Eglises d'Asie

Les responsables chrétiens se disent « satisfaits » du résultat des élections législatives

Publié le 25/03/2010




Dès les résultats des élections législatives connus et la victoire du Parti du Congrès confirmée, les responsables des Eglises chrétiennes n’ont pas caché leur joie à voir reconduite à la tête de l’Union indienne une formation politique prônant la défense des valeurs laïques (secular) inscrites dans la Constitution de 1947. Ils ont interprété la victoire du Congrès…

… comme un rejet du sectarisme et de la logique communautariste incarnés par le Parti du peuple indien (Bharatiya Janata Party, BJP), porte-drapeau de la droite nationaliste hindoue.

Le 16 mai, quelques heures après l’annonce des résultats, la Conférence des évêques catholiques d’Inde (CBCI) a publié un communiqué pour dire que l’Eglise était « satisfaite » que les électeurs indiens aient fait « le bon choix » en donnant une quasi-majorité à l’UPA (United Progressive Alliance), la formation menée par le Parti du Congrès. Les évêques ont déclaré faire « confiance » au nouveau gouvernement pour tenir la promesse faite durant la campagne électorale de préserver le pays de toute dérive sectaire et de ramener la sérénité au sein de la population, tout particulièrement les minorités religieuses. Les évêques catholiques ont rappelé que les chrétiens en Inde avaient toujours soutenu les partis politiques qui travaillaient au bien-être des pauvres et des opprimés et que, pour ces élections, ils avaient appelé à élire des représentants favorables à un gouvernement qui défendrait les principes laïques du pays.

Pour le P. Hector D’Souza, supérieur des jésuites pour l’Asie du Sud, la victoire du Congrès est le signe de la maturité de la démocratie indienne. Avec un taux de participation de 60 % – en hausse par rapport aux précédentes législatives –, les Indiens ont choisi d’opter pour la stabilité, a-t-il indiqué, soulignant que, durant toute la campagne et les opérations électorales s’étalant sur un long mois, les sondages indiquaient que le BJP faisait pratiquement jeu égal avec le Congrès. La victoire de ce dernier apparaît donc comme une bonne surprise et l’on peut espérer que l’équipe au pouvoir à New Delhi se montrera désormais plus forte pour arrêter les atrocités et les persécutions commises contre des minorités religieuses, comme celles qui avaient pris pour cibles ces derniers mois les chrétiens en Orissa. Enfin, avec la défaite des communistes, l’électorat a indiqué sa volonté d’affirmer que les valeurs de laïcité en Inde n’appartiennent pas en tant que telles à la gauche.

Selon le All Indian Christian Council (AICC), une organisation œcuménique, le rejet par les électeurs indiens des forces politiques prônant la division et le communautarisme est « ferme et complet ». De fait, la NDA (National Democratic Alliance), conduite par le BJP, n’a remporté que 157 sièges sur les 543 que compte le Lok Sabha, le Parlement fédéral (1). L’AICC a appelé le nouveau gouvernement à revenir aux fondements laïques de la politique indienne, tout en veillant à corriger certaines des « aberrations » du système, causes de « misères sans nom » et de « massacres sans précédent des minorités religieuses ». Les Indiens souhaitent vivre en paix, dans le respect de la dignité humaine, le progrès économique, la fraternité et la justice. « Ils ont en horreur les semeurs de haine et ceux qui défendent leurs intérêts particuliers au nom d’une idéologie », pouvait-on encore lire dans le communiqué de l’AICC.

Avec 262 élus, le Parti du Congrès et ses alliés sont à dix sièges de la majorité absolue à l’Assemblée, mais il ne sera pas difficile au parti de Sonia Gandhi de rassembler une majorité stable. La défaite du BJP ainsi que celle des communistes du Troisième Front – lequel n’a réussi à faire élire que 79 députés – augurent d’une législature où le Congrès devrait avoir les mains plus libres pour diriger le pays comme il l’entend. Dans la Chambre sortante, le Congrès gouvernait avec l’appui des communistes et avait dû différer certaines réformes combattues par ses alliés. Désormais, il sera tenu pour seul responsable si des violences interreligieuses se produisent sans être immédiatement sanctionnées ; de même, dans un contexte de crise économique mondiale, la lutte contre la pauvreté constituera une des plus importantes priorités de l’équipe menée par Manmohan Singh, le Premier ministre actuel, qui a été reconduit à son poste le 22 mai 2009.