Eglises d'Asie

Le missionnaire irlandais enlevé il y a deux semaines serait « très faible, mais en vie »

Publié le 09/06/2010




Ce mardi 27 octobre, le P. Gilbert Hingone, Vicaire général et porte-parole du diocèse de Pagadian, situé dans la province de Zamboanga del Sur, dans le sud des Philippines, a déclaré à la presse qu’un contact avec les ravisseurs du P. Michael Sinnott avait enfin pu être établi et que les négociations pour sa libération étaient en cours. Lundi 26 octobre avaient déjà été divulguées des informations prudentes…

… selon lesquelles des membres du Front moro de libération islamique auraient repéré le lieu de détention du missionnaire et affirmé qu’il était en vie.

Demeurent cependant de fortes inquiétudes concernant l’état de santé du prêtre, âgé de 79 ans, et qui, depuis qu’il a subi un pontage coronarien en 2007, doit prendre de nombreux médicaments chaque jour. Selon ses proches, il ne portait sur lui qu’une journée de traitement lorsqu’il a été enlevé le 11 octobre dernier dans la maison des Pères missionnaires de Saint Columban, à Pagadian City, par un groupe armé non identifié, pour être ensuite emmené en bateau vers une destination inconnue (1). « Il est en vie mais il est très faible », a ajouté le P. Hingone, précisant qu’il espérait que les négociations aboutiraient dans les trois prochains jours.

 

Dès la nouvelle de l’enlèvement du P. Sinnott, les foules s’étaient mobilisées en faveur du prêtre, très aimé et respecté dans cette région de Mindanao où il oeuvre depuis plus de 30 ans, en particulier auprès des déshérités et des enfants handicapés. Les responsables religieux, chrétiens comme musulmans, avaient unanimement condamné « un acte de barbarie, allant à l’encontre des principes de l’islam comme du christianisme ». Rejoignant les déclarations de La Conférence des Evêques catholiques des Philippines (CBCP), ainsi que celles du Consortium de la société civile Bangsamo, d’obédience musulmane, la Conférence nationale des oulémas des philippines (NUCP) avait également manifesté son indignation : « Nous condamnons cet acte contraire aux valeurs de l’islam et de la chrétienté ainsi qu’à celles de toutes les autres religions qui ont toujours activement promu de bonnes relations entre les peuples».

 

Plus de dix jours après le kidnapping, aucune nouvelle du P. Sinnott n’était encore parvenue à son supérieur régional, le P. O’Donoghue, ni à Mgr Emmanuel Cabajar, évêque catholique du diocèse de Pagadian. Le dimanche 18 octobre puis le samedi 24 octobre, des milliers de chrétiens, de musulmans, de membres d’ONG en faveur de la paix et du dialogue interreligieux – comme la PAZ (Peace Advocates of Zamboanga) ou encore le Forum interreligieux pour la Solidarité et la paix (2) – , avaient envahi les rues de Pagadian City, demandant la libération immédiate du prêtre irlandais. Certains manifestants arboraient des tee-shirts à l’effigie du P. Sinnott, d’autres brandissaient des banderoles sur lesquelles on pouvait lire : « Rendez-nous le P. Mick sain et sauf !». Aux côtés des chrétiens priant le rosaire et des musulmans portant des bougies, quelque 500 enfants de Hangop Kabataan, le centre de réhabilitation pour jeunes handicapés fondé par le P. Sinnott, étaient venus témoigner de leur attachement à leur « père » (tatay). Depuis Rome, le pape Benoît XVI avait également appelé publiquement à la libération du prêtre de saint Colomban, à l’issue de la journée mondiale des missions, le 18 octobre dernier.

 

Considérant comme une priorité le fait de faire parvenir ses médicaments au P. Sinnott, comme de s’assurer qu’il était encore en vie, les supérieurs du missionnaire avaient envoyé un émissaire dans la région où l’on supposait que le prêtre pouvait être détenu. « J’ai donné des médicaments et une veste à notre messager qui essayera de contacter les ravisseurs », avait expliqué le P. Hingone, ajoutant qu’il avait demandé à voir une photo du prêtre portant cette veste, comme preuve qu’il était toujours vivant. Mais le messager n’avait donné aucune nouvelle depuis son départ le 21 octobre dernier.

 

Bien que l’Eglise catholique se soit toujours opposée à payer une rançon ou à proposer une prime, le gouverneur de la province de Zamboanga del Sur, Aurora Cerilles, avait finalement décidé le 23 octobre, d’offrir une récompense de 200 000 pesos (2 872 euros) à « quiconque pourrait fournir une information au sujet de l’enlèvement du P. Sinnott ». Aurora Cerilles avait également constitué une cellule de crise, comprenant des membres du gouvernement, des responsables de l’Eglise catholique mais également des éléments du MILF, qui avaient demandé à participer aux recherches. Le mouvement indépendantiste moro, qui poursuit actuellement des négociations de paix avec le gouvernement central, avait nié dès les premiers jours, être l’auteur de l’enlèvement, comme la police l’avait laissé supposer (elle suspectait également des groupes de la mouvance d’Abu Sayyaf, proche d’Al-Qaeda ou encore des pirates, très nombreux dans la région de Mindanao).

 

Dès le 26 octobre, les informateurs moro affirmaient que le P. Sinnott était vivant et qu’ils avaient trouvé le lieu où il était retenu prisonnier. « Nous avons l’avons localisé avec exactitude dans la province de Lanao del Sur. Mais nous ne pouvons rien dire de plus pour ne pas faire échouer les opérations», déclarait par téléphone au quotidien philippin, l’Inquirer, Eid Kabalu, l’une des plus importantes figures du MILF. « Faire croire à sa mort était une tactique des ravisseurs », a-t-il ajouté.