Eglises d'Asie

Depuis l’agression policière du 6 janvier, les forces de police maintiennent la paroisse de Dông Chiêm en état de siège

Publié le 25/03/2010




Depuis les événements survenus dans la paroisse de Dông Chiêm (Hanoi), qui ont ému l’ensemble de l’Eglise catholique au Vietnam, la tension est loin d’avoir diminué. Les autorités affrontent la résistance de la communauté paroissiale ainsi que la fougue de nombreux visiteurs venus de toutes parts manifester leur sympathie aux paroissiens.

Les incidents, dont certains revêtent une certaine gravité, n’ont pas manqué depuis le 6 janvier, date à laquelle d’importantes forces de police ont abattu et détruit une croix monumentale dressée sur une petite colline dominant le village.

Dès l’après-midi du 6 janvier, les catholiques sont accourus en groupes ou individuellement pour rendre visite à la paroisse victime de l’agression policière. Pour s’opposer à ce mouvement, les autorités locales ont essayé de mettre en place un véritable dispositif d’état de siège. Dans la journée du 13 janvier, policiers et militaires bloquaient encore l’ensemble de la paroisse. Des monticules de terre destinés à empêcher la circulation ont été mis en place sur les routes. Des dizaines de panneaux rouges interdisant les rassemblements se dressent sur le chemin contournant la montagne où était la croix et sur la route conduisant à la paroisse. L’entrée du village est interdite aux engins motorisés. Malgré cela, nombreux sont les pèlerins et les visiteurs qui essayent de parvenir sur les lieux. Ils arrivent par des chemins détournés, quelquefois en barque par les rivières. Dans la journée du 11 janvier, la paroisse de Ham Long, l’une des plus grandes paroisses de Hanoi, avait même organisé un pèlerinage de 2 000 personnes. La police locale a voulu empêcher ce déplacement en réquisitionnant permis et papiers de voitures des conducteurs. Des pèlerins sont cependant parvenus à destination. D’autres sont restés bloqués à l’entrée du village.

Par ailleurs, le face-à-face entre les autorités et les catholiques continue. Dès l’après-midi du 6 janvier, les paroissiens avaient remplacé la croix détruite dans la nuit par deux nouvelles croix en bambou de grande taille. Le 8 janvier, cinq des personnes ayant participé à cette restauration de la croix ont été convoquées par les autorités et détenues pendant 24 heures pour interrogatoire. Trois d’entre elles ont été battues. Les prévenus ont également reçu l’ordre de démonter les nouvelles croix dressées à la place de l’ancienne.

Dans le cadre des efforts de la police pour isoler la paroisse des visiteurs et des pèlerins, des incidents ont éclaté. Dans l’après-midi du 11 janvier, c’est un journaliste catholique bien connu des lecteurs vietnamiens pour ces commentaires engagés sur l’actualité religieuse, Jean-Baptiste Nguyên Huu Vinh, qui en a été victime. Celui-ci, voulant recueillir les éléments d’un reportage sur les lieux, était transporté en motocyclette vers la paroisse par le P. Nguyên Van Liên, vicaire de Dông Chiêm. A 500 m de leur destination, près du poste de police, un monticule de terre placé à dessein sur la route les obligea à mettre pied à terre. Alors que le journaliste essayait de prendre une photo des lieux, des hommes, certains en uniforme de la Sécurité, d’autres en civil, se sont précipités sur lui et l’ont tabassé pendant cinq minutes. Ses agresseurs l’ont ensuite laissé sur la route après lui avoir arraché son appareil photo. Le prêtre a ensuite transporté le journaliste chez les religieuses des Amantes de la Croix qui l’ont soigné de multiples traumatismes. Le journaliste, aujourd’hui rétabli, a fait le récit de son agression à Radio Free Asia (émission en vietnamien du 12 janvier 2010). Quelque temps avant l’agression du journaliste, deux mutilés de guerre circulant en voiture à trois roues avaient été arrêtés et conduits vers une destination inconnue (1).