Eglises d'Asie

Décès accidentel du ministre-président de l’Andhra Pradesh : les Eglises chrétiennes en deuil

Publié le 25/03/2010




Ce vendredi 4 septembre ont été célébrées les funérailles de Yedugiri Sandinti Rajasekhara Reddy, ministre-président de l’Andhra Pradesh, Etat du sud de l’Inde. Y.S. Rajasekhara Reddy a trouvé la mort le 2 septembre, lors d’un crash d’hélicoptère, à l’âge de 60 ans. Le gouvernement n’a annoncé officiellement son décès que le jour suivant, le 3 septembre, …

… après que les équipes de recherches appuyées de l’armée, de la police aient retrouvé les corps calcinés des cinq passagers et les débris de l’appareil écrasé dans la jungle. Le chef du gouvernement de l’Andhra Pradesh était en tournée d’inspection dans la région forestière de Nallamalla, où il supervisait différents programmes de développement rural, lorsque le contact radio avec l’appareil a été perdu. Parmi les autres victimes, on compte également le secrétaire de Y. S. Rajasekhara Reddy et le chef de la Sécurité de l’Etat.

Y. S. Rajasekhara Reddy était une personnalité politique de premier plan dans son Etat aussi bien qu’au niveau de l’Union indienne. Né dans une famille chrétienne, ce protestant ne faisait pas mystère de sa foi ; il était connu pour son combat contre les discriminations, surtout celles fondées sur une appartenance de caste et de religion. Il était l’un des piliers du Parti du Congrès.

« C’est un moment de grande tristesse pour l’Eglise », a déclaré Mgr Marampudi Joji, archevêque de Hyderabad, à la tête de l’Eglise catholique de l’Etat. « Toute la communauté chrétienne est en deuil (…). Ici les chrétiens peuvent pratiquer leur foi. Y. S. Rajasekhara Reddy portait une attention toute particulière aux minorités (…), aux pauvres et aux marginalisés. Il n’acceptait aucune discrimination (…) et comprenait les souffrances et les injustices des opprimés » (1).

« J’ai perdu un ami », a ajouté le prélat avant d’évoquer sa longue collaboration avec le politicien. En mai dernier, Y. S. Rajasekhara Reddy et l’archevêque s’étaient rendus ensemble à New Delhi afin de convaincre le gouvernement fédéral d’étendre aux dalit chrétiens, le statut de Scheduled Castes (‘castes répertoriées’), qui, dans le cadre de la discrimination positive, procure certains avantages comme des quotas dans la fonction publique et l’éducation.

Ce combat tenait particulièrement à cœur à Y. S. Rajasekhara Reddy, qui venait de présenter une motion sur le sujet à l’Assemblée législative de l’Andhra Pradesh (2). Il avait ainsi réussi, quelques jours avant sa mort, et malgré l’opposition des partis hindouistes dont le puissant Bharatiya Janata Party (BJP), à faire voter par l’organe législatif de son Etat une demande d’amendement de la Constitution indienne, qui sera présentée pour validation aux instances fédérales. Cette demande avait été formulée en vain par les chrétiens aux gouvernements précédents.

Le P. Anthoniraj Thumma, directeur de la Fédération œcuménique des Eglises de l’Andhra Pradesh, s’est déclaré également bouleversé par la mort de Y. S. Rajasekhara Reddy. « C’est une grande perte pour l’Eglise et pour l’Etat », a-t-il déclaré, faisant écho aux déclarations de nombreux responsables religieux de l’Andhra Pradesh et d’autres Etats de l’Inde.

Membre du Congrès, à la tête du gouvernement de l’Andhra Pradesh depuis 2004, Y. S. Rajasekhara Reddy avait été réélu ministre-président en mai 2009. Sa politique réformatrice de chrétien « qui n’avait jamais peur de déclarer sa foi » et de « champion des opprimés » lui avait valu l’inimitié et l’opposition parfois violente des extrémistes hindouistes ou encore des groupes maoïstes dont l’Andhra Pradesh passe pour être l’un des plus importants bastions. Ces derniers ont d’ailleurs été immédiatement soupçonnés d’avoir abattu l’hélicoptère dans lequel se trouvait le ministre-président, l’appareil s’étant écrasé alors qu’il survolait la jungle de Nallamalla, repaire de maoïstes naxalites (3). Cependant, coupant court aux rumeurs, les autorités indiennes ont affirmé, le 3 septembre, que les mauvaises conditions météorologiques pendant le vol – de fortes pluies de mousson – étaient seules à l’origine du crash.

L’homme politique chrétien a eu droit à des funérailles nationales, celles-ci étant célébrées à Pulivendula, son village natal. Auparavant, des foules considérables étaient venues rendre hommage à Y. S. Rajasekhara Reddy au Lal Bahudur Shastri, le stade de cricket de Hyderabad, où son corps recouvert de fleurs est resté exposé durant plusieurs heures. Le Premier ministre indien, Manmohan Singh, et la présidente du Parti du Congrès, Sonia Gandhi, présents aux funérailles, ont salué « un ministre-président idéal » et « un leader exceptionnel » (4).

K. Rosaiah a été choisi par le Parti du Congrès pour remplacer Y.S. Rajasekhara Reddy à la tête de l’Etat de l’Andhra Pradesh, où une semaine de deuil sera observée par toute la population.