Eglises d'Asie

Après Saigon, Hanoi est visitée par le mystère de Noël

Publié le 25/03/2010




Voilà déjà bien longtemps que Saigon fête Noël, dans les églises certes mais aussi dans les rues, joyeusement et bruyamment. Le changement de régime du mois d’avril 1975 n’a pas interrompu cette tradition, même si, durant quelques années de pénurie, la fête a été plus discrète. En ce domaine comme dans d’autres, la capitale Hanoi s’est mise à l’école de la métropole du sud.

Le journal économique de la capitale, le Kinh Te và Dô Thi, écrit dans son numéro du 20 décembre : « Il ne reste plus que quatre jours avant Noël. Déjà les rues de Hanoi, décorées de lampes, brillent de mille feux, les églises sont éblouissantes de lumière et chacun se presse vers ces lieux publics pour les photographier et en garder le souvenir… » (1).

Le lendemain, dans l’organe du ministère du Commerce, on pouvait trouver, sous le titre : « Retour de Noël dans les rues de Hanoi », le passage suivant : « Voilà longtemps que la fête de Noël n’appartient plus en propre aux nations occidentales et aux adeptes du catholicisme dans le monde. En fait, Noël est devenu la fête commune de tous » (2). Le journal continue ainsi : « Au Vietnam, la célébration de Noël devient de plus en plus une coutume ancrée dans la vie de chaque famille. A Hanoi, les fêtes ne commencent pas aussi tôt qu’à Hô Chi Minh-Ville, mais les préparatifs débutent tout de même dès le début du mois de décembre. » Selon le journal, le climat de la capitale est plus propice à la célébration de Noël que celui de Saigon. « Le vent glacial de ce mois de décembre 2009, rend Noël plus présent dans le cœur des habitants de Hanoi… »

Les rues les plus connues et les plus achalandées de la capitale sont parées aux couleurs de Noël, le rouge vermillon du Père Noël, l’argent des lampes et des clochettes, le blanc de la neige, le vert des sapins… Les magasins, les divers services proposent le décor de la fête : le prix des sapins varie de 150 000 (37 euros) à 200 000 dôngs(49,50 euros). Il faudra débourser une somme équivalente pour acheter les divers petits accessoires qui serviront à décorer cet arbre. Des entreprises se sont spécialisées dans la décoration des hôtels et restaurants des grands magasins à l’occasion des fêtes. Les palaces internationaux comme le Sheraton, le Sofitel Plazza, le Hanoi Horison, etc., préparent activement la nuit de Noël. Ils offrent à la clientèle riche des spectacles à 60 dollars, des réveillons à 79 dollars.

Les grands magasins (Metro, Big C, Fivimart, etc.) ont aménagé leurs stands de Noël avec un soin particulier. Selon l’opinion générale des visiteurs, c’est un centre commercial nommé Vincom qui paraît le plus attrayant. On y rentre par une allée bordée de sapins enneigés et le public est accueilli par des employés vêtus en Père Noël. Comme partout dans le monde, les enfants se font photographier accrochés à son manteau.

L’article paru dans l’organe du ministère du Commerce convient cependant que Noël ne se réduit pas à ces manifestations toutes extérieures mais que son esprit réside surtout dans les messages d’amour qui sont délivrés dans l’intimité des familles. Cependant, si l’auteur de l’article a mentionné les églises de Saigon comme éléments du décor de Noël, il s’est abstenu de mentionner les messes de Noël, les rassemblements des fidèles ce jour-là et les sentiments que ces derniers avaient éprouvés devant le mystère du Dieu incarné. Malgré cette lacune, il faut reconnaître cependant que, jusqu’à présent, il était rare de lire dans une presse contrôlée par l’Etat et le Parti des textes essayant ainsi de cerner et analyser, sans critique, l’état d’esprit d’une population entraînée malgré elle dans le mystère de Noël sous l’effet de l’économie de marché et de la mondialisation.