta, reconnaît que les professeurs qui enseignent la religion catholique ne bénéficient pas d’un grand soutien de la part des prêtres, qui, la plupart du temps, n’ont pas connaissance des difficultés auxquelles ils doivent faire face.

Quant au secrétaire de la commission, Marcus Leonhard Suparna, il explique que les élèves catholiques des écoles publiques sont souvent si peu nombreux que « les écoles ne réussissent pas à leur accorder l’attention nécessaire ». Dans de nombreux établissements, souligne-t-il, les écoliers catholiques doivent assister aux classes de religion dans la cantine scolaire ou dehors, sous un arbre. « Dans quelques paroisses, les prêtres mettent même à disposition les catéchistes et les salles pour les cours. »

Durant la réunion de Bintaro, Petrus Kanisisu Kebaowolo, qui dispense ses cours à une quinzaine d’élèves catholiques âgés de 7 à 12 ans de l’école élémentaire publique Tanah Tinggi III à Tangerang, dans la province de Banten, a témoigné qu’il enseignait dans la salle de prière de l’établissement (mushola, petite mosquée). Cela ne s’est cependant pas fait sans difficultés et l’enseignant garde en mémoire l’épisode où, trois ans plus tôt, il s’est retrouvé pendant une heure, enfermé à double-tour dans la salle de prière. « Je pense que la personne qui m’a enfermé était quelqu’un qui n’aimait pas l’idée que j’utilise la mushola pour enseigner le catéchisme, raconte-t-il, mais j’avais pourtant reçu l’autorisation du responsable. Et il y avait aussi un autre professeur qui utilisait la salle de prière pour enseigner l’anglais. »

Le P. Xaverian Daniel Cambielli, ancien responsable de la Commission pour la jeunesse du diocèse de Padang, est venu encourager les participants. « Bien qu’il y ait des problèmes, vous ne devez pas abandonner », leur a-t-il dit, leur rappelant de s’appuyer sur leur foi dans le Christ.