Eglises d'Asie

Le gouvernement fédéral compte trois ministres chrétiens, dont une jeune catholique de 28 ans

Publié le 25/03/2010




Fort de la victoire sans appel du Parti du Congrès lors des récentes élections législatives (1), le Premier ministre Manmohan Singh, reconduit dans ses fonctions le 22 mai dernier, a formé son nouveau gouvernement. Fruit d’équilibres subtils entre les appartenances partisanes, régionales, religieuses et de castes, sa composition a été rendue publique le 28 mai dernier ; …

… on y compte trois ministres chrétiens, dont une catholique, Agatha Sangma, qui, à l’âge de 28 ans, est la benjamine d’une équipe comptant au total 79 membres.

Dès le 22 mai, le Premier ministre et 19 ministres issus du cabinet sortant avaient prêté serment devant le président de l’Union indienne, Patribha Devising Patel. Il était prévu que le reste de la nouvelle équipe gouvernementale soit formée le 26 mai, mais des négociations de dernière minute entre le Parti du Congrès et ses alliés politiques au Lok Sabha, le parlement fédéral, avaient entraîné des retards. Finalement, c’est le 28 mai que 59 autres ministres ont prêté serment, en présence de Sonia Gandhi.

Parmi les minorités religieuses, les musulmans, qui forment 13 % de la population du pays, sont légèrement moins bien représentés dans le nouveau gouvernement que dans le sortant : de six, le nombre des ministres de religion musulmane est passé à cinq. Les chrétiens, qui forment 2,3 % de la population de l’Inde, sont eux plutôt bien représentés, avec trois ministres. L’un d’eux est un chrétien orthodoxe : K. V. Thomas, 63 ans, élu dans la circonscription d’Ernakulam, au Kerala, un des bastions chrétiens de l’Inde ; il a été nommé ministre de l’Agriculture ainsi que ministre de la Consommation, et de la Distribution alimentaire. Un autre est protestant : Vincent Pala, 41 ans, élu pour la première fois au Lok Sabha au titre d’une circonscription du Meghalaya, Etat du Nord-Est de l’Inde où les chrétiens forment 70 % de la population ; il a été nommé ministre des Ressources hydriques. Le troisième est une jeune femme catholique, Agatha Sangma ; elle a été nommée ministre du Développement rural.

Juriste de formation, avocate de profession, engagée sous les couleurs du Congrès, Agatha Sangma a été élue dans la circonscription de Tura, au Meghalaya. Elle est spécialiste des questions environnementales. Aborigène, elle est membre de la tribu des Garo et est entrée en politique sur les pas de son père, Purno A. Sangma, un ancien speaker (président) du Lok Sabha. Issue d’une fratrie de cinq enfants, elle compte deux de ses frères en politique. A 28 ans, elle est célibataire, ce qui a vite amené la presse indienne à écrire qu’elle était le plus beau parti politique du gouvernement. Toutefois, sa jeunesse n’a pas constitué un obstacle à sa nomination, au contraire, car le Premier ministre a déclaré avoir sciemment attribué un tiers des portefeuilles ministériels à de jeunes politiciens afin d’encourager la nouvelle génération à s’engager en politique.

Parmi les principaux portefeuilles, à savoir les Finances, l’Agriculture, la Défense, l’Intérieur, les Chemins de fer et les Affaires étrangères, le titulaire de la Défense est A. K. Antony, un homme politique issu du Kerala, né dans une famille chrétienne et qui se déclare aujourd’hui athée. Lui et cinq autres ministres ont refusé de prêter serment « au nom de Dieu », comme l’usage le commande à New Delhi.

Par ailleurs, le gouvernement a fait une place importante aux groupes sociaux défavorisés, Manmohan Singh ayant nommé 10 ministres issus de la communauté des dalit, plus connus sous le nom d’« intouchables ». C’est un peu plus que dans l’équipe sortante, où 7 des 77 ministres étaient dalit. Parmi eux, se trouvait Meira Kumar, 64 ans, engagée en politique depuis de nombreuses années, mais, le 3 juin, elle a été élue speaker du Lok Sabha, devenant ainsi la première femme et premier dalit à occuper ce poste. Fille de Babu Jagjivan, qui fut vice-Premier ministre et l’un des grands leaders de la cause dalit en Inde, Meira Kumar a déclaré, une fois élue à la tête de la chambre basse du Parlement, que le plus important n’était pas de représenter sa caste, mais qu’elle comptait utiliser l’opportunité « historique » de son élection pour faire avancer la cause des femmes et des jeunes en politique. Elle a ainsi promis d’agir en faveur du vote d’une loi réservant 33 % des sièges des parlements à l’échelon national comme local, aux femmes.