Eglises d'Asie – Inde
S’exprimant lors du premier congrès missionnaire organisé par les catholiques en Inde, le cardinal Oswald Gracias déclare aux Indiens qu’ils n’ont rien à craindre de l’Eglise
Publié le 25/03/2010
Tenu à Bombay du 14 au 18 octobre, le congrès a réuni plus de 1 500 délégués venus des 160 diocèses de l’Eglise catholique en Inde, représentant ses trois rites, à savoir les rites latin, syro-malabar et syro-malankare. Ouverts à tous et largement couverts par les médias, notamment électroniques (1), les échanges et les débats organisés lors de ce congrès s’inscrivaient sous une même bannière : « Prabhu Yesu Mahotsav » (‘Le grand festival du Seigneur Jésus’).
Organisé à la suite du premier « Congrès missionnaire asiatique », tenu à Chiang Mai, en Thaïlande, en 2006, dont une des résolutions étaient la tenue de congrès missionnaires aux plans national, régional et diocésain, le congrès missionnaire indien s’est inscrit dans un contexte où, malgré un poids démographique faible (les chrétiens représentent 2,3 % de la population en Inde), les Eglises chrétiennes, notamment l’Eglise catholique, sont régulièrement la cible d’attaques menées par des extrémistes hindous, qui dénoncent « la christianisation » rampante de l’Inde.
Pour le cardinal Gracias, président du comité d’organisation du congrès missionnaire et premier vice-président de la Conférence des évêques catholiques d’Inde, il est important de reconnaître que certains Indiens ressentent cette peur de voir l’Eglise désireuse de convertir les non-chrétiens au christianisme. Certains Etats de l’Union indienne sont allés jusqu’à voter des législations pour interdire « les conversions forcées », a-t-il souligné. « Notre réponse est que les lois anti-conversion sont inutiles. L’Eglise catholique n’accorde aucune valeur aux conversions forcées », a-t-il rappelé, ajoutant que, pour un chrétien, il y a une contradiction dans les termes à parler de « conversions forcées ». « La conversion est une transformation du cœur. Se convertir, c’est se tourner vers Dieu – et, pour nous, chrétiens, se tourner vers Jésus-Christ », a-t-il expliqué.
Continuant son homélie, le cardinal Gracias a appelé les hindous à ne pas se sentir menacés par l’Eglise et les activités déployées par elles, notamment dans les domaines sociaux, éducatifs et caritatifs. L’Eglise catholique souhaite seulement faire de ce monde un monde où chacun vive mieux, ainsi que l’a commandé le Christ. « Nous vous disons que nous nous mettons au service parce que cela nous a été demandé par Jésus, qui a été envoyé par Dieu pour apporter amour, paix et harmonie sur cette terre. »
Evoquant les violences antichrétiennes qui ont ensanglanté une partie de l’Etat d’Orissa en 2008 et ne voulant se les rappeler que comme d’« un mauvais rêve », le cardinal Gracias a cité en exemple les victimes qui ont pardonné à leurs bourreaux, obéissant ainsi au message évangélique. « L’Eglise de l’Inde est avec vous », a-t-il déclaré à l’adresse des délégués venus d’Orissa, les chargeant de dire à leurs coreligionnaires que les chrétiens indiens et plus largement du monde entier étaient avec eux, édifiés par le témoignage héroïque de leur martyre.
Le cardinal a également appelé les autorités gouvernementales, que ce soit en Orissa ou dans les Etats où les chrétiens ont eu à subir des violences, à ne pas oublier l’obligation qui leur est faite dans la Constitution de protéger les minorités.
Lors de la session d’ouverture du congrès, le 14 octobre, le nonce apostolique en Inde, Mgr Lopez Quintana, avait choisi de souligner le fait que l’Eglise n’impose jamais par la force, mais choisit toujours d’inviter, faisant sans doute ainsi référence au fait que l’Eglise se voit régulièrement accusée d’utiliser ses œuvres caritatives et sociales comme autant de paravents pour amener les non-chrétiens à se convertir. Observant que le congrès missionnaire se déroulait au moment où, cette année, les hindous ont fêté Diwali, la fête des lumières (2), le nonce a ajouté que les chrétiens avaient pour mission de faire briller la lumière du Christ sur le monde d’aujourd’hui.