Eglises d'Asie

A l’occasion du 150ème anniversaire de la fondation du St Xavier’s College, le Premier ministre réaffirme la priorité accordée à la lutte contre l’analphabétisme

Publié le 25/03/2010




Parce que le gouvernement a fait voter une loi faisant de l’éducation un droit fondamental de chaque Indien, le Premier ministre Manmohan Singh souhaite que tout soit mis en œuvre pour parvenir à un taux d’alphabétisation de 100 % en Inde d’ici à la fin de la décennie. Tous les acteurs du secteur éducatif doivent se mobiliser pour réussir à atteindre cet objectif, …

… a souligné le Premier ministre, le 16 janvier dernier.

Pour délivrer ce message, Manmohan Singh s’était rendu à Kolkata (Calcutta) où il était l’invité d’honneur de du St. Xavier’s Collegiate School and College. L’institution éducative jésuite, qui est l’une des plus anciennes et des plus renommées du pays, fêtait son 150ème anniversaire et avait réuni pour l’occasion pas moins de 8 000 de ses élèves, anciens élèves et enseignants. Devant cette assemblée, le Premier ministre n’a pas hésité à souligner le rôle des jésuites et leur génie « visionnaire » consistant à « choisir la voie de l’éducation » pour servir les hommes. Evoquant la figure des quatre jésuites belges et des trois jésuites anglais qui fondèrent l’institution Saint-Xavier le 16 janvier 1860, le Premier ministre a rendu hommage à la Compagnie de Jésus pour avoir fait œuvre de pionnier dans l’éducation en langue anglaise au Bengale, en s’attachant à « fournir un enseignement moderne et complet aux riches comme aux pauvres, aux privilégiés comme aux délaissés, quelle que soit leur appartenance religieuse ».

Manmohan Singh a appelé « tous ceux qui sont associés à la mission éducative en Inde à attacher un soin tout particulier à la modernisation de l’enseignement » et à travailler au développement complet de la personnalité des enfants qui leur sont confiés. « Nous devons prendre soin de la santé des enfants scolarisés, de leur développement physique et de leur formation intellectuelle ; c’est ainsi que nous parviendrons à ce que chacun soit au service de la communauté et de la nation, a-t-il précisé. L’école doit être un lieu où est prise en compte et développée la personnalité tout entière d’un enfant. »

Comme en témoigne la loi récemment votée par le Parlement, l’éducation en Inde est l’un des principaux soucis du gouvernement. De fait, malgré les importants progrès réalisés en ce domaine depuis un demi-siècle, le taux d’analphabétisme demeure à un niveau élevé. Selon les chiffres du recensement décennal de 2001, 34 % des Indiens ne savent ni lire ni écrire. Derrière ce chiffre se cachent de très fortes inégalités selon les Etats et les groupes d’individus. Ainsi, la disparité est forte entre urbains et ruraux, entre riches et pauvres, entre castes supérieures et castes inférieures, et entre hommes et femmes. Les études indiquent qu’avec un taux d’analphabétisme qui monte à 45 % pour les femmes, l’Inde voit son développement entravé et la réduction de la pauvreté freinée.

Dans son discours du 16 janvier, le Premier ministre a déclaré vouloir que « le taux de scolarisation des filles augmente fortement ». « Chaque fillette doit avoir la possibilité de réaliser son potentiel et de jouir de sa citoyenneté à l’égal d’un homme », a-t-il affirmé. Il a aussi expliqué que le cycle des études primaires et secondaires devait gagner en qualité. Aujourd’hui, 88 % des enfants qui entrent dans le système scolaire en sortent avant d’avoir atteint le niveau de la classe de terminale (grade 12). Tant que ce chiffre ne baissera pas, l’accès à l’université ne pourra se démocratiser, a-t-il encore souligné.

Sur les bancs de l’institution Saint-Xavier, des générations d’Indiens ont été formées. Parmi les anciens élèves de l’école et du lycée, on compte des personnalités aussi diverses que le poète-écrivain Rabindranath Tagore (1861-1941), Raj Kapoor (1924-1988), qui fut une star de Bollywood, un ancien Premier ministre du Pakistan, Huseyn Shaheed Suhrawardy (1892-1963) ou bien encore l’actuel ministre des Affaires étrangères, Shashi Tharoor. De l’université St. Xavier’s College sont sortis Sourav Ganguly, champion de cricket, le milliardaire Lakshmi Narayan Mittal, ou encore Joyti Basu, qui vient de décéder, ce 17 janvier. Cet ancien chef du gouvernement du Bengale-Occidental (de 1977 à 2000) et patriarche du Parti communiste indien (PCI-M) a été l’un des personnages politiques les plus respectés du pays.

Au-delà d’institutions prestigieuses comme Saint-Xavier, le poids de l’Eglise catholique dans le secteur éducatif dépasse son strict poids démographique (2,3 % des Indiens sont chrétiens). L’Eglise est le plus important acteur privé de l’éducation, avec quelque 13 250 écoles, 450 lycées et deux universités, pour un total de près de 7 millions d’élèves et étudiants. Gérant des institutions parmi les plus prestigieuses, fréquentées par les riches et les puissants, l’Eglise en Inde se voit parfois reprocher de faillir à sa mission de service auprès des plus pauvres. Le 23 mai 2007, la Conférence des évêques catholiques de l’Inde a rendu public un texte intitulé New Education Policy, réaffirmant l’engagement éducatif de l’Eglise auprès des populations les plus marginalisées (1).