Eglises d'Asie – Taiwan
La célébration de la fête traditionnelle de la lune subit les effets de la crise financière et du passage du typhon Morakot
Publié le 25/03/2010
… le modèle classique contenant une pâte sucrée de haricots ou de dattes enrobant un jaune d’œuf de cane salé qui rappelle l’astre de la nuit. La surface est décorée de motifs en relief en relation avec les légendes lunaires ou d’idéogrammes auspicieux et plus récemment de caractères indiquant prosaïquement le contenu des gâteaux pour faciliter le choix des clients devant leur diversité croissante.
Les chrétiens, qui pratiquent également cette coutume (et ornent à cette occasion les gâteaux de lune de motifs propres à leur religion), attendent tous les ans beaucoup de la célébration de la fête et saisissent l’occasion pour faire appel à la générosité des fidèles. Les ventes traditionnelles de gâteaux de lune subventionnent ainsi chaque automne bon nombre d’œuvres caritatives.
Mais les effets de la crise économique conjuguée au désastre du typhon Morakot en août dernier (2) se sont fait sentir lors des ventes de cette année. Entre autres ONG, la Fondation Saint-Joseph pour le bien-être social déplore ainsi une perte d’un tiers par rapport aux recettes de l’année 2008. La recette versée à la fondation s’est montée à 1 million de dollars taiwanais (20 000 euros), en net retrait par rapport au 1,5 million de l’an dernier. Selon ses responsables, c’est la première fois depuis 1997, année où les ventes à caractère caritatif ont été instituées, que les recettes baissent, la crise économique et financière pesant sur le pouvoir d’achat des consommateurs, et surtout le passage du typhon ayant mobilisé la générosité des donateurs, devenus moins disponibles pour de nouveaux appels.
Sise dans le diocèse de Hsinchu, au nord-ouest de Taiwan, la Fondation Saint-Joseph a été fondée en 1975 par un jésuite missionnaire récemment décédé, le P. Stephen Jaschko (1911-2009). Actif sur le continent chinois puis à Taiwan à partir de 1950, le missionnaire avait à cœur de subvenir aux besoins éducatifs des enfants et des adultes inadaptés ou handicapés. Aujourd’hui, les deux centres qu’il a contribués à fonder accueillent 200 jeunes âgés de 15 ans et plus en formation professionnelle et une soixantaine de jeunes enfants avant leur prise en charge par les institutions étatiques.
Lin Hsiang-ya, vice-présidente de la Fondation, explique que, bon an mal an, les ventes de gâteaux de lune permettaient de couvrir une partie des frais de fonctionnement de ces institutions et de faire connaître l’œuvre à de futurs bienfaiteurs. Pour la fête de la mi-automne, célébrée cette année le soir du 3 octobre, seulement 8 200 boîtes de ces gâteaux traditionnels ont été vendues, soit un tiers de moins qu’à l’ordinaire. Ce manque à gagner va obliger la fondation à reconsidérer, du moins à retarder, la mise en chantier d’une maison d’accueil pour les handicapés âgés dont les parents sont décédés ou ne sont plus en assez bonne santé pour s’occuper de leur enfant, souligne Lin Hsiang-ya.
Après le passage du typhon Morakot dans le sud de l’île, la fondation avait fait appel à la générosité du public au début du mois de septembre en mettant en vente des gâteaux de lune, symbole de réunion familiale. Les bienfaiteurs avaient répondu positivement à cet appel, mais, à peine plus d’un mois après, ils renâclent à de nouveau se montrer généreux, analyse Lin Hsiang-ya. Elle ajoute que le conseil de la fondation a décidé de faire de la fête de Noël une soirée spéciale de levée de fonds, dans l’espoir que les participants combleront, à cette occasion, la baisse actuelle des dons en faveur des œuvres caritatives.