Eglises d'Asie

De nouveaux détails sur la confrontation violente entre les catholiques de Tam Toa et les forces de sécurité

Publié le 25/03/2010




Après la bagarre générale qui a opposé dans la matinée du 20 juillet 2009 des catholiques de la paroisse de Tam Toa (ville de Dông Hoi, province de Quang Binh) aux forces de police locale et les 19 arrestations qui ont suivi (1), le récit d’un témoin direct a été diffusé sur des sites Internet en langue vietnamienne (2). Ce document précise un certain nombre de détails…

… et permet une meilleure compréhension des faits.

Le document mentionne que les forces venues s’opposer à l’édification d’une bâtisse provisoire par les fidèles de la paroisse étaient composées de policiers, de membres de la milice et de « volontaires », en réalité, des hommes de main recrutés par les autorités pour la circonstance. Ce sont eux, dit le document, qui ont agressé les prêtres, religieux, et laïcs présents sur les lieux, infligeant des blessures à un certain nombre et arrêtant 19 d’entre eux.

Dès le début de l’échauffourée, le curé de la paroisse s’est rendu à l’évêché du diocèse de Vinh pour y rendre compte des faits et demander l’assistance du diocèse. L’évêque du lieu n’étant pas encore revenu de sa visite ad limina à Rome, c’est le vicaire général qui a pris les choses en main. Il a approuvé la réaction des fidèles à l’agression policière et publié plusieurs communiqués. Deux messages successifs ont été envoyés à tous les fidèles du diocèse, les avertissant des événements en cours. Il leur était demandé de rester en communion avec les fidèles victimes de la police et de faire preuve de solidarité. Le lendemain, le vicaire général signait une requête urgente envoyée au Comité populaire de la province. Elle condamnait l’action policière menée contre la paroisse de Tam Toa et les arrestations des fidèles. Selon la requête, les autorités provinciales supportent l’entière responsabilité des violences ; il leur incombe maintenant de soigner les blessés et de libérer les prisonniers. Dans le cas où ces exigences ne seraient pas satisfaites, les autorités civiles devraient en supporter les conséquences (3).

Le récit du témoin rapporte aussi que, dans la matinée du 20 juillet 2009, les prêtres chargés des paroisses voisines de Tam Toa sont arrivés sur les lieux pour encourager les catholiques dans leur résistance à la police. Dans la soirée, quatre d’entre eux sont allés rencontrer les autorités civiles de la province de Quang Binh et de la ville de Dông Hoi. Ils les ont priées de libérer immédiatement les personnes arrêtées et de faire transporter à l’hôpital celles qui avaient été blessées par les agents de la sécurité. Ils ont également demandé les raisons de la violence déployée contre la population de Tam Toa. Les responsables locaux ont refusé la demande de libération et ont affirmé à la délégation de prêtres que les catholiques avaient engagé, les premiers, la bataille contre les forces de la Sûreté. Un membre du conseil paroissial a affirmé qu’il s’agissait là d’une affirmation mensongère et absurde, les fidèles s’étant contenté de se défendre contre une attaque sauvage de la police et de ses alliés. Selon le même témoin, si les fidèles n’avaient pas maîtrisé leurs réactions, sur les conseils de leurs curés, il y aurait eu des morts.

Dans la soirée, tandis que la population de la paroisse se préoccupait des blessés et essayait de prendre contact avec les fidèles arrêtés, de nombreux témoignages de sympathie et de solidarité lui étaient envoyés depuis d’autres paroisses du diocèse et de l’Eglise du Vietnam. Aux environs de 22 h, deux jeunes adolescents arrêtés pendant la bagarre ont été libérés.