Eglises d'Asie

Un chirurgien hindou rend hommage à l’Eglise catholique pour sa contribution dans le domaine de la santé

Publié le 25/03/2010




Lors du rassemblement annuel de décembre dernier du All Indian Mission Seminary (1) à Pilar, dans l’Etat de Goa, le Dr Jindal, hindou, neurochirurgien et doyen de l’éminent Goa Medical Hospital College and Hospital, a fait l’éloge de l’Eglise catholique pour son rôle majeur dans le domaine de la santé, expliquant que foi et médecine pouvaient s’unir afin de servir au mieux l’humanité.

Le Goa Medical College (GMC) passe pour être l’une des plus anciennes écoles de médecine d’Asie et la première créée en Inde. Cela fait plus de 400 ans que la médecine y est enseignée, tout d’abord par les prêtres portugais dans leurs instituts de théologie de Goa puis au sein de l’Ecole médico-chirurgicale construite par eux à Panjim (Panaji, capitale de l’Etat de Goa) en 1842. L’institut de médecine fut transféré ensuite à Bambolim, à quelques kilomètres de Panaji, et, en 1967, l’enseignement auparavant dispensé en portugais fut remplacé par l’anglais lors du transfert de l’ancienne colonie aux mains de l’empire britannique (2). L’école, très réputée, qui voit affluer tous les ans de nombreuses candidatures venues de toute l’Inde, est aujourd’hui affiliée à l’Université de Goa. Elle est le seul institut d’enseignement de médecine allopathique de tout l’Etat.

Attaché à l’école, l’hôpital du GMC est considéré comme le meilleur établissement médical de l’Etat de Goa. En tant qu’hôpital public, il dépend des fonds alloués par le gouvernement pour sa gestion, l’entretien et l’achat du matériel de soin. Cette situation engendre des tensions régulières entre les responsables du centre hospitalier et les autorités sanitaires de l’Etat (3). En 2006, il était estimé que le Goa Medical College Hospital avait accueilli environ 30 à 35 000 patients en hospitalisation et plus de 3 millions en consultation externe.

Dans son allocution lors de la célébration au All Indian Mission Seminary, le Dr Jindal a souligné que des miracles inexpliqués continuaient de survenir malgré les avancées médicales. Il a cité les résultats d’une enquête réalisée dans son établissement qui a démontré que les patients qui pratiquaient la prière répondaient mieux aux traitements que les autres malades. Ces miracles défient toute logique scientifique, a poursuivi le neurochirurgien, ajoutant que le monde médical est en train de redécouvrir le rôle de la foi dans le processus de guérison. Il décrit la foi comme « une composante très importante » de la thérapie et affirme que science médicale et religion peuvent se compléter l’une l’autre.

Le doyen du célèbre institut de médecine et hôpital est connu pour son approche holistique des patients. Fréquemment sollicité pour des colloques interdisciplinaires, il aime à défendre une médecine où « les différents systèmes peuvent travailler ensemble » pour le plus grand bien du patient. Le 28 juin dernier, le Dr Jindal participait à une session sur le thème des « différents systèmes de santé » avec le Dr Arvind Kothe, directeur de l’Institut de médecine homéopathique et de l’hôpital Kamaxi. Le neurochirurgien y avait souligné l’intérêt de pratiquer une médecine fondée sur les enseignements des différents systèmes médicaux dont les Indiens ont la chance de pouvoir bénéficier dans leur pays : allopathie, médecine ayurvédique, homéopathie ou encore yoga. Selon lui, toutes ces approches médicales, souvent perçues comme incompatibles, permettent bien au contraire une plus grande liberté de choix du patient et travaillent dans le même sens en poursuivant le même but : soigner la personne (4). Poursuivant son discours dans le célèbre institut de théologie des Pères du Pilar, le chirurgien hindou a également rendu hommage à l’Eglise catholique et à son « rôle historique » dans le développement de la médecine et des structures hospitalières en Inde (5).

Le Dr Jindal a déclaré regretter que les méthodes de pointe de la médecine moderne aient transformé les médecins davantage en techniciens dans leur façon de soigner, les éloignant parfois de leurs patients. Il a appelé à la ré-humanisation de l’approche thérapeutique, une forme de guérison qui nous est donnée par la religion, a-t-il conclu.

Dans l’Etat de Goa, où la présence chrétienne est l’une des plus importante de l’Union indienne, on estime que les chrétiens représentent 26 % de la population, face à 65 % d’hindous, 6 % de musulmans (le reste comprenant différentes religions minoritaires dans l’Etat comme le sikhisme, le bouddhisme, le jaïnisme et autres).