Eglises d'Asie

Succession de visites de responsables protestants à Pyongyang

Publié le 25/03/2010




Le mois d’octobre dernier a vu se succéder à Pyongyang, en Corée du Nord, plusieurs délégations de chrétiens protestants. Dans un pays complètement fermé à toute idée de liberté religieuse, l’aide humanitaire apportée par différents mouvements et organisations étrangères est l’occasion de multiplier les contacts avec le régime nord-coréen.

Du 17 au 20 octobre, le pasteur Samuel Kobia, secrétaire général du Conseil œcuménique des Eglises (COE), organisme basé à Genève, a emmené une délégation en Corée du Nord. L’objet de la visite était de « rencontrer les Eglises, des représentants des autorités » et de « s’intéresser à la vie et au témoignage des Eglises en Corée du Nord », a expliqué un responsable du COE. Le Rév. Samuel Kobia, méthodiste kenyan, a ainsi eu l’occasion de prêcher au temple Bong Soo, un des deux lieux de culte protestant de Pyongyang. La visite du COE se déroulait sur l’invitation et sous les auspices de la Fédération chrétienne coréenne, l’unique organisme protestant autorisé par les autorités nord-coréennes (1).

Le pasteur Samuel Kobia était accompagné du secrétaire général de la Conférence chrétienne d’Asie, le thaïlandais Prawate Khid-arn. Pour tous deux, c’était leur première visite en Corée du Nord. Le 21 octobre, depuis Hongkong, où ils ont pris part à un colloque sur la réunification pacifique de la péninsule coréenne, les deux dirigeants protestants ont appelé à la levée des sanctions économiques imposées par les Nations Unies à l’encontre de la Corée du Nord du fait des essais nucléaires menés par Pyongyang en violation des traités internationaux.

« Après ma visite en Corée du Nord, d’après mes échanges avec les responsables d’Eglise et mes observations, je suis désormais fermement convaincu que le temps est venu de mettre fin aux sanctions économiques, a déclaré le Rév. Samuel Kobia. C’est le message que je veux transmettre à la communauté internationale, car les sanctions économiques sont une peine collective (…). J’ai appelé les Eglises membres du COE à persuader leurs gouvernements respectifs de lever les sanctions économiques contre la Corée du Nord. Il n’est pas seulement temps d’envisager une reprise des pourparlers à six (Etats-Unis, Chine, Russie, Japon, les deux Corée). Il est temps de parler des sanctions économiques. »

Prawate Khid-arn a affirmé qu’il partageait les préoccupations du pasteur Kobia concernant les sanctions contre la Corée du Nord. « Ce sont les pauvres qui en paient le prix, a déclaré Prawate Khid-arn au correspondant d’ENI (2). Je crois que les sanctions économiques doivent être levées. Et les chrétiens devraient s’efforcer d’aider leurs frères et sœurs de Corée du Nord. »

Le pasteur Kwon Oh Sung, secrétaire général du Conseil national des Eglises de Corée (du Sud), figurait parmi les invités d’honneur du colloque de Hongkong, aux côtés de Samuel Kobia et de Prawate Khid-arn. Il a exprimé une opinion quelque peu différente quant à la nécessité de lever les sanctions économiques internationales. « L’un des principes les plus importants est que la péninsule coréenne devienne exempte d’armes nucléaires. Qu’il faille lever ou non les sanctions économiques est difficile à dire. Il nous faut recueillir davantage d’avis », a-t-il expliqué.

Quelques jours avant la visite de la délégation protestante en Corée du Nord, le fils du célèbre prédicateur évangélique américain Billy Graham était à Pyongyang, où, le 14 octobre, il a rencontré des représentants des autorités nord-coréennes, notamment le vice-ministre des Affaires étrangères. Le pasteur Franklin Graham, qui est à la tête de l’agence humanitaire Samaritan’s Purse, « a déclaré qu’il ferait tous les efforts possibles pour développer les relations entre les Etats-Unis et la Corée du Nord », a indiqué KCNA, l’agence de presse nord-coréenne. Le service de communication de Samaritan’s Purse a précisé qu’il s’agissait de la troisième visite du pasteur Graham en Corée du Nord et qu’en 2008, celui-ci s’était rendu dans le pays pour superviser plusieurs opérations d’entraide.

Enfin, en septembre dernier, une délégation de l’Eglise évangélique d’Allemagne (EKD) avait passé quatre jours en Corée du Nord.