Eglises d'Asie

Selon l’archevêché de Hanoi, la destruction de la croix de Dông Chiêm par les autorités est une profanation, une offense à Dieu et à l’Eglise

Publié le 25/03/2010




Dans la soirée du 7 janvier 2010 (20 h 45, heure locale), le bureau de l’archevêché de Hanoi a publié un communiqué concernant la destruction de la croix de la paroisse de Dông Chiêm par un important groupe de policiers requis par les autorités civiles. Adressé à l’ensemble du clergé et des fidèles de l’archidiocèse de Hanoi, il reflétait l’indignation générale de la population catholique…

… devant les faits qui s’étaient déroulés la veille, très tôt dans la matinée, dans une paroisse de Hanoi (1). Le texte du communiqué a paru sur le site de l’archevêché de Hanoi (2). Il a été traduit en français par la rédaction d’Eglises d’Asie.
Le 8 janvier, l’ensemble des évêques de la partie nord du Vietnam apportait officiellement son soutien à la paroisse de Dông Chiêm et à l’archidiocèse de Hanoi dans la nouvelle épreuve qu’ils traversent.

« Hanoi, 7 janvier 2010,

Aux prêtres, religieux et religieuses, séminaristes
et à l’ensemble des fidèles de l’archidiocèse de Hanoi,

Le bureau de l’archevêché de Hanoi vous transmet le communiqué suivant au sujet de la croix de la montagne Tho, dans la paroisse de Dông Chiêm (commune de An Phu, district de My Duc, Hanoi), abattue et détruite, le 6 janvier 2010, par des forces armées dépendant des pouvoirs publics :

Le mont Tho, que l’on appelle aussi la montagne Che, s’élève à côté de l’église de Dông Chiêm. Elle a toujours été la propriété (3) de la paroisse, depuis sa fondation, il y a plus de 100 ans. C’était l’endroit où la paroisse enterrait les enfants mort-nés ou prématurément décédés ainsi que les personnes sans résidence, dans les années 1945-1946 (4). Aujourd’hui encore, la paroisse donne à louer des terrains situés sur cette montagne, à des personnes qui veulent les exploiter.

A 2 h 00 du matin, le 6 janvier 2010, des forces armées sous les ordres des pouvoirs publics, fortes de 600 à 1 000 personnes, composées de miliciens, d’agents de la Sécurité et d’agents de la police d’intervention, armés de fusils, accompagnés de chiens policiers, équipés de matraques et de grenades lacrymogènes, ont cerné les paroisses de Nghia Ai, Thuy Hiên, et Dông Chiêm. Après avoir bloqué toutes les entrées ainsi que les alentours du mont Tho, ils ont commencé à abattre et à détruire la croix en béton érigée à son sommet. A la vue d’une telle profanation, les fidèles de Dông Chiêm se sont mis à crier et ont demandé aux forces de police de mettre un terme à cette violation d’un lieu sacré. Mais la police leur a lancé des grenades lacrymogènes. Un certain nombre de fidèles ont été violemment frappés. Deux d’entre eux, grièvement blessés, sont à l’hôpital et y reçoivent encore des soins.

Nous sommes profondément affligés par cette action qui offense la Croix et le Christ. C’est une profanation ! Offenser la Croix, c’est offenser le symbole le plus sacré de la foi chrétienne et de l’Eglise. Frapper férocement des personnes innocentes sans moyens de défense est une action barbare et inhumaine, offensant gravement la dignité humaine. Oui, c’est un acte de violence grossière, qui doit être condamné !

Dans l’après-midi du 6 janvier, après leur retraite mensuelle, les prêtres du doyenné et le clergé de l’archidiocèse de Hanoi sont venus à Dông Chiêm pour rendre visite aux curés et aux fidèles, réconforter les victimes et célébrer une messe aux intentions de la paroisse.

Dans un esprit de communion ecclésiale, nous invitons les prêtres, les religieux et religieuses, les séminaristes et tous nos frères et sœurs laïcs à prier activement pour que la paroisse de Dông Chiêm partage avec assurance le mystère de la Croix du Christ. Nous prions aussi pour que notre pays devienne véritablement juste, démocratique et civilisé, pour que les valeurs les plus sacrées y soient respectées et que les droits de l’homme y soient protégés.

Le premier secrétaire du bureau de l’archevêché,
P. Jean Lê Trung Cung »