Eglises d'Asie

POUR APPROFONDIR – Lettre pastorale de l’évêque de Vinh Long à l’ensemble du diocèse *

Publié le 25/03/2010




Vinh Long, le 28 octobre 2009,Chaque année, lorsque revient le mois de septembre, je repense aux événements du 7 septembre 1977, jour de la « grande épreuve » du diocèse de Vinh Long. Ce jour-là, la cathédrale, le grand séminaire, les établissements de la congrégation des sœurs de Saint Paul de Chartres, l’institut d’études de la Sainte-Croix ont été occupés.

Tous leurs résidents ont dû partir, les uns pour la prison, les autres pour une autre destination… Ces établissements, réservés jusqu’alors à la vie religieuse, ont été désignés comme des lieux de formation contre-révolutionnaire, une accusation qui n’a toujours pas été démontrée aujourd’hui. Des gens sont morts, emportant avec eux dans la tombe cette accusation mensongère. Ceux qui survivent aujourd’hui avaient reçu cette promesse : « Si vous avez des besoins, rédigez un projet. On étudiera la façon de vous fournir une aide. » S’ils avaient été coupables, comment auraient-ils pu être jugés dignes de cette faveur !

Aujourd’hui, j’ai appris que le journal Vinh Long, n° 2 213, daté du 25 octobre 2009, annonce le début des travaux de construction d’une place publique pour la ville de Vinh Long au n° 3 de la rue Tô Thi Huynh, sur le lieu où autrefois était établie la congrégation des sœurs de Saint Paul de Chartres, propriété qui est toujours l’objet d’un litige encore non tranché. Le projet est destiné « à fournir à toutes les classes de la population un endroit où elles puissent s’amuser et se distraire, se livrer à des activités culturelles, artistiques et sportives ». Ainsi le couvent des religieuses devient un lieu de distraction et d’amusement, « le poumon vert de la population qui vit à l’intérieur de la ville de Vinh Long ».

Alors que les catholiques entrent dans la période destinée à commémorer et à vénérer nos ancêtres défunts, que chacun s’apprête à aller fleurir la terre sainte du tombeau de ses parents, le journal de Vinh Long nous parle « du poumon vert de la population qui vit à l’intérieur de la ville ». Je me souviens alors du « parc arboré » de la rue Nguyen Thi Minh Khai. C’était auparavant un cimetière. Je pense aux très nombreux parents de nos fidèles catholiques qui reposent enfouis en cette terre sous le « parc arboré ». Trente ans plus tard, de nombreuses personnes viennent sur ces lieux, non pas pour brûler de l’encens ou vénérer leurs morts, mais pour s’amuser et, sans y prêter attention, fouler aux pieds le lieu où reposent nos ancêtres…

Frères et sœurs, ce mois-ci, je vous recommande de prier plus particulièrement pour les âmes de nos défunts et pour que le Seigneur les délivre du purgatoire en leur accordant d’entrer dans le repos éternel, dans Sa lumière et dans Sa paix. Priez aussi, mes frères, pour tous ceux qui supportent les conséquences de ces initiatives injustes afin qu’ils soient consolés et qu’ils persévèrent. Vous prierez également pour que le Seigneur délivre les hommes de leurs pulsions égoïstes, de l’oppression et de l’injustice qu’ils font peser sur les autres, pour que tous sachent respecter leur prochain et que la société connaisse ainsi la paix et la prospérité.

Avec mes sentiments affectueux dans le Christ,

Thomas Nguyên Van Tan,
évêque de Vinh Long