Eglises d'Asie

Le jour de l’Assomption, l’évêque de Vinh et 200 000 fidèles s’unissent dans la prière pour la paroisse de Tam Toa

Publié le 25/03/2010




L’Assomption est la fête patronale du diocèse de Vinh. Traditionnellement, le 15 août est l’occasion d’un grand rassemblement de la population catholique autour de l’évêché. Cependant, cette année, les circonstances étant exceptionnelles, l’événement a pris une ampleur et une dimension hors du commun. Depuis le 20 juillet, date de l’agression violente de la police…

… contre un groupe de fidèles de Tam Toa en train d’édifier un bâtiment provisoire pour le culte auprès de l’ancienne église en ruine, la mobilisation de tout le diocèse n’avait cessé de s’intensifier. Le 27 juillet, après que deux prêtres eurent été grièvement blessés par des hommes de main des autorités, sous le regard indifférent des agents de la sûreté (1), la tension était encore montée d’un cran. Les réunions de prière et les manifestations de solidarité se sont multipliées. Un autre élément, en ce 15 août 2009, avait contribué à renforcer l’ardeur des participants : le retour dans son diocèse de son vieil évêque de 83 ans, Mgr Cao Dinh Thuyên. Celui-ci était en déplacement lors des événements des 20 et 27 juillet et bien qu’il ait déjà exprimé son opinion dans deux lettres largement diffusées, l’on attendait avec impatience ses premières déclarations publiques sur le sujet.

De nombreux sites de langue vietnamienne (2) ont mis en ligne des images et des vidéos de la véritable marée humaine qui, le 15 août, a déferlé sur l’évêché de Xa Doai au milieu des rizières. Au-dessus de la foule flottaient et s’agitaient des drapeaux catholiques blancs et jaunes, des banderoles portant des inscriptions éloquentes : « La justice fera reculer l’injustice », « Tout le diocèse d’un même cœur agit pour sauver Tam Toa », « Tam Toa, sois forte dans la foi ! », « Les autorités du Quang Binh devront supporter les conséquences de leurs injustices », « En fin de compte, la victoire reviendra à la justice et à ceux qui aiment l’Eglise ». Selon les déclarations du vicaire général du diocèse, la foule rassemblée atteignait les 200 000 personnes et souhaitait avant tout prier et manifester sa solidarité avec les catholiques de Tam Toa innocents, injustement maltraités, et réclamer la libération du dernier fidèle emprisonné. Les catholiques arrêtés au début de l’affaire ont tous étés libérés, à l’exception d’une seule, Mme Cao Thi Tinh toujours détenue sans que l’on sache pour quelle raison.

Les fidèles étaient venus, pour la plupart à pied, des trois provinces qui composent le diocèse, certains depuis la veille. Les longs cortèges qui ont emprunté les routes menant à Xa Doai, où se trouve l’évêché, n’ont que très peu entravé la circulation. La police de la route ainsi que des groupes de fidèles se sont concertés pour préserver l’ordre public.

L’évêque du diocèse, récemment de retour d’un long voyage à l’étranger, s’est exprimé au cours de la messe, familièrement mais sans détours. Il a déclaré ressentir très profondément la souffrance de la paroisse de Tam Toa. Il a approuvé et justifié le comportement des prêtres responsables pendant les événements. Il a ainsi défini l’état d’esprit des participants de cette célébration du 15 août : « L’Eglise ne se livre pas à la violence, elle ne prépare pas d’insurrection, elle réclame seulement la vérité et la justice ! ». Convaincu de l’union des 500 000 fidèles du diocèse avec leur évêque dans la prière et l’action, il a déclaré : « Dans le diocèse de Vinh, il n’y a pas qu’un seul Mgr Cao Dinh Thuyên, il y en a 500 000… » Tel est en effet le nombre de catholiques de ce diocèse du centre Vietnam.

Les propos tenus par l’évêque au cours de la messe ont été confirmés par lui, le même jour, dans un entretien rapporté par J.-B. Nguyên Huu Vinh (3). Il s’est d’abord déclaré profondément choqué par les mauvais traitements infligés à des fidèles et des prêtres et par les difficultés que les derniers événements ont provoquées dans la vie quotidienne des catholiques. Il a affirmé que l’usage de la violence par les autorités était totalement répréhensible. C’est avec raison que les fidèles et les prêtres ont protesté, sans cependant recourir à la violence, car leur préférence va à l’Evangile. L’Eglise ne met sa confiance que dans la prière et dans l’action du Seigneur, a-t-il souligné.

Lors des faits, la presse officielle avait prétendu que les prêtres de l’évêché avaient désobéi à leur évêque. Mgr Thuyên a répliqué que, selon lui, ceux-ci avaient réagi exactement comme il convenait et qu’il n’aurait pas fait autre chose s’il avait été sur place.