Eglises d'Asie

La Chine proteste à la perspective d’une visite prochaine du dalai lama en Arunachal Pradesh, Etat du Nord-Est de l’Inde

Publié le 25/03/2010




Le 20 octobre dernier, la Chine s’est dite « fermement opposée » au projet de visite du dalai lama, le chef spirituel des Tibétains, en Arunachal Pradesh, Etat d’Inde frontalier de la Chine, dont cette dernière revendique une partie. « La position de la Chine sur le soi-disant Arunachal Pradesh est constante et claire et nous nous opposons fermement à la visite du dalai lama dans la région », …

… a déclaré le porte-parole du ministère des Affaires étrangères, Ma Zhaoxu, dont les propos sont rapportés dans une dépêche de l’AFP.

Ma Zhaoxu a exprimé la « grande préoccupation » de son pays face à cette éventuelle visite du leader spirituel des bouddhistes tibétains qui vit en exil en Inde et est accusé de visées séparatistes par Pékin. « Nous pensons que cela met davantage en lumière la nature séparatiste du dalai lama – connue de tous », a ajouté le porte-parole. Le dalai lama est attendu le 8 novembre 2009 en Arunachal, où il devrait rester une semaine environ et visiter des temples et un hôpital qu’il a aidé financièrement.

Devenu un symbole pour les opposants au régime chinois, le 14ème dalai lama, 74 ans, vit en exil en Inde depuis qu’il a fui le Tibet après l’échec d’un soulèvement antichinois à Lhassa en 1959. Les autorités chinoises l’accusent de rechercher l’indépendance du Tibet, ce qu’il récuse. Il a renoncé depuis longtemps à l’indépendance du Tibet et opté pour une diplomatie dite de la « voie moyenne », consistant à réclamer une large « autonomie culturelle » pour cette vaste région.

La question de l’Arunachal Pradesh, bordé par le Bhoutan à l’ouest, le Tibet au nord et la Birmanie au sud-est, reste un sujet sensible dans les relations sino-indiennes, même si les deux pays ont mis en place en 2003 un mécanisme de dialogue sur la délimitation de leurs frontières. A la mi-octobre 2009, Ma Zhaoxu avait ainsi fait part du mécontentement de la Chine après une visite début octobre du Premier ministre indien, Manmohan Singh, dans cet Etat du Nord-Est de l’Inde. Pékin estime qu’une partie de l’Arunachal Pradesh lui appartient, et fait partie du Tibet.

Le Premier ministre indien s’était rendu en Arunachal Pradesh quelques jours des élections locales qui ont eu lieu le 13 octobre. Au mécontentement chinois, New Delhi avait vertement répondu. « L’Arunachal fait intégralement partie de l’Inde et en est indissociable. Les habitants de l’Etat sont des citoyens indiens », avait déclaré, le 15 octobre, le porte-parole du ministère indien des Affaires étrangères. Et la polémique avait continué à enfler le lendemain, lorsque l’Inde avait lancé à son tour une pique à la Chine, l’attaquant sur sa présence au Cachemire pakistanais, une région que « le Pakistan occupe illégalement depuis 1947 », selon New Delhi. Dans cette région du Cachemire, la Chine occupe 38 000 km² de territoire revendiqué par l’Inde. Depuis un bref conflit en 1962, perdu par l’Inde, aucune ligne de cessez-le-feu n’a été établie, même si le calme à la frontière entre les deux géants asiatiques est garanti par deux accords de bon voisinage paraphés en 1993 et en 1996. En dépit des tensions récurrentes, les deux pays entretiennent de forts échanges économiques, la Chine étant même le premier partenaire commercial de l’Inde avec 50 milliards de dollars d’échanges bilatéraux en 2008.

Sur un plan religieux, l’Arunachal Pradesh présente la particularité de connaître depuis quelques décennies un très fort essor de sa population chrétienne. En l’espace de vingt ans et en dépit d’une législation particulière qui interdit les conversions, près de 20 % de la population, soit 200 000 personnes sur 900 000 habitants, se sont convertis au christianisme, majoritairement au catholicisme. Par ailleurs, une communauté adepte du bouddhisme tibétain y est implantée de très longue date, notamment autour de la ville et du monastère de Tawang, à l’extrême nord-ouest de l’Arunachal, où est né, en 1682, celui qui deviendra le 6ème dalai lama, Tsangyang Gyatso. A part cela, la majorité de la population est adepte de pratiques animistes.